White shift de Eric Kaufmann mérite à la fois louanges et critiques. L’auteur dresse un portrait éclairant et précis de l’avènement du populisme et des dynamiques de confrontation existant entre la droite populiste et la gauche postmoderne. Cependant, nous avons de fortes réserves par rapport à certaines conclusions de l’auteur que l’on retrouve principalement dans les quatre derniers chapitres du livre; ces chapitres concernent le mariage interracial, le futur des majorités blanches, le destin des blancs non mélangés et l’avènement du White shift.
En résumé
Au niveau politique, le professeur Kaufmann démontre dans « White shift » que la montée du populisme à saveur nationaliste est expliquée par l’augmentation des seuils d’immigration et le déclin des majorités blanches en occident ; ces deux phénomènes causent un sentiment d’insécurité identitaire qui aurait des répercussions jusque dans les urnes (élection de Trump, Brexit, etc.). Il explique également que la rectitude politique imposée par les modernistes de gauche (ou gauche postmoderne) permet à des politiciens tels que Donald Trump de gagner des votes en défiant les tabous érigés par la gauche moralisante. Les analyses du professeur de science politique permettent de comprendre que tant pour l’élection de Trump que pour le Brexit, ce n’est pas l’éducation ou encore la classe économique qui permet de prédire le vote des électeurs, mais plutôt les valeurs des électeurs. En effet, l’appui à la peine de mort par exemple, est un bien meilleur prédicteur de l’appui à Donald Trump et au Brexit que la scolarité ou la richesse. L’auteur explique les particularités du phénomène pour les États-Unis, l’Angleterre, l’Europe continental, le Canada et le Québec. À ce sujet, le lecteur pourra relire nos comptes rendus #2 à 5.
L’auteur explique également l’apparition de la gauche moderniste, l’avènement de la rectitude politique et la mise en place de tabou antiracistes. Il explique comment la gauche postmoderne réussit à imposer ses vues via les médias et par la censure des points de vue discordants. On explique également que le modernisme de gauche fonde une préférence pour la diversité et sacralise la race et l’égalité entre les sexes. De plus, dans la psyché progressiste, on entretient la conviction qu’un changement ethnodémographique produira un nouveau millénaire d’égalité raciale. Cette vision du monde postule qu’une part de minorité plus élevée mènera à une forme de système politique plus équitable, un soutien au progressisme et une réduction des inégalités raciales. Ainsi, le politicologue montre que l’immigration est la thématique qui démarque le mieux la gauche moderniste par rapport aux populistes de droite. À ce sujet, le lecteur pourra relire nos comptes rendus #6 et #7.
Eric Kaufmann explique également le phénomène de « White flight », soit la préférence des blancs pour les quartiers blancs plutôt que pour les quartiers multiethniques. L’auteur démontre que les non-blancs vivant de façon laïque ont des comportements qui vont en sens inverse de la ségrégation; alors que les blancs, toute tendance politique confondue, ont tendance à se concentrer dans des quartiers blancs. Puisque le phénomène attire tant les blancs libéraux que les blancs conservateurs, le professeur suggère que c’est peut-être la plus grande cohésion sociale des quartiers blancs qui favorise la concentration de ceux-ci. Notre compte rendu #8 expose cette réalité.
En ce qui concerne sa théorie du « White shift », l’auteur explique que les majorités blanches conserveront leur majorité ethnique en Occident, en acceptant une transformation de leur ethnicité, c’est-à-dire en assimilant les immigrants au niveau culturel et ethnique. Ainsi, la race blanche deviendra « beige », mais devrait continuer de s’identifier au passé de la civilisation occidentale. Kaufmann explique que le processus devrait être semblable à celui qui a fait passer la majorité américaine de WASP à blanche. En effet, l’auteur explique que la majorité originelle américaine, les White Anglo-Saxon Protestant, est devenue une majorité blanche lorsque celle-ci a assimilé les catholiques (irlandais, italiens, etc.) et les juifs dans leur rang. Le lecteur pourra relire les comptes rendus #1 et #9 à 12 à ce sujet.
En ce qui concerne le racisme et l’intolérance, l’auteur prône une réduction des seuils migratoires combinés à une immigration compatible avec la société d’accueil. Dans un premier temps, l’auteur croit qu’en réduisant les seuils migratoires, l’insécurité identitaire chez les populations blanches devrait diminuer. De plus, en sélectionnant une immigration compatible, les frictions entre les nouveaux venus et la population d’accueil devraient diminuer. En réduisant la vitesse des changements ethnique (via l’immigration), les conservateurs qui n’aiment pas le changement s’en trouveront apaisés. En choisissant une immigration compatible qui s’assimile, la composition ethnique de la société devrait converger dans le temps vers une majorité ethnique dont l’hérédité est métissée ; cette nouvelle ethnie majoritaire et stable devrait combler les conservateurs qui recherchent de l’ordre dans la société. L’auteur pense que les Occidentaux seraient beaucoup plus tolérants envers les minorités non libérales (juifs hassidiques, musulman intégriste) si l’immigration était utilisée de façon à empêcher les croissances de ceux-ci. À ce titre vous pouvez relire le compte rendu #12.
Nos critiques
Nous sommes en accord avec l’état de la situation telle que présenté par Eric Kaufmann. La perspective du professeur est éclairante et c’est pour cette raison que nous recommandons la lecture de « White shift ». Et d’ailleurs, on y trouve beaucoup d’informations, de statistiques, d’analyses, qui permettront à notre camp de mieux cerner la vague populiste et d’affiner notre discours, mais aussi, de bien comprendre nos opposants. Par contre, nous nous opposons aux solutions proposées par l’auteur. Nous vous mettons en garde, les solutions du Docteur Kaufmann sont des poisons pour l’Occident !
Concernant le « White shift », nous pensons que pour les Québécois de souche, cela pourra signer notre arrêt de mort. En effet, la situation du Québec et des Canadiens français est particulière ; nous sommes une minorité en Amérique du Nord et nous n’avons aucun rapport de force, sauf à l’intérieur de notre province. Tel que présenté par Kaufmann, les immigrants et leurs descendants, lorsqu’ils s’assimilent, ont tendance à choisir le côté le plus prestigieux, le côté le plus fort. Dans une dynamique où nous ne sommes pas capables d’imposer notre langue et notre culture avec un rapport de force important, comme par exemple à Montréal, les immigrants et leurs descendants s’assimileront forcément vers la langue anglaise et culturellement vers le Canada ou encore vers la culture nord-américaine en générale. Dans l’optique où la population canadienne-française serait capable d’assimiler les immigrants à l’intérieur de leur groupe ethnique, à la manière d’un « white shift » ou plutôt d’un « québec shift » qu’est-ce qui nous garantit que ces individus métissés vont s’identifier à notre passé canadien-français ? Ceux-ci pourraient très bien s’identifier à la race blanche en générale et à la civilisation occidentale, tout en écartant de leur identité le passé canadien-français. Si on se fit au « White shift » de Kaufmann, quand la majorité américaine est passée de majorité « WASP » à majorité « blanche », on peut certainement en déduire que les racines anglo-saxonnes ont été, en partie, mises de côté pour faire place à un apport plus largement européen.
Autre perspective sur le « White shift », les seuils d’immigrations au Québec sont tellement élevés qu’il est probablement impensable d’intégrer l’ensemble des immigrants à notre ethnie. Le plus probable est probablement un scénario où la majorité canadienne-française subit un « québec shift » en assimilant une portion de l’immigration ; les Canadiens français devenant ainsi de plus en plus «beiges». En parallèle, une portion des immigrants ne serait pas assimilée à notre groupe ethnique et cette proportion serait grandissante jusqu’à ce que notre groupe ethnique devienne largement minoritaire sur le territoire du Québec. À ce titre, nous pouvons comparer notre situation à celle des Amérindiens. Quand on regarde les Hurons-Wendat, les Abénaquis ou même certains Mohawks, ou encore les Innus d’Essipit, on constate que l’arrivée de colons européens au Québec a fait subir un «amérindien shift » à plusieurs nations amérindiennes, car ils sont en effet plus blancs que leur ancêtres ; cependant, en ce qui concerne les Canadiens français, l’apport génétique des Amérindiens est marginal, soit de 1 à 2% de leur hérédité, et ils s’identifient rarement à leur passé amérindien. Si l’immigration est trop élevée, ce qui est probablement déjà le cas, on peut s’attendre à subir le même sort que les Amérindiens. À ce titre, Montréal est probablement un laboratoire vivant ; le « québec shift » ne s’effectue pas et on est loin de voir apparaître une ethnie majoritaire d’individus métissés qui s’identifie à leur ancêtre canadien-français tel que présenté dans la théorie du « white shift ».
En ce qui concerne l’idée que l’État devrait se dissocier de l’ethnie majoritaire comme l’église a été séparée de l’état, tel que proposé par Eric Kaufmann, nous pensons que c’est une très mauvaise idée pour le Québec. Le professeur pense que l’ethnie majoritaire doit pouvoir célébrer son ethnicité, ses mythes, ses symboles et son histoire et qu’en échange l’État doit se dissocier de l’ethnie majoritaire. Dans notre cas, c’est un suicide ! L’État du Québec doit être utilisé par les Canadiens-français pour ériger un rempart contre le danger de l’assimilation vers l’anglais et contre l’hégémonie de la culture nord-américaine. Notre existence est menacée et il serait dangereux de nous passer de l’État du Québec comme instrument permettant d’assurer notre pérennité. Et, à ce titre, soyons réalistes; nous ne pouvons pas fonder tous nos espoirs sur l’État du Québec, rappelons les 15 années de régime libéral antinational Charest/Couillard. Ainsi, nous devons également perpétuer le combat en parallèle, mais nous servir de l’État québécois lorsque nous le pouvons.
Dans une perspective générale concernant la civilisation occidentale, le politicologue présume que la nouvelle race métissée, qui formera la nouvelle ethnie majoritaire, qui remplacera la race blanche dans les pays occidentaux, s’identifiera aux mythes, symboles et à l’histoire de la civilisation occidentale. Or, nous avons de sérieuses réserves à ce niveau. La gauche post-moderne effectue présentement un travail de sape en ce qui concerne l’histoire occidentale. L’histoire est réécrite de façon à oublier nos héros, ou encore à les détruire via des campagnes de salissage. C’est une véritable entreprise de déconstruction et de réécriture qui s’effectue sur notre mémoire collective. L’histoire de la civilisation occidentale subira le même sort que celle des sudistes américains. Nos drapeaux, nos héros, et nos symboles seront associés au racisme, à la colonisation et à l’esclavage, et à ce titre, nous en mesurons déjà les balbutiements. Dans ce contexte, pensez-vous vraiment que la nouvelle race métissée qui remplacera la race blanche en occident voudra s’identifier à une histoire qui a été souillée et démonisée ? La gauche post-moderne est déjà en train de réécrire l’histoire avec leurs nouveaux héros portant en étendard les valeurs « progressistes ». Il est donc fortement probable que la nouvelle ethnie majoritaire métissée de demain s’identifie à l’histoire progressiste en cours de construction. Nous connaissons déjà la trame historique, la guerre de Sécession de 1861 qui sera rebaptisé guerre contre l’esclavage, et leurs nouveaux héros pour remplacer les nôtres : Martin Luther King, Nelson Mandela, Olivier Le Jeune, Pierre Eliott Trudeau, Omar Kadhr, Viola Desmonds, etc. Nous vous mettons en garde, le « White shift » est un faux espoir qui désamorce la vigilance du peuple.
Eric Kaufmann se veut pourtant rassurant ; il explique dans le chapitre 12 (compte rendu #11) que les blancs non mélangés continueront d’exister dans des régions reculées, à l’intérieur de petits villages, à la manière des Amérindiens ou de celle des Irlandais parlant le gaélique. Est-ce vraiment une image rassurante (pensons ici, en prime, à nos péquistes favorables à la régionalisation de l’immigration) ? Est-ce l’avenir que nous désirons, celui des Amérindiens ? Le destin des Indiens non mélangés est peu enviable ; ces peuples sont brisés et humiliés, leur identité et leurs racines ancestrales s’effritent, leurs communautés est aux prises avec de forts taux de toxicomanie, un chômage élevé, une problématique de criminalité et des taux de suicides hors normes ; les réserves qui s’en tirent le mieux sont celles dont les habitants sont tellement métissés qu’on peine à les distinguer de la population blanche. Cette figure n’a rien de rassurant ! Et nous nous désolons d’ailleurs du triste sort de nos anciens alliés de cette épopée merveilleuse que fut celle de la Nouvelle-France où 70 000 Canadiens et leurs alliés amérindiens ont tenu tête à plus de 1 million d’Anglo-américains.
Autre aspect concernant les pensées rassurantes du professeur Kaufmann. Toujours dans le chapitre 12 (compte rendu numéro 11) l’auteur nous explique que la race blanche non mélangée subsistera dans les sectes religieuses marginales telles que les Juifs ultra-orthodoxes, les Amish, les Huterites, les Mennonites traditionalistes, les Luthériens, les Calvinistes orthodoxes, les Néo-calvinistes Quiverfull et les mormons. En ce qui concerne la survie des Québécois de souche/Canadiens-français, cela ne nous rassure en rien vu le travail de sape contre le Catholicisme déjà effectué au nom de la sacro-sainte laïcité issue de la Révolution tranquille. Ce pont est déjà «sauté»! Du point de vue de la civilisation occidentale, cela ne permet aucunement de préserver les différentes éthnicités européennes : La diversité ethnique de la civilisation occidentale ne survivra pas dans ces sectes religieuses.
Nous le disons une seconde fois, le « White shift » est un conte de fée rassurant qui implique un dissolution passive et graduelle qui, selon nous, n’arrivera pas. Nous préférons de loin la résistance active et avoir une approche positive face à l’avenir qui implique une montée en puissance des forces nationales. Il faut mentionner également que le scénario M. Kaufmann implique une certaine stabilité économique et sociétale qui est utopique… les récentes émeutes aux États-Unis «Black Lives Matter» et de leurs émules apatrides à Montréal, la pandémie de Covid-19, les crises économiques, l’endettement massif etc. peuvent rapidement provoquer une scission avec les élites (et l’idéologie dominante) et une contre-réaction populaire qui n’est pas à négliger.
Bref, les nationalistes doivent, tranquillement mais surement, préparer le terrain pour s’organiser et éviter de croquer dans la pomme offerte par Grimhilde, représenté ici par la théorie du White shift, qui nous endormira et nous fera perdre un temps précieux en nous faisant croire à un futur différent mais harmonieux qui peut plaire à tous les camps politiques. Nous croyons au sursaut même si celui-ci implique un repli stratégique le temps de se réorganiser. Creusons nos tranchées et aiguisons nos baïonnettes.
Pour la préservation de notre peuple,
F.Q.S.
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Références
Eric Kaufman (2019), White shift, Abrams Press, New York, ISBN 978-1-4683-1697-1
FQS (7 février 2017), Origines et contributions génétiques des fondateurs de la population québécoise — Compte rendu de lecture , http://quebecoisdesouche.info/origines-et-contributions-genetiques-des-fondateurs-compte-rendu-de-lecture/