Claudette Samson Le Soleil (Québec) - Pendant que certains esprits s'échauffent contre l'abattage rituel, d'autres voient dans les marchés casher et halal une occasion en or pour l'agriculture québécoise, qui déborde largement les seuls produits de la viande.
Un document produit par Agriculture et Agroalimentaire québécois, en mai 2011, évalue le seul marché halal à 632 milliards $ par année dans le monde. L'étude est clairement destinée à aider les producteurs qui aimeraient exploiter ce marché, particulièrement pour l'exportation.
Spécialiste en marketing «de la diversité» basé à Montréal, Bouazza Mache estime, quant à lui, qu'il s'agit là d'une bonne occasion de revaloriser certaines productions animales en déclin au Québec, comme celles du boeuf et de l'agneau.
Personne ne va empêcher les musulmans du Canada de manger de la viande halal. Au besoin, ils en importeront. Mais est-ce vraiment ce que l'on veut? demande-t-il.
Il remarque qu'il n'y a pas un musulman qui demande la généralisation des produits destinés à ce groupe. «On est d'accord pour dire que les non-musulmans ont le droit d'être informés [sur ce qu'ils consomment]».
Il souligne, en outre, que bien des non-musulmans recherchent les viandes halal en raison justement du soin apporté à leur production.
Par ailleurs, les épiceries regorgent de produits casher bien identifiés (il existe plusieurs logos, K, MK, COR, etc., selon la certification), à commencer par le populaire Coke. À Montréal, certains magasins affiliés à de grandes bannières, Métro par exemple, ont même une mise en marché particulière à l'occasion de la Pâque juive (le 7 avril cette année).
En novembre, le gouvernement fédéral annonçait, pour sa part, un versement de 760 000 $ au Conseil de la communauté juive de Montréal pour renforcer la salubrité des aliments certifiés casher, et ce, au profit de tous les Canadiens.
Bref, on le voit, le marché est déjà bien implanté, et c'est aussi vrai ailleurs sur la planète.
Pas de portrait global
L'Union des producteurs agricoles n'a pas de portrait de la situation, mais la demande est là, y compris pour des produits qui, de prime abord, peuvent surprendre, comme le cidre ou le sirop d'érable, indique le porte-parole Patrice Juneau.
Dans ce dernier cas, il s'agit de l'antimousse utilisé pour empêcher les débordements lorsqu'on fait bouillir l'eau. Pour que le sirop soit casher, ainsi que le réclament plusieurs usines d'embouteillage, cet antimousse ne doit pas contenir d'ingrédients d'origine animale.
À la Fédération des producteurs de lait, on indique qu'il se produit cinq millions de litres de lait casher par année. Réalisé sous supervision d'un rabbin, celui-ci ne doit jamais entrer en contact avec le lait non casher.
Sur le site du Conseil de la communauté juive de Montréal, on trouve des pages et des pages de noms d'entreprises commercialisant des produits casher.
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