L’épreuve du temps

2009 : Le temps des faux-fuyants

Chronique de Louis Lapointe

Depuis mars 2008, à titre de chroniqueur de Vigile.net, j’ai eu le privilège de suivre et commenter l’actualité politique québécoise. Le PQ et sa chef, Pauline Marois, ont donc été l’objet de plusieurs de mes chroniques où j’ai pu faire part à mes lecteurs de nombreuses observations qui semblent avoir résisté à l’épreuve du temps. Je vous propose aujourd’hui des extraits de quelques-uns de ces articles écrits en 2009.

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Le temps des faux-fuyants

Nous le savons tous maintenant, nos adversaires aussi, Mme Marois hésite à prendre position parce qu’elle ne veut pas s’aliéner le vote des électeurs indécis, comme si elle avait choisi l’indécision comme marque de commerce pour les attirer vers le PQ. La valse-hésitation recommencerait-elle donc pour quatre ans ? Après avoir entendu le discours de Mme Marois le soir du 8 décembre dernier, plusieurs ont cru que cette question était réglée puisque selon ses dires, le PQ était redevenu le grand parti souverainiste qu’il avait jadis été. Vivement le bâton de pèlerin ! La valse-hésitation. Le 27 janvier 2009

Le PQ devra aussi cesser de pratiquer la langue de bois lorsqu’il s’agit de faire la promotion de la prise en charge de la démocratie par les citoyens du Québec et des régions. Les Québécois sont mûrs pour une démocratie où ils ne seront plus considérés comme des irresponsables sous tutelle. Cela étant dit, il faudra surtout les convaincre de l’urgence de se donner un pays avant qu’il ne soit trop tard, alors que nous assistons à une offensive tous azimuts des forces fédéralistes visant à diminuer le poids relatif du Québec au sein du Canada et à envahir des champs de compétence qui historiquement appartenaient au Québec. L’estime de soi. Le 16 février 2009.

L’histoire se répète encore une fois, alors que nos chers amis fédéralistes ont demandé la peau de Patrick Bourgeois. Pauline Marois a accompli sa mission, elle l’a sacrifié. Plusieurs estimeront qu’il s’agissait plutôt du baiser de Judas, peu importe, le Québec a assisté à l’intronisation d’un nouveau héros comme d’autres le sont devenus après avoir été bannis de leur parti ou frappé par la maladie. Patrick Bourgeois vient d’entrer dans la légende de ceux qui font avancer le Québec. La fabrication d’un héros. Le 21 février 2009.


Si le vaisseau amiral erre alors que ses plus vaillants marins l’abandonnent, ce n’est pas parce que la destination n’en vaut plus la peine, mais bien parce que nous en avons confié le gouvernail à de véritables naufrageurs qui s’emploient à le saborder avant même d’avoir engagé le combat avec l’ennemi, sans avoir pris la peine de rassembler un équipage aguerri pour le faire avancer. Céderons-nous à l’inertie des plus mous ou aurons-nous enfin le courage de la liberté ? Dehors les aristocrates, debout patriotes ! Le 17 mai 2009.

Il faudra alors que Pauline Marois cesse d’écouter les scribes de Gesca lorsqu’il s’agit de condamner ceux qui parmi nous ont réussi à faire reculer Ottawa en promettant de belles chicanes. Il faudra qu’elle fasse une place pour ses alliés indépendantistes dans son plan si elle veut qu’il fonctionne. Écarter toute ambiguïté et faire de chaque élection une occasion pour les électeurs de se prononcer sur l’indépendance en insistant sur l’urgence de la situation. Voilà le vrai défi que devra relever Pauline Marois. Pour en finir avec la chicane : la chicane !. Le 9 juin 2009.

Qu’un gouvernement du Parti Québécois gouverne ne me cause aucune difficulté. Je n’ai rien contre le Plan pour un Québec souverain. Ce qui me pose problème, c’est que Pauline Marois prétende que revendiquer plus pour le Québec conduira automatiquement à l’indépendance, alors que nous savons tous que c’est faux, que c’est un syllogisme. L’expérience des quatre mandats du PQ nous a prouvé tout à fait le contraire. Le syllogisme de Pauline. Le 17 juin 2009.

Comment ne pas constater que Pauline Marois a déjà atteint les extrêmes limites du grand écart ? Si elle s’aventure au-delà de la fragile position qu’elle a adoptée depuis qu’elle est devenue chef du PQ pour ravir quelques votes adéquistes de plus, il y a un sérieux risque de déchirement au sein de sa propre formation politique. On peut d’ores et déjà lui prédire qu’en décidant d’aller encore plus loin dans le compromis, elle tombera à coup sûr dans le vide laissé entre les deux chaises sur lesquelles elle tente vainement de se maintenir en équilibre depuis qu’elle est chef du PQ. Le grand écart. Le 4 juillet 2009.

Tant qu’on présentera l’indépendance du Québec uniquement comme une simple nécessité de la vie quotidienne, elle ne sera pas. Sans rêve, il ne peut y avoir de grandes œuvres, de grandes découvertes, de voyages vers la lune. Sans passion, il n’y aura pas de libération et nous continuerons de sombrer dans la médiocrité, à défaut de nous élever de notre fatale aliénation. Sans hommes et femmes épris de liberté, il ne peut y avoir de liberté. Sans courage, l’indépendance du Québec ne se fera pas ! Sans courage, l’indépendance ne se fera pas !. Le 27 juillet 2009.

L’indépendance du Québec ne sera jamais une victoire individuelle de Pauline Marois. Ce ne sera pas non plus une victoire de Pauline Marois contre les purs et les durs et les apparatchiks de son parti, ni celle du PQ contre les libéraux de Jean Charest. Ce sera d’abord une victoire collective sur l’individualisme : celle du peuple, par le peuple ! Victoires individuelles et victoires collectives. Le 29 août 2009.

Tous les sondages nous le disent depuis le départ de Bernard Landry en 2005, l’option est toujours demeurée plus populaire que le PQ et ses chefs. Je ne comprends pas encore que cette simple constatation n’ait toujours pas eu d’effet sur le discours du PQ qui continue de tergiverser, alors que son vote s’effrite d’une élection à l’autre et que les indépendantistes le quittent lentement mais sûrement. La souveraineté plus populaire que le PQ et Marois. Le 5 septembre 2009.

Si Gilles Duceppe et Pauline Marois n’ont pas compris que la manifestation d’hier contre la monarchie britannique était une manifestation contre le pouvoir symbolique de cette royauté et ses conséquences sur le Québec, contre l’illégitimité de la constitution de 1982, contre la Charte de 1982, contre les jugements iniques de la Cour Suprême du Canada rapetissant de plus en plus chaque jour les pouvoirs du Québec et fragilisant sa langue et ses institutions, c’est qu’ils n’ont pas encore compris ce qu’ils faisaient en politique. Si nous voulons la souveraineté, c’est parce que nous voulons enfin la une vraie démocratie pour le Québec. Le Canada est fondamentalement un pays antidémocratique et la monarchie anglaise en est non seulement le symbole, mais également la caution qui autorise depuis la conquête de 1759 les pires abjections contre le Québec, comme cette constitution, cette charte des droits, cette loi sur la clarté et tous ces jugements de la Cour Suprême contre la Charte de la langue française. Les larmes de la démocratie. Le 11 novembre 2009.

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Billet précédent sur le même sujet:

L’épreuve du temps : 2008

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    20 janvier 2012

    Bravo Louis,
    J'aurais aimé signer tous les textes que tu as écris en 2009 et dont tu nous fais, ici sur Vigile, un impressionnant florilège d'extraits.
    Je suis tout-à-fait d'accord avec toi: André Boisclair et Pauline Marois ont fait reculer notre option de nous donner un pays en ne mettant pas cette cause en premier plan.
    Je regrette beaucoup Bernard Landry. Lui au moins profitait de toutes les occasions et de toutes des tribunes pour dénoncer les actions d'Ottawa et des gens d'affaires contre l'émancipation du Québec. Resté chef du PQ, il aurait accepté que Claude Saint-André se présente conmme candidat du PQ dans l'Assomption aux élections 2008. Il n'aurait pas discrédité le SPQ libre comme Pauline Marois l'a fait. Il ne serait pas allé jusqu'à demander à ses députés de ne plus annoncer dans le journal Le Québécois pour la simple raison que Patrick Bourgeois a un discours trop radical.
    Et surtout, le PQ ne serait pas aujourd'hui affligé de
    traîner le pesant boulet de la gouvernance souverainiste.
    Claude G. Charron