Je sors d’une grosse semaine d’entrevues au sujet de mon essai La mémoire qu’on vous a volée, qui traite de l’amnésie de notre nation pour son histoire d’avant 1960. Une bonne partie des passions qui nous animent s’expliquent par notre passé canadien-français, qui reste le nôtre même si on l’ignore. Il hante notre présent. Notre actualité en témoigne !
Comment comprendre l’allergie notoire du Québécois aux accommodements religieux (si souvent déraisonnables) si on ne sait pas par quelle ironique tournure du destin nous avons été contraints de nous faire « les plus catholiques du monde » à des fins de survivance, alors qu’à la base, nous n’étions pas prédisposés à ce rôle de grenouilles de bénitier, mais un peuple assez rétif à la cléricature (comme le montrent nos « sacres » et les caricatures d’Henry Julien) ?
Ce n’est pas sans motifs qu’on a si rapidement jeté la religion aux orties !
Prévisible
Comment comprendre à quel point c’était prévisible que Doug Ford coupe dans des institutions franco-ontariennes apparues en réponse à la « menace séparatiste » du Québec dans les années 1980, maintenant que ladite « menace » semble révolue ?
Comment comprendre la bonne idée lancée par Québec solidaire d’abolir le serment à la reine si on ne connaît pas l’origine de cette situation qui fait que notre peuple français relève d’un souverain anglais ?
Dénigrement
Notre mémoire subit aussi les assauts de manipulateurs professionnels (dont certains chroniquent au Devoir ou à La Presse). On calque l’historiographie américaine sur la nôtre, puis on fustige les Québécois comme s’ils avaient collectivement pratiqué l’esclavagisme.
Certains mauvais historiens calquent l’histoire génocidaire mexicaine ou américaine sur la nôtre. Pourtant, nos alliés autochtones de toute l’Amérique du Nord ont perdu la même guerre que nous, en même temps que nous, contre le même ennemi britannique qui nous divise depuis pour régner... Mais comment se défendre de ces accusations grossières lorsque l’on s’est fait voler sa mémoire ?