3 – Nous, peuple du Québec…

Tribune libre

Les mots «Nous, peuple du Québec…» à la fin de «Qui sommes-nous pour vouloir un Québec indépendant ?»
http://www.vigile.net/Qui-sommes-nous-pour-vouloir-un se modèlent sur la Constitution des États-Unis, notre grand voisin républicain, qui commence par ces mots : «We the People of the United States» http://www.archives.gov/exhibits/charters/constitution_zoom_1.html. Le «nous» inclusif répertorie les grandes catégories de citoyens qui forment le peuple du Québec et il se réclame de la langue française comme ciment de la société québécoise.
Si nous voulons exister de plein droit, nous, peuple du Québec devons faire l’indépendance. En 1867, le français n’existe pas pour les Pères de la Confédération. Le British North America Act et ses modifications jusqu’en 1982 exclusivement n’ont de valeur légale qu’en anglais. En effet, la traduction du BNAA – l’Acte de l’Amérique du Nord britannique – et de la trentaine de lois le modifiant, a été confiée à une brochette de juges et d’avocat qui ont publié le fruit de leur travail en 1985. Ils déclarent dans l’introduction http://lois.justice.gc.ca/fra/Const/ : «La présente version française des Lois constitutionnelles de 1867 à 1982 dont le texte original n’existe qu’en anglais est officieuse…».
Dans ce British North America Act de 1867, conclu par suite des demandes répétées de l’Ontario pour la séparation du Canada-Uni de 1840, Quebec (dépouillé de son accent) désigne désormais l’entité qu’était le Bas-Canada depuis l’Acte constitutionnel de 1791. Quatre provinces (Ontario, Quebec, Nova Scotia, New Brunswick) concluent le pacte confédératif de 1867 et dès ce moment, on voit qui mène le bal, car l’Ontario compte au départ 82 députés alors que 65 seulement sont attribués au Québec.
Quant à la langue française, les textes n’en contiennent absolument aucune mention avant 1949, c’est-à-dire 82 ans après la confédération. Donc, avant 1949, il n’existe pas de Canadiens francophones d’après la Constitution du Canada. Soudainement, après la Deuxième Grande Guerre, le gouvernement s’est sans doute aperçu que les Canadiens français faisaient tout de même de bons soldats, même lorsque les ordres leur étaient hurlés en anglais.
Il faut attendre la Constitution de 1982 pour que nous disposions de textes anglais et français qui ont tous deux valeur légale. De la Charte canadienne des droits et libertés qui fait partie intégrante de la constitution, on peut dire qu’il s’agit d’une charte réactive. Elle est en effet la conséquence du militantisme francophone des années 1970 au Québec. Il ne faut donc pas s’étonner que la Charte québécoise des droits et libertés ait vu le jour en 1975 sous Robert Bourassa et que la Charte de la langue française lui ait succédé en 1977 sous René Lévesque.
1982 est l’année du rapatriement de la constitution canadienne, paradoxalement par deux hommes du Québec, Trudeau et son factotum Chrétien, Pierre Elliott Trudeau qui en définitive sera très Elliott, allié à la nation dite dominante, et fort peu Trudeau de la nation dite dominée. Ils ont certes instauré l’égalité du français et de l’anglais dans les établissements fédéraux désignés bilingues et «là où le nombre le justifie». Mais René Lévesque isolé en 1981 lors de la nuit des longs couteaux http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_des_Longs_Couteaux_(Qu%C3%A9bec)
ne se remettra pas de cette trahison. C’est pourquoi on associe le rapatriement de la constitution à l’absence de consentement du Québec. Nous savons qu’aucun premier ministre du Québec n’a consenti jusqu’ici à signer ce document, ni à admettre de ce fait que le Québec soit dépouillé du droit de veto qu’il détenait historiquement pour la protection de sa population francophone. PETrudeau a nié catégoriquement dans sa correspondance avec René Lévesque que ce droit ait jamais existé, ce qui a empêché le Québec de se prémunir contre les coups portés à la Charte de la langue française par la Cour suprême du Canada.
Un effet pernicieux de la Charte canadienne des droits et libertés est l’apparition du concept de multiculturalisme, selon lequel toutes les ethnies ont des droits égaux au Canada, ce qui met à néant la notion des deux peuples fondateurs. Nos ancêtres du Québec furent subjugués numériquement et économiquement par l’immigration ontarienne au cours du 19e siècle et ils étaient dominés politiquement depuis 1760, mais ces Canadiens français étaient tout de même parvenus à garder leur langue et leurs valeurs dans leur demi-isolement. Malgré le mépris dont ils furent l’objet, leur qualité de peuple fondateur du Canada était demeurée incontestée jusqu’en 1982. Mais avec le multiculturalisme, le Canada est décrit comme étant composé d’une mosaïque aux origines nationales multiples dont les groupes composants ont des droits culturels égaux : la langue chinoise, la langue ukrainienne, le parsi iranien, l’espagnol, par exemple, ont en principe un statut égal au français et à l’anglais. Mais on sait bien que dans le reste du Canada, ils ont tous utilisé l’anglais comme langue publique commune et que le français s’en est trouvé grandement fragilisé. Et la situation continue de s’aggraver sous Charest et Harper.
Bref, la preuve a été faite par toutes les démonstrations, par toutes les tentatives, que le Québec n’a pas d’avenir dans le Canada, puisque nos intérêts sont divergents. Or, nous sommes près 8 millions en 2012 qui formons la population globale du Québec, dont environ 6 millions ont le droit de vote pour élire l’Assemblée nationale du Québec. L’Islande avec ses 300 000 habitants est un pays indépendant, et nous sommes huit millions ! Nous avons déjà une structure gouvernementale d’État-nation : ce qu’il nous reste à faire, c’est de reprendre toutes nos billes politiques, afin de pouvoir décider nous-mêmes ce qui est à l’avantage de notre peuple.
En prévision de la prochaine élection, nous indépendantistes devons pouvoir nous compter afin de pouvoir nous regrouper et nous épauler le plus possible. Nous devons être la figure de proue de l’indépendance : voyons comment affuter notre capacité d’attraction pour augmenter nos rangs. Commençons dès maintenant à travailler notre attitude, à faire avant tout le compte des réalisations et des compétences du Québec plutôt que de nous déprécier. Adoptons une démarche constructive, une froideur de bon aloi, une sorte de détachement qui va nous permettre de compter nos forces et nos atouts : le Québec occupe une position enviable dans l’univers économique et culturel. Il nous reste à arriver à maturité politiquement.
À l’égard du Canada, pas d’invectives, de la dignité. Sachons formuler nos arguments en affirmations, pas en doléances. Économisons plutôt nos forces psychologiques et morales pour les vraies négociations au moment où il faudra régler nos comptes avec le fédéralisme. Bien sûr, il faudra négocier, mais avec l’assurance tranquille d’être dans notre bon droit. La Cour suprême l’a affirmé : le Canada devra négocier avec le Québec si celui-ci vote pour son indépendance. Mais ne nous laissons pas insulter, tournons le dos à l’insulte. Devant le monde entier qui nous observe, notre première responsabilité est de manifester notre compétence.
Ne perdons pas de temps à répondre à ceux qui nous accuseront de vouloir briser le Canada, car il urge de bâtir notre pays à nous. Le Québec politiquement indépendant ne partira pas à la dérive dans l’Atlantique et ceux de partout qui le voudront continueront à commercer avec nous. Nous avons le droit de faire l’indépendance du Québec, car nous ne sommes pas une créature du Canada, la nation québécoise est préexistante au Canada. Comportons-nous en égaux : nous affirmons nos droits, nous les réclamons, nous les reprenons, point, à la ligne.
Nous prendre en main. De la même manière que les femmes réclament d’être traitées comme des personnes à part entière, le Québec a le droit de réclamer le statut de pays à part entière. Au 21e siècle, le Canada ne peut plus dire que le Québec lui appartient, le temps du colonialisme est révolu. Nous, peuple du Québec…
HT 2012 03 12


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    D'accord! Mais concrètement, le Québec est pratiquement déjà un Pays que des fédéralistes ambitieux et retors empêchent par tous les moyens à leur dispositions (économiques, médiatiques et politiques) de venir au monde de façon officielle.
    Je vous cite afin d'être plus clair: « Nous savons qu’aucun premier ministre du Québec n’a consenti jusqu’ici à signer ce document, ni à admettre de ce fait que le Québec soit dépouillé du droit de veto qu’il détenait historiquement pour la protection de sa population francophone. PETrudeau a nié catégoriquement dans sa correspondance avec René Lévesque que ce droit ait jamais existé, ce qui a empêché le Québec de se prémunir contre les coups portés à la Charte de la langue française par la Cour suprême du Canada.»
    Que le Québec soit dépouillé de son droit de veto par l'arrogance de PET Trudeau et par une «1982 Canadian Constitution» qu'il n'a pas ratifiée, même pas en 1987, ne me semble pas une raison valable d'empêcher le sabordement de la loi 101 (Charte québécoise de la langue française) par «The Royal Supreme Court of Canada».
    C'est lorsqu'on constate le mépris de cette cour britannique de pseudo justice envers les canadiens-français, majoritairement le peuple québécois, qu'il est temps de voter à l'Assembler Nationale la Déclaration d'Indépendance du Québec. Ce qui ne fut pas fait jusqu'à présent. Ce que Robert Bourassa lui-même a bien failli proposer au peuple du Québec.
    À mon sens, cette constitution canadadienne n'a rien d'officielle au Québec et il en va de même pour leur Charte des droits et libertés. Celles-ci sont symboliques, ne servant que d'épouventails et d'excuses pour la pseudo justice canadienne, toujours britannique ceci dit. D'ailleurs leur cour suprême semble en être mieux avisés que nous mêmes et vous le dites aussi en mentionnant une de leurs directives royale: « La Cour suprême l’a affirmé : le Canada devra négocier avec le Québec si celui-ci vote pour son indépendance. ».
    Ils n'ont pas le choix parce que le Canada n'a pas de légitimité au Québec. Quand est-ce que les québécoises et les québécois s'éveilleront enfin à cette réalité que Nous avons en pleine face depuis 1987?
    Il n'est même plus question ici de briser le Canada, c'est déjà fait! Il ne nous reste qu'à déclarer l'indépendance du Québec à l'Assemblée Nationale par un simple vote en majorité favorable.
    C'est que les québécois ne parviennent toujours pas à réaliser, comme figés sur le pas d'une porte de prison pourtant grande ouverte sur la Liberté de prendre soi-même ses propres décisions et d'exister.
    Nous y sommes depuis 1987! Avant même les référendums inutiles qu'on nous a imposé et afin de servir la cause du Canada en usant du vieux principe suivant: «Diviser pour mieux régner!».

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    13 mars 2012

    @ N G
    Quelle importance?
    Lirez-vous le texte différemment, s'il est produit par Haute Trahison ou par Habitant Terrestre?
    Pourquoi a-t-on donné plus d'importance au "Vive le Québec libre" de Charles de Gaulle qu'à celui de Paul Rose?
    Le "lousy french" et le "mange d'la marde" de Trudeau sont-ils différents du "go back to France" du chinois du dépanneur?
    Une tarte à'crème dans'face, pas besoin de savoir de qui elle vient. Tout appui aux étudiants nous unit contre le braquage buté de Lyne au service du PLQ. La solidarité québécoise se sent: des textes sont pour ou contre.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    Embêtant de répondre lorsqu'on ne sait pas à qui l'on s'adresse... Qui est HT? Hélène Trudeau? Hubert Tremblay? Hortense Turcotte?

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    Bravo!
    C'est en affirmant notre fierté nationale partout et à toutes occasions qui se présenteNT que nous parviendrons à nos fins!
    SVP emboîtez le pas et mettons en branle notre CAMPAPGNE "AUTO PUBS" AMBULANTE. C,'est en affichant des messages patriotiques et pro-indépendance sur nos autos que nos messages d'espoir circuleront librement sur les routes du Québec! Il faut, à tout prix, conscientiser le peuple québécois de la nécessité de faire l'indépendance!
    AUSSITÔT VU, C'EST LU ET LE GOÛT DE LIBERTÉ EST PROMU!
    Vive LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU QUÉBEC!!!
    Guy Racicot
    Citoyen du QUÉBEC!!!

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mars 2012

    Il ne s'agit pas tant de quémander au Canada notre statut d'État-nation souverain et indépendant, mais de le proposer ICI ET MAINTENANT à la population du Québec en déposant une proposition d'indépendance concrète et emballante, chose que le PQ n'a jamais fait en 42 ans d'existence.
    Quand on veut un pays, on n'a pas peur de le mettre sur la table.
    Et un changement de statut veut dire une constitution. Pas de constitution, pas de pays.
    Et pas dans la semaine de 4 jeudis comme le propose le PQMarois.
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat à la retraite
    P.S. Êtes-vous sûr que la Charte des droits et libertés du Québec n'a pas été adopté par le gouvernement Lévesque en 1977? Il me semble avoir vu sa signature sur le document officiel.