Adoucissement pré-électoral

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La CAQ, un parti d'une insondable platitude

Le porte-parole de la CAQ en matière d’éducation, Jean-François Roberge, a continué dans la même veine que son chef en faisant preuve de retenue dans la présentation à La Presse des engagements de son parti en éducation. À quelques mois des élections, il a surtout abordé des thèmes rassembleurs et mitigé les orientations les plus litigieuses comme par exemple la création d’un ordre professionnel.


De l’ensemble de ce qui nous est rapporté par le journaliste Hugo Pilon-Larose, la réduction du nombre d’échelon dans l’échelle salariale des enseignants s’avère la proposition la plus intéressante. Le député propose de ramener l’échelle salariale à 11 paliers plutôt que les 17 actuels, ce qui aurait pour effet de rehausser le salaire de départ de près d’une dizaine de milliers dollars. Cette mesure est d’autant plus intéressante lorsque nous savons que les enseignants débutants sont de plus en plus âgés et souvent parents de jeunes enfants. Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres, sachant que c’est une hypothèse qui avait fait l’objet de discussion lors de la dernière ronde de négociation et que ses coûts furent jugés trop élevés par la partie patronale. Il faut également comprendre que les promesses d’augmentation fabuleuse pour tous les enseignants sont disparues du décor de la CAQ.


Copiant le ministre Proulx, Jean-François Roberge dit vouloir entreprendre un dialogue avec les enseignant quant à la question de la création d’un ordre professionnel. Nous ne pouvons prévoir si ce sera un dialogue de sourd après les élections et qu’un éventuel gouvernement caquiste ou libéral s’acharnerait à l’imposer, mais chose certaine, ni le PLQ, ni la CAQ ne veut s’enfarger dans la prochaine campagne avec un sujet aussi épineux.


Quant aux autres propositions avancées par Roberge, il n’y a pas vraiment de nouveautés et il s’inscrit dans la tradition de bonnes intentions. Le mentorat qu’il souhaite pour les jeunes enseignants, à savoir que ces derniers seraient appuyés en début de carrière par des collègues plus expérimentés, a fait l’objet de discussion à presque toutes les rondes de négociation depuis deux décennies sans qu’on ait enregistré d’avancées intéressantes parce que l’État recule devant les coûts. Il en est ainsi pour la composition de la classe qui fait l’objet de nombreuses demandes des enseignants qui ont été laissées lettre morte dans le cheminement des négociations.


Le rehaussement des exigences dans les Facultés d’éducation est un autre vœu pieux. Jean-François Roberge s’imagine que le rehaussement du salaire à l’entrée va stimuler les inscriptions, mais nous pouvons en douter et nous pourrions même nous en inquiéter si cela arrivait, car ce ne serait pas pour les bonnes raisons. Décideurs et syndicats ont un sérieux défi pour effectivement contribuer au rehaussement des exigences et attirer des candidats intéressants, car ils doivent rendre le travail d’enseignant plus prestigieux et par conséquent plus attrayant. Ce n’est pas l’argent qui est la première source d’engouement pour une profession, mais la reconnaissance qu’elle engendre et le respect qu’elle suscite.


Le député voudrait aussi faire disparaître les conseillers pédagogiques pour les remplacer par des enseignants désignés par leurs collègues et qui seraient payés plus cher pour les soutenir professionnellement. C’est une proposition qui apparaît sortir de nulle part, qui s’avèrerait plus coûteuse qu’actuellement et qui est loin d’être un gage d’amélioration. En suivant son raisonnement, nous pourrions imaginer que les enseignants pourraient désigner le personnel de direction et d’autres types de professionnels. Dans ce contexte, pourquoi Jean-François Roberge ne s’en tient-il qu’aux conseillers pédagogiques, ce pourrait-il qu’il ait des comptes à régler avec ces derniers?


Si l’éducation est une priorité, ce ne sont pas les propositions de la CAQ qui vont nous convaincre.