Le Parti québécois doit se moderniser en permettant à tout militant de soumettre ses idées directement à la Commission politique du parti sans passer par les associations locales.
C’est ce que soutient le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, qui voit là une façon de stimuler l’engagement des militants, en particulier des jeunes. « C’est un peu sur le modèle de l’iPhone. N’importe qui qui a envie de créer peut le faire », a-t-il comparé dans une entrevue accordée au Devoir.
« Force est de constater qu’au fil des ans, le militantisme a évolué », estime Alexandre Cloutier. « On n’est plus à une époque où les gens ont nécessairement envie de se faire élire dans des exécutifs locaux ou régionaux pour pouvoir participer directement à la vie démocratique du parti ou pouvoir proposer des idées. » Le passage obligé des propositions par le filtre des associations de circonscription, puis par celui des associations régionales, avant qu’elles aboutissent à l’exécutif national est un long processus qui freine l’initiative, croit le député.
À la Commission
Il propose que la Commission politique reçoive directement les propositions des membres et en fasse le tri pour ne garder que les plus pertinentes. Les propositions seraient examinées par thèmes : développement durable, souveraineté, création d’emplois, etc. La Commission politique servirait de « caisse de résonance permanente » pour les propositions émanant des militants.
Une fois sa proposition soumise, le militant serait informé rapidement du sort réservé à son idée. Les propositions retenues seraient ensuite acheminées dans les associations à des fins de discussion avant d’être finalement débattues dans un congrès des membres.
Plus de bonnes idées
« Ma préoccupation, à l’heure actuelle, c’est vraiment de trouver des façons pour aller chercher ce qu’il y a de plus important au sein du parti, c’est-à-dire nos membres », a souligné Alexandre Cloutier. « Le PQ, sa force battante, un des avantages qu’il a certainement, c’est d’avoir le plus de monde. C’est la formation politique au Québec qui a le plus de membres. Qui dit plus de personnes dit nécessairement plus d’idées et plus de bonnes idées. »
Il y a dix ans, les jeunes députés péquistes Alexandre Bourdeau, Stéphan Tremblay et Jonathan Valois signaient le rapport dit des « Trois Mousquetaires » qui analysait la relation entre les jeunes et le PQ. « On a posé des constats à l’époque qui, à mon avis, sont incroyablement d’actualité », juge Alexandre Cloutier. Les Mousquetaires relevaient que les jeunes, malgré le fait que leurs sujets d’intérêt sur le plan politique rejoignaient ceux du PQ, étaient réticents à participer aux débats dans les instances du parti. « Les jeunes s’impliqueront là où ils sentent qu’ils sont individuellement responsables du mouvement, du groupe », écrivaient-ils, en proposant la création de « mécanismes suscitant réellement l’initiative individuelle des jeunes ». Ils préconisaient « non pas une implication interne où le but est de franchir les échelons du local au régional, jusqu’au national, mais bel et bien une implication externe où les actions des militants se retourneront vers les citoyennes et les citoyens du Québec dans le but de les sensibiliser, les informer, les mobiliser, les convaincre. […] Le Parti québécois doit réaliser que l’implication politique au sein d’un parti politique ne semble pas répondre au type d’implication que désire un bon nombre de jeunes. »
Les rivalités que suscitent les élections dans les associations de circonscriptions et, surtout, dans les associations régionales sont un autre sujet de préoccupation pour Alexandre Cloutier. « Ça crée des groupes, ça crée des affrontements », a-t-il fait observer. « Il faut adoucir ça. En politique, on doit rassembler. La gang qui gagne vire la gang qui perd : ce n’est pas un modèle qui m’apparaît très réaliste pour une formation politique. »
PARTI QUÉBÉCOIS
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé