La tournée du Boogie Wonder Band au Québec

Aliénés les Québécois? Voyons donc!

Imaginez les Cowboys Fringants triomphant aux E.-U. en chantant en français

Tribune libre

En voyant que le Boogie Wonder Band était à l’affiche au Rendez-vous estival de Le Gardeur (avec quatre autres groupes anglophones contre une vedette francophone, Plume), j’ai fait une petite recherche sur ce groupe que je connaissais personnellement assez peu.
Fondé et dirigé par une Américaine, cet ensemble de dix musiciens et chanteurs au style excentrique se spécialise dans le disco des années 70. Sentant sans doute le terrain fertile, le groupe s’est établi à Montréal tout en ayant des engagements à travers le monde.
Mais il est révélateur de jeter un coup d’œil sur son carnet de tournée pour l’été 2011. Le voici.
30 juin : Parc O’Reilly, Verdun, Qc
1er, 2, 3 juill. : Biloxi, MS
14 juill. : Rue Crescent, Montréal
15 juill. : Party privé, Knowlton, Qc
16 juill. : Festival St-Donat, Qc
20 juill. : Festival Hommes Forts, Warwick, Qc
23 juill. : Festival Causapscal, Qc
24 juill. : Private Party, Québec, Qc
31 juill. : Festival Divers/Cité, Montréal
4 août : Festival Ste-Perpétue, Qc
5 août : Festival de la Rouge, Nominingue, Qc
6 août : Rendez-vous Estival Le Gardeur, Qc
12 août : Festival des Dalton, Weedon, Qc
13 août : Festival St-Narcisse, Qc
15 août : Camp St-Alexandre-de-Kamouraska, Qc
19 août : BWB Symphonique, Rivière-du-Loup, Qc
20 août : Private Party, St-Lambert, Qc
4 sept. : Bemus Point, NY
10 sept. : St-Michel en fête, Napierville, Qc
16 sept. : Private Party, Mont-Tremblant, Qc
17 sept. : Private Party, Québec, Qc
24 sept. : Private Party, Québec, Qc
28 sept. : Private Party, Brossard, Qc
30 sept. : Rue du Boulevard, Valleyfield, Qc
Où fait-il son pain et son beurre? Mais au Québec, voyons! Et pas seulement dans les grandes villes : le BWB écume le Québec profond. Et soyez certains qu’il ne manquera pas d’auditeurs!
Tout comme ne manqueront pas de spectateurs la myriade de groupes ou vedettes anglos qui envahiront les festivals au Québec cet été. Inutile de les nommer, d’autant plus que les médias se font une fête de les annoncer et de leur faire écho.
Dans cet étalage de culture anglo-américaine, nos artistes à nous font figure de faire-valoir, sinon de parents pauvres, qui se rabattent sur le 24 juin comme la misère sur le pauvre monde. Pas étonnant que ces artistes pure-laine chantent de plus en plus en anglais, encouragés par nos médias complaisants et que la relève se prépare vaillamment à les imiter en s’initiant à gogo à la pop music dans nos écoles, et à nos frais s’il vous plaît.
On dira que c’est un phénomène mondial. Je ne sais pas jusqu’à quel point le phénomène est prononcé ailleurs, mais, s’il est aussi avancé qu’ici, l’avènement de la culture mondiale unique à l’américaine est proche. Et de se dire que les autres sont aliénés autant que nous ne diminue pas notre aliénation à nous.
En attendant, on peut toujours rêver de Cowboys Fringants allant s’établir à New-York et faisant une tournée triomphale en français dans les States chaque été. Ce n’est évidemment qu’un rêve, car les Américains, malgré tous leurs défauts, n’en sont pas rendus au même degré d’aliénation que nous. Que non!


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13 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2011

    Bonsoir M. Richard.
    Re: "j’ai fait une petite recherche sur ce groupe que je connaissais personnellement assez peu. Fondé et dirigé par une Américaine..."
    M. Richard, je vous invite à appronfondir vos recherches car, le BWB est québécois jusqu'à la moelle. Tellement qu'en entrevue, ils cassent presque tous leur anglais, loll!
    La fondatrice, Boogie Cindy, avec qui j'ai jasé à quelques reprises, est francophone comme vous et moi. La co-fondatrice, Stardust, vient du Bas-st-Laurent, et se nomme Marie-claude Petit, et fait aussi carrière dans la langue de Molière.
    Nous devrions être fier de cette belle gang du Québec qui fait fureur partout sur la planète!

