Qui anglicise l'île de Montréal?
11 juillet 2011
Bravo pour votre article, monsieur Labrie. Venant d'un citoyen de Québec, notre vraie capitale nationale et francophone à 95%, ça fait encore plus chaud au coeur!
Je suis vraiment ravi de vous voir enfoncer enfin le clou dans un tabou qui persiste depuis le soir du 30 octobre 1995. En effet, depuis la fameuse sortie de Jacques Parizeau contre l'influence de "l'argent et des votes ethniques" pour expliquer la défaite du OUI, aussi bien le Bloc québécois que le Parti québécois se sont réfugiés peureusement dans le déni de l'identité québécoise, effaçant notre passé historique canadien-français catholique comme référentiel à défendre (nationalisme ethnique) pour lui substituer l'insipide concept de "nationalisme civique". Je me souviens du débat sur la langue française et l'identité québécoise lors de la course à la direction de 2005 où André Boisclair reniait carrément ces fondements importants de notre nation, faisant sentir aux autres candidats à la direction que défendre ce que nous sommes serait ni plus ni moins que du racisme ou de la xénophobie, voire du nazisme ("Je refuse une citoyenneté basée sur le sang"). En fait, la véritable question pratique qui se posait était la suivante: entre un Québécois de souche s'identifiant au Canada et un Canadien-français vivant dans une autre province canadian et voulant vivre au Québec, à qui devrait-on accorder la citoyenneté québécoise? Par crainte d'une levée de boucliers des fédéralistes (appuyée par le multiculturalisme trudeauesque et la Charte canadian des droits et libertés individuels), le PQ et le BQ ont tenté de sauver la chèvre et le chou, avec l'aberration de continuer à considérer délibérément les ennemis de la nation québécoise dans le fameux "nous".
Malheureusement, il ne sera possible de renverser la vapeur pour le français à Montréal qu'en devenant un pays indépendant du Canada, point à la ligne. Avec toutes les demi-vérités véhiculées à notre compte par Citoyenneté et Immigration Canada (http://www.cic.gc.ca/francais/pdf/pub/decouvrir.pdf), pas étonnant que les immigrants s'imaginent être accueillis dans un pays où il ne suffit qu'à parler l'anglais (la même langue que partout ailleurs en Amérique du Nord). Peut-on les blâmer de chercher à améliorer leur sort alors qu'ils ne peuvent aucunement être tenus responsables du tissu de faussetés à propos de la réalité canadienne que véhicule le seul organisme de naturalisation des immigrants au Canada?
Malheureusement, monsieur Labrie, il n'y en a pas assez des Québécois éveillés comme vous qui sont conscients du péril réel que court la nation québécoise. À preuve, le comportement électoral à courte vue, voire colonisé, des habitants de la région de Québec, particulièrement lors des élections fédérales de 2006. Faut-il rappeler que dès le 18 septembre 1759, à peine 5 jours après la défaite des Plaines d'Abraham, la ville de Québec, sous la pression des marchands français qui voulaient reprendre le commerce, ait capitulé devant le général Townshend alors que Vaudreuil se préparait à dépêcher des troupes importantes pour reprendre la ville? On a donc, dès 1759, préféré renoncer à la liberté pour recommencer à vaquer à ses activités habituelles, fussent-elles avec l'occupant british.
Si nous voulons devenir un pays indépendant, bien sûr, comme monsieur Beaulieu le mentionne, il faudra se battre pour intégrer les allophones à la communauté francophone, mais il faudra sérieusement attaquer le 40% des "nôtres" qui reste insensible ou réfractaire à notre libération nationale. Ce sont justement eux qui font en sorte que les allophones ne cherchent pas davantage à s'intégrer au "nous" québécois, en répétant tels des perroquets les messages de mépris de l'État néocolonial canadian vis-à-vis notre différence et nos réussites en tant que nation.
Et, pour cela, il est important que les Québécois vivant hors de la région de Montréal soient conscients de la gravité de la situation, d'autant plus que, à cause de l'étalement urbain et de la détérioration des infrastructures montréalaises, de plus en plus de guettos ethniques se constituent en périphérie de Montréal et menacent de se répandre ailleurs, à cause de la culpabilisation des Québécois vis-à-vis leur comportement avec les étrangers s'ils s'obstinent à se faire respecter pour ce qu'ils sont. Heureusement, il y a encore des André Drouin et des Hérouxvilles qui se tiennent debout, malgré les tentatives de dénigrement des Montréalais intoxiqués par les médias fédéralistes.
Si le français finit par sombrer sur l'île de Montréal, ce sera le "beigne" (région 450) qui suivra et, par la suite, le reste du Québec. C'est pour cette raison que je ne puis souscrire à la révision du système électoral (carte électorale, proportionnelle compensatoire) tant que ne sera pas réalisée l'indépendance du Québec. Nous aurons besoin d'une sur-représentation des régions dans les urnes pour compenser les ravages causés par notre laisser-aller vis-à-vis les politiques d'immigration des libéraux à Ottawa et Québec visant à normaliser le Québec par rapport au reste du Canada. Autrement, impossible d'élire une majorité de députés indépendantistes ou tenir un référendum gagnant pour proclamer la république du Québec.
Il faudra que nos gouvernements à l'Assemblée nationale fassent carrément preuve de désobéissance civile pour enrayer le train de l'assimilation créé et entretenu par Ottawa avec la complaisance des libéraux du Québec. Et c'est justement là où le bât blesse avec le Parti québécois. Il est impossible de redresser la situation sans désobéir aux lois, jugements et à la constitution canadian. Et quand on sait que Pauline Marois a été la seule ministre, tous partis confondus, à faire apporter un amendement à l'infâme constitution de 1982, lors du passage des commissions scolaires confessionnelles aux commissions scolaires linguistiques en 1998, reconnaissant par le fait même sa légitimité...