La faute aux parents...

Vérité ou diversion ?

Chronique de Louis Lapointe

Que cherche au juste Jean Charest lorsqu’il impute le problème du décrochage scolaire aux parents qui ne s’occuperaient pas assez de leurs enfants ? Trouver des coupables ? Encourager les parents à s’occuper davantage de leurs enfants ? Se débarrasser d’un problème insoluble ou tout simplement se mettre volontairement à dos les parents ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne crois pas que la sortie de Jean Charest était improvisée. Elle ne visait pas non plus à provoquer une réflexion collective en vue de trouver des solutions. Il s’agissait plutôt d’un geste calculé de nature purement politique. Jean Charest est un politicien avisé, il sait très bien qu’en politique toute vérité n’est pas bonne à dire. Il a donc intentionnellement mis le feu aux poudres dans le but de créer une diversion.
S’il veut quitter ses fonctions de premier ministre, il ne souhaite surtout pas laisser l’impression du premier ministre qui a toléré la corruption. Voilà pourquoi il préfère être le martyr qui a été congédié par des parents outrés refusant d’assumer leurs responsabilités.
C’est l’image d’un bon père de famille qui s’est occupé de ses enfants qu’il désire laisser à la postérité.
Malheureusement pour lui, l’assassinat du Nick Rizzuto, présumé parrain de la mafia montréalaise, est venu compromettre son plan visant à se faire mettre à la porte par des parents en colère. Qu’à cela ne tienne, il trouvera bien d’autres occasions de commettre de nouveaux impairs qui ne passeront pas plus inaperçues.
Si les parents n’aiment pas se faire dire qu’ils ne s’occupent pas de leurs enfants, les enfants n’aiment pas non plus se faire dire qu’ils ne s’occupent pas assez de leurs parents.
Ainsi, Jean Charest pourrait très bien accuser les bébés-boomers de manquer de reconnaissance envers leurs aïeux qui se sont saignés à blanc pour eux. Voilà pourquoi cette génération privilégierait l’euthanasie plutôt que de se voir imposer une taxe pour la santé de ses aînés!
Des paroles qui ne manqueraient pas de choquer à nouveau et qui pourraient même signer l'arrêt de mort de Jean Charest. N’allez surtout pas croire qu’il n’y a pas pensé!
Qu’est-ce qui empêcherait un premier ministre qui a délibérément insulté des parents de répéter l’exploit en les accusant cette fois-ci de manquer de générosité envers les générations qui les ont précédés ?
Quand on veut quitter la politique à tout prix et qu’on ne souhaite pas laisser l’image de celui qui n’a rien fait pour empêcher le crime organisé de s’enrichir aux dépens des contribuables, on crée une diversion, on s’organise pour se faire congédier parce qu’on a osé dire des vérités qui choquent, que les Québécois étaient des irresponsables et des égoïstes qui ne s’occupent ni de leurs enfants, ni de leurs parents.
Jean Charest aura ainsi laissé l'image d'un premier ministre sacrifié en raison de sa trop grande honnêteté! Une sincérité que ne manqueront certainement pