Accusé de viol, Tariq Ramadan est mis en congé par l’Université d’Oxford

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C'est bien la moindre des choses

L’islamologue et théologien suisse controversé Tariq Ramadan, dans la tourmente en raison d’accusations de viol en France et d’abus sexuel sur des mineures en Suisse, ce qu’il nie, est en congé d’Oxford, a annoncé mardi la prestigieuse université britannique.



« D’un commun accord et avec effet immédiat, Tariq Ramadan, professeur d’études islamiques contemporaines a pris un congé de l’Université d’Oxford », a indiqué la faculté.



Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans et brillant orateur, est très populaire dans les milieux musulmans conservateurs. Il est aussi très contesté, notamment dans les sphères laïques, qui voient en lui le tenant d’un islam politique.



Il est visé par deux plaintes pour viol en France, déposées dans la foulée de la vague de libération de la parole provoquée par l’éclatement de l’affaire Harvey Weinstein, du nom du puissant producteur américain accusé de viols et d’agressions sexuelles.



Illustration des controverses provoquées en France par le personnage, il a été caricaturé la semaine dernière par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, cible d’un attentat djihadiste en 2015 qui a fait 12 morts. Le dessin, représentant M. Ramadan le pantalon déformé par un énorme sexe en érection et proclamant « je suis le 6e pilier de l’islam », a entraîné des réactions « violentes et appels au meurtre » sur les réseaux sociaux, selon ses responsables qui ont déposé plainte lundi.



Pour l’Université d’Oxford, une des plus fameuses du monde, le congé donné à M. Ramadan « n’implique aucune présomption ou acceptation de culpabilité et permet au professeur Ramadan de répondre aux accusations extrêmement graves portées contre lui, qu’il nie catégoriquement, tout en répondant à notre principale préoccupation — répondre à la détresse accrue et compréhensible, et mettre en priorité le bien-être de nos étudiants et du personnel », souligne le communiqué.



L’université dit avoir « toujours reconnu la gravité des allégations contre le professeur Ramadan, tout en soulignant l’importance de l’impartialité et des principes de justice et de procédure régulière ».



Âgé de 55 ans, M. Ramadan a salué sur Twitter « la prise de position de l’Université d’Oxford depuis le début de cette affaire »« Elle a défendu le principe de la présomption d’innocence sans minimiser la gravité des allégations portées contre moi. Elle a en outre toujours considéré qu’il était impératif de répondre aux questions des étudiants et d’assurer leur sécurité », relève-t-il.


  


Marié depuis plus de 30 ans à une Française convertie et père de quatre enfants, il est régulièrement invité par d’autres universités en Europe, mais aussi au Maroc, au Qatar ou au Japon.



M. Ramadan est visé depuis la fin octobre par une enquête à Paris pour « viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort », à la suite d’une première plainte de l’ancienne salafiste devenue militante laïque Henda Ayari.



Il fait l’objet d’une deuxième plainte, déposée peu après à Paris qui dénonce des faits similaires.



Tariq Ramadan avait réagi à ces accusations en parlant d’une « campagne de calomnie » qui fédère ses « ennemis de toujours ». Ses avocats ont eux dénoncé un « déferlement médiatique » contre leur client.



Par ailleurs, samedi, la Tribune de Genève a publié un long article consacré à quatre anciennes élèves de Tariq Ramadan lorsqu’il enseignait le français et la philosophie à Genève entre 1984 et 2004.



Parmi ces quatre femmes, trois ont dit avoir cédé à « l’emprise psychologique » de leur professeur et avoir eu des relations sexuelles avec lui, l’une à 15 ans et les deux autres à 18 ans. La quatrième, qui avait 14 ans à l’époque, évoque le harcèlement auquel elle a dû faire face.



Sur son compte Twitter, Tariq Ramadan a démenti « catégoriquement » ces allégations et annoncé le dépôt d’une plainte contre X pour diffamation.



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