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    15 juillet 2011

    @ L'Humaniste lucide:
    C'était un peu avant mon temps, mais n'y avait-il pas aussi Toulouse, Pierre Perpall, et France Joli?
    Fait intéressant, à propos du trio Toulouse: il comprennait une anglophone, Judi Richards, qui chantait en français. Et qui s'exprime bien en français.
    Concernant votre lien, avec «Pied de poule», là, on parle de la new wave du début des années 1980; à mon humble avis, le disco, avec sa musique dansante évoluée du rythm and blues, et ses danseurs en pantalons de polyesters serrés, était alors moribond, sinon mort et enterré.
    Je trouve ça intéresant, que les Québécois réussissent à s'adapter aux nouvelles modes, aux nouveaux courants, et en français, dois-je dire.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juillet 2011

    Pour les gens qui ont des trous de mémoires, je vous rappelle que la production disco québécoise se résume pratiquement à deux noms: Boule Noire, Nanette Workman.
    Donc si on visionne 'Funky town' et que l'on éprouve l'envie de revivre un peu cette époque. C'est nécessairement en anglais que cela ce passe.
    .
    .
    .
    P.S. J'aurais pu dire trois noms, je l'avais oublié:
    En signe de détresse, on branle un peu les fesses ...
    http://www.youtube.com/watch?v=Dygny-8g8Hc&feature=related

  • Nic Payne Répondre

    14 juillet 2011


    Les arguments qu'on peut lire ici sont pour la plupart, à mon sens, valables. Mais il y a lieu de nuancer. Beaucoup.
    Le blues et le rock américains, issus d'un métissage qui est passé notamment par l'Afrique, les Antilles et même l'Acadie, ont certes bénéficié de la toute puissance économique américaine. Cela est indubitable.
    Cependant, qui affirmerait que la très forte présence dans le monde de la salsa et d'autres musiques latines, serait le fruit d'une manoeuvre totalement délibérée de colonisation culturelle ?
    Le spaghetti et la pizza déferlent aussi sur la planète, comme le design scandinave ou l'ingénierie allemande.
    Au delà des courants économiques, sociaux et politiques qui les voient naître et évoluer, ces manifestations de diverses cultures prospèrent et s'exportent aussi parcequ'elles plaisent, parcequ'elles ont des qualités intrinsèques.
    Il en va de même pour ce rock qu'on aime ici et ailleurs.
    Et j'aurais pu parler des créateurs québécois qui rayonnent, comme, évidemment, le sempiternel Cirque Du Soleil -- qui ne s'appelle pas Sun Circus --.
    Le débat québécois sur cette question est épineux parceque, effectivement, cette musique porte la langue qui se trouve à être celle qui nous minorise depuis des générations. On peut quand même, dans ce contexte, tâcher de distinguer notre aliénation de colonisés, de l'engouement our et simple pour une forme d'art à succès.
    Ainsi, voir dans la demande pour le Boogie Wonder Band le signe exclusif et patent de l'aliénation québécoise, me semble nettement exagéré.
    Au contraire, les Québécois sont beaucoup plus fiers et souverains à cet égard que bien d'autres peuples. Je pourrais trouver des exemples de cela partout dans le monde, mais je n'en citerai qu'un : En France, on peut voir en pleine télé, à heure de grande écoute sur une chaîne majeure, des publicités tout en anglais, et ce, pour des produits de compagnies... françaises !
    Mais il ne s'agit pas ici de se comparer à pire que nous, et je suis d'accord pour dire que si un artiste choisit l'anglais pour des motifs commerciaux, je le trouve coupable d'aliénation autant que quand on se donne des noms de commerce anglais, des systèmes de réponse téléphonique bilingues, ou quand on professe le bilinguisme tous azimuts pour l'ensemble des étudiants québécois.
    N.P.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 juillet 2011

    @ l'Aveugle national:
    «L’indépendance du Québec ce n’est pas une question de langue, sinon c’est un mouvement raciste.».
    Cher ami vigilien,
    Vous vous exprimez bien, avec des textes bien écrits; et vous avez droit à votre opinion. Mais à mon humble avis, si vous croyez vraiment ce que vous avez écrit là, alors je dois malheureusement vous donner raison: vous êtes aveugle!
    Raciste? C'est justement ce que me disait récemment un Franco-ontarien multiculturaliste à l'excès, au sujet de sa perception de la nation québécoise. Et cela, parce Monsieur tenait à discuter de la question du kirpan de la communauté sikh, qui n'est pas admis à l'intérieur des murs du Parlement, à Québec.
    Je vous en conjure, cher ami indépendantiste, n'adoptez pas le discours de ces gens qui veulent nous voir disparaître!

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 juillet 2011

    @ J-P Bélisle:
    «Nous ne sommes pas les seuls et, à certains égards, nous sommes peut-être MOINS ALIÉNÉS QUE D’AUTRES, car nous sommes plus conscients et combatifs...».
    Peut-être, mais pour la simple et bonne raison que nous sommes beaucoup plus menacés, beaucoup plus vulnérables, vivant entourés d'un véritablement océan anglophone.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 juillet 2011

    @ Claude Richard:
    «Je ne sais pas jusqu’à quel point le phénomène est prononcé ailleurs, mais, s’il est aussi avancé qu’ici, l’avènement de la culture mondiale unique à l’américaine est proche.».
    Ailleurs, c'est généralement différent...
    Prenons l'exemple de la chanteuse allemande Nena: elle enregistrait des albums avec des chansons en allemand, et en faisait parfois des versions en anglais.
    Il reste que Nena, en 1983, a eu plus de succès encore, avec sa chanson «99 Luftballons», qu'avec la version anglaise, demeurant plusieurs semaines au sommet du palmarès de la fameuse revue spécialisée «Billboard».
    Dans d'autres pays, les artistes peuvent chanter en anglais, oui; mais pas nécessairement UNIQUEMENT en anglais.
    Avis au très médiocre groupe pop-punk Simple Plan et à la starlette Pascale Picard, juste en passant...

  • Claude Richard Répondre

    14 juillet 2011

    Le problème avec votre approche, cher Aveugle national, c'est qu'elle fait beaucoup trop confiance au courant. Suivons le courant, et tout ira pour le mieux. Laissons pénétrer l'anglais à pleines portes et le français n'en sera pas affecté. Votons NPD et l'indépendance sera quand même au bout du chemin. Ce n'est pas comme ça que ça marche dans la vie.

    L'Irlande a perdu sa langue comme bien d'autres communautés dans le monde. Sans doute que certains Irlandais à l'époque disaient: "L'anglais est omniprésent; ce n'est pas grave, soyons ouverts, notre langue va passer au travers". On sait ce qui est arrivé.

    Tout est une question de dosage. Une ou deux chansons en anglais, en espagnol, en arabe par çi par là, ça se prend. 200 chansons en anglais par jour sur certains postes de radio francophones, à répétition, cela marque et écarte bon nombre de chansons dans notre langue. Des centaines de groupes ou d'artistes anglophones qui plombent nos festivals et qui drainent des centaines de milliers de Québécois, c'est préoccupant, quoi que vous en disiez, cher Aveugle national, vous qui portez bien votre nom, j'ose le dire.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2011

    Pour le 375e de Lévis, la mairesse a invité... Rod Stewart! Où est Pierre Curzi?
    Le pire c'est que le vieux Rod n'a plus de voix (déjà qu'il n'en a jamais beaucoup eu)
    http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/sur-scene/201105/05/01-4396598-rod-stewart-a-levis-en-juillet.php

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    13 juillet 2011

    Monsieur Richard, ce que vous décrivez de manière sentie ne constitue qu'une infime parcelle du phénomène de l'impérialisme culturel États-Unien qui s'est amorcé dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
    En 1946, pour donner un exemple, l'administration Truman a offert à la France exsangue de liquider une partie de ses dettes à des "conditions exceptionnelles" ... mais qui prévoyaient une importante contrepartie culturelle: les salles de cinéma françaises devraient désormais projeter un quota annuel fixe de films américains projetés (voir: "Accord Blum-Byrnes"). Pour ce qui est de la France, ce fut le tout début.
    De nos jours, trouvez-moi un seul pays d'Europe où les discothèques sont rythmées à plus de 10% par de la musique nationale; où les festivals 'pop'/ 'rock' sont exempts de musique États-Unienne. Sur 100 films qui sont projetés en Occident ou imposés par les câblodistributeurs 'nationaux', combien sont américains?
    Nous ne sommes pas les seuls et, à certains égards, nous sommes peut-être MOINS ALIÉNÉS QUE D'AUTRES, car nous sommes plus conscients et combatifs, en raison de notre 'question nationale' qui n'est pas encore résolue. Ce que démontre justement votre intervention.
    Alors que nous, sous domination canadienne, nous sommes dotés d'une Charte de la langue française, les citoyens de pays souverains - comme le Danemark - commencent tout juste à se rebiffer contre l'obligation faite aux employés, par certaines compagnies, de parler anglais au travail.
    Tandis que l'Empire américain décline, l'Empire chinois se développe ... en Afrique notamment. Par souci de concision, je vous invite simplement à lire l'article : "Et si le mandarin détrônait le wolof?"(1)
    De la domination économique découle la domination culturelle. Ici, comme en Europe, en Afrique ou ailleurs
    Ce que vous décrivez ne constitue qu'une infime parcelle du phénomène. Ma réponse tout autant.
    Le plus important, quant à moi se résume à ceci: Ne nous comportons pas comme d'éternels perdants - cessons de nous mortifier et trouvons des pistes de solution.
    Jean-Pierre Bélisle
    (1) http://www.slateafrique.com/6205/afrique-chine-mandarin-emploi

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    13 juillet 2011

    Aliénation ou individualisme, opportunisme. Le cas qui fit école ces dernières années: Pascale Picard Band. Pourquoi chantez-vous en anglais? "Ah, ça n'a rien de politique, dans le sous-sol de ma famille, à Sainte-Foy, j'ai grandi en n'écoutant que de la chanson anglaise. Les mots ne me viennent pas en français..." (même chose que Simple Plan, Lost Fingers...) Absence d'éducation civique, aucun scrupule à chanter dans la langue qui nous tasse dans le coin. Mieux, on y voit l'opportunité d'un succès personnel sur les scènes du monde... et ça marche. Peuple sans histoire, mais bon soldat (mercenaire) pour la cause des autres.
    Pascale Picard enregistrait récemment une émission télévisée à Saint-Hyacinthe. Grand public invité gratuitement pour fins de figuration. Le public tous âges du parc Casimir Dessaules s'est retrouvé plutôt au Centre des Arts, because la pluie. Plein à craquer... des bons curieux de show gratis. Allons voir enfin cette fille qui fait malheur à Paris... en anglais. Moyenne d'âge plutôt avancée, ce public a vite compris que les 4 guitares bien rythmées ne nous permettent que peu d'évaluation des textes... poétiques. Les "spotlights" de la TV en plein visage, elle n'a pas vu que sa salle se vidait plus vite que la compréhension du sens de ses "bad guys" implorés dans un anglais approximatif. Mais qu'importe, réputation oblige, le noyau dur de ses fans est demeuré, fier de scander avec l'idole ces textes québéco-franco-mondialisants efficaces!

  • Jean-Yves Durocher Répondre

    13 juillet 2011

    On écoute ce que l'on veut.
    En fait votre réaction est l'exemple parfait du pourquoi une partie importante de la population ne veux plus entendre parler du mouvement indépendantiste.
    L'indépendance du Québec ce n'est pas une question de langue, sinon c'est un mouvement raciste. Vous être outré que des artistes travaillent en anglais au Québec. L'urticaire vous guette à la moindre toune en anglais.
    Pas moi, pas les millions de québécois qui ont débarqués après avoir voté OUI.
    Pas les jeunes de 15 ans qui connaissent les chansons de Beau Dommage par coeur et écoutent Lady Gaga.
    Moi je suis fier de voir qu'une franco-américaine revienne au Québec y vivre et y chanter. J'aime mieux voir notre argent dans ses poches que de savoir que Sir Elton John a fait la passe à Québec avec l'argent de mes taxes.
    Je suis du temps du disco, jamais renié. Montréal était alors un des centres du mouvement.
    Martin Stevens, Toulouse, cela vous dit quelques choses?
    Vous voyer l'aliénation, je vois l'ouverture...

  • Nicole Hébert Répondre

    13 juillet 2011

    Comme, hélas!, vous avez raison!
    J'étais dimanche midi sur la Rue Saint-Jean, section piétonnière, devant le Capitol de Québec et les vedettes du soir faisaient leurs mises au point - tests de son, etc, - sur les scènes environnantes. Je me suis sentie envahie. J'étais quelque part ailleurs qu'à Québec, j'étais dans une ville anglophone! Au milieu d'une culture anglophone. Et tant pis pour les touristes qui viennent NOUS visiter et tant pis pour nous! Les quelques spectacles en français maintenant offerts au Festival d'été de Québec, dont le spectacle d'ouverture de cette année - Paris-Québec et ses gros noms - , semblent n'être plus que des parenthèses, des concessions faites aux braillards. Dès la concession remplie, que le vrai spectacle commence! Québec assimilé! Fini pour moi le Festival d'été de ma ville. Je ne pardonnerai jamais à Gélinas et co. cette prostitution.