Il était vu comme l'étoile montante du gouvernement Harper, certains allant même jusqu'à le considérer comme un futur premier ministre. Mais Maxime Bernier n'était rien d'autre qu'une étoile filante qui s'est éteinte dans la controverse créée par sa relation avec Julie Couillard. Sa démission a confirmé irrévocablement que son élévation au poste de ministre des Affaires étrangères était une erreur dont la responsabilité revient, par la force des choses, au premier ministre Stephen Harper.
Jamais le premier ministre ne consentira à admettre cette erreur. L'homme est trop orgueilleux. À la place, il poursuit contre tout bon sens sa défense de Maxime Bernier et de son droit, au nom du respect de la vie privée, de fréquenter qui il voulait. Jamais il n'a voulu accepter -- et il n'accepte toujours pas -- que la relation de ce dernier pendant près d'un an avec Julie Couillard ait pu présenter un risque d'ordre sécuritaire en raison de ses liens passés avec des personnes liées à des groupes criminalisés.
Depuis longtemps, il était évident que Maxime Bernier était un mauvais «casting» aux Affaires étrangères, le poste ministériel le plus prestigieux, qui a toujours été occupé par des ministres aux parcours sans faille. Plusieurs sont devenus premiers ministres, tels Louis Saint-Laurent, Lester B. Pearson et Jean Chrétien. D'autres, comme Lloyd Axworthy, Bill Graham, Pierre Pettigrew et Joe Clark, ont contribué à enrichir la renommée du Canada. M. Bernier était en voie de devenir la risée de tous par ses gaffes à répétition.
En persistant dans sa défense du ministre aujourd'hui redevenu simple député de Beauce, le premier ministre a aggravé la situation et mis son gouvernement dans une situation délicate. Au surplus, il a laissé ses porte-parole faire des affirmations qui, c'est maintenant évident, n'avaient pas fait l'objet de vérifications. À répétition, on a ainsi assuré que M. Bernier ne savait rien du passé de sa nouvelle amie de coeur, laquelle a pourtant déclaré devant les caméras de TVA s'être au contraire confiée à lui dès les premiers moments de leur liaison.
Les éléments troublants de cette affaire sont nombreux. Il y a par exemple cet intérêt manifesté par Mme Couillard pour les questions de sécurité. Également, son affirmation voulant que son domicile, où se rendait son amant, ait fait l'objet d'une écoute électronique est plus qu'intrigante. De cela, le premier ministre ne veut pas faire de cas. Il ne retient que l'histoire de ce document classé confidentiel oublié chez l'amante et qui aura été la faute fatale ayant provoqué la démission de M. Bernier. Il est pour le moins curieux que ce soient les révélations de Mme Couillard à TVA sur l'existence de ce document qui aient forcé M. Bernier à avouer son manquement à ses responsabilités. Toute cette affaire a été traitée avec amateurisme et insouciance. Il aura fallu les enquêtes des journalistes pour établir les faits.
Le premier ministre aimerait, on s'en doute bien, que soit au plus vite oubliée cette affaire dont les retombées politiques ne pourront qu'affecter la crédibilité de son gouvernement et sa propre autorité. S'il n'a pas assumé ses responsabilités par le passé, il doit le faire maintenant et nous assurer que toutes les vérifications sont faites quant à l'ensemble des éléments qui continuent de soulever des questions. Il faut aller au-delà de la seule revue que feront les Affaires étrangères pour établir que le document confidentiel en question n'a pas servi à des fins inappropriées.
Se pose aussi une question importante, soit le traitement qu'il faudra accorder à l'avenir aux fréquentations des membres du gouvernement. L'État n'a pas affaire dans la chambre à coucher des Canadiens, y compris des ministres, font valoir les amis de Maxime Bernier. Cela est vrai jusqu'à une certaine limite. Ainsi, les conjoints officiels des ministres et des députés sont tenus de déclarer leurs avoirs. En faisant inscrire Julie Couillard comme sa conjointe aux fins des voyages gouvernementaux, Maxime Bernier lui donnait un statut officiel. Ce n'était plus une amie de passage. Ils avaient même un contrat moral d'être ensemble au moins un an, a avoué cette dernière. Cela faisait toute la différence, une différence que le premier ministre n'a pas voulu voir. Voilà qui doit être clarifié afin que ne se répètent des situations où amour et politique pourraient former un cocktail explosif.
bdescoteaux@ledevoir.com
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