Amnistie internationale dénonce le projet de charte des valeurs québécoises présenté par le gouvernement Marois, soutenant qu'il limiterait les droits fondamentaux et stigmatiserait les femmes vulnérables.
La filiale canadienne de l'organisme de défense des droits humains affirme que la proposition du ministre Bernard Drainville violerait les lois canadiennes et internationales en enfreignant la liberté d'expression et de religion.
Dans son projet annoncé plus tôt en septembre, visant à établir la neutralité religieuse de l'État québécois, le gouvernement péquiste envisage d'interdire le port de signes religieux ostentatoires, comme le hijab.
Amnistie internationale Canada francophone remet en question les moyens proposés par M. Drainville pour atteindre un des objectifs de la charte, la promotion de l'égalité entre les sexes.
«Pour les personnes, et en particulier les femmes, qui subiraient une coercition pour porter un signe religieux, leur interdire de le porter ne corrige pas la situation: ceux qui exercent la coercition restent impunis, et celles qui la subissent sont punies plusieurs fois: perte d'emploi et donc atteinte au droit au travail, risque d'isolement et de stigmatisation», a déclaré le groupe par voir de communiqué.
Ce n'est pas la première fois qu'Amnistie internationale s'inquiète de politiques québécoises.
En avril 2012, l'organisme avait dénoncé l'ancien gouvernement de Jean Charest pour sa gestion de la crise étudiante sur l'augmentation des frais de scolarité. Il avait appelé à un adoucissement des mesures policières, qu'il jugeait inutilement agressives.
Cette fois, le groupe a affirmé qu'il appuyait les efforts du PQ pour promouvoir l'égalité entre les sexes, mais que l'approche proposée n'était pas la bonne.
«Les femmes ne doivent être forcées à porter un foulard ou un voile ni par l'État ni par des individus et il n'apparaît pas plus acceptable qu'une législation leur interdise de le porter», a déclaré la directrice générale d'Amnistie internationale Canada francophone, Béatrice Vaugrante.
Le gouvernement minoritaire péquiste doit déposer officiellement la charte cet automne et a laissé entendre qu'il allait par la suite débattre avec les partis d'opposition.
Pour l'instant, la première ministre Pauline Marois semble se contenter de laisser le débat se poursuivre. Le Québec demeure très divisé sur cet enjeu. Des manifestations pour et contre sont prévues ce week-end.
Une marche contre la charte était prévue à Québec samedi, alors qu'une autre, celle-ci en faveur du projet, doit se dérouler dimanche à Montréal.
Par ailleurs, une coalition de groupes communautaires et d'intellectuels québécois, dont la juge à la retraite de la Cour suprême, Claire L'Heureux-Dubé, doit tenir une conférence de presse mardi, pour exprimer son appui à la charte des valeurs québécoises, selon le journal Le Devoir.
Un nouveau sondage publié samedi révèle que 52 % des répondants sont en faveur de la proposition. Cependant, 56 % croyaient que la constitutionnalité de la charte devrait être révisée en cour.
Ce sondage mené par Léger-Marketing pour le compte de The Gazette a interrogé sur le web 1001 Québécois, entre le 17 et le 19 septembre. Les résultats présentent une marge d'erreur de 2,9 points de pourcentage, 19 fois sur 20.
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