Les mauvaises nouvelles au sujet de la situation du français à Montréal se multiplient. Comme celles portant sur les mesures de promotion et de protection qui ont été mises en oeuvre depuis les années 1960. Le gouvernement, mais aussi tous ceux qui ont le français à coeur, doit se ressaisir.
Un jour, on apprend que 200 000 nouveaux Québécois, principalement à Montréal, ne parlent pas français. Un autre jour, une étude expose que, toujours à Montréal (plus précisément sur l’île), dans le secteur privé, la proportion de travailleurs qui exercent leur métier « généralement ou uniquement » en français a baissé, passant de 62,5 % à 43,7 % entre 1997 et 2010. Comme s’il souhaitait accentuer un mouvement délétère, Québec a amputé de moitié son aide à la francisation en entreprise, selon ce que nous révélait Le Devoir mardi. Et dans le processus de révision de la loi sur l’immigration au Québec (projet de loi 77), plusieurs craignent que la ministre de l’Immigration n’allège les exigences de français pour certains travailleurs très demandés. Ce serait évidemment une grave erreur. Pour extrapoler l’image de l’économiste Pierre Fortin (dans son texte publié en page idée ci-contre), on dirait parfois que le gouvernement se soucie davantage de « protéger les cerfs de Virginie sur l’île d’Anticosti » que de s’assurer que le Québec demeure une société francophone. À commencer par le premier ministre Philippe Couillard, qui laisse souvent entendre que la protection linguistique et culturelle est un combat d’arrière-garde.
Depuis 2014, la seule mesure favorable au français que son gouvernement pourrait revendiquer est celle de l’affichage des marques de commerce. Et encore, dans ce domaine, rien n’est encore fait : le jugement confirmant le trou, sur ce plan, dans la loi 101, est tombé fin avril 2015 ; la ministre Hélène David a attendu le 17 juin suivant pour annoncer qu’elle n’interjetterait pas en appel mais qu’elle agirait, « dès l’automne 2015 », par voie réglementaire afin de contraindre les entreprises récalcitrantes de mettre un peu de français dans l’affichage de leur marque. Nous sommes en février 2016 et aucun règlement n’est publié. Mardi, le cabinet de la ministre David révélait au Devoir qu’à l’automne, des consultations (à huis clos) « avec le milieu » ont ralenti le processus. La publication du nouveau règlement serait toutefois « imminente », promet-on. Évidemment, une fois publié, il ne sera pas appliqué avant 45 jours, période au cours de laquelle le texte est obligatoirement soumis à une consultation. Autrement dit, rien ne sera décidé avant juin : la ministre aura mis plus d’un an à agir dans un dossier dont le degré de complexité n’était pas si élevé.
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LE FRANÇAIS À MONTRÉAL
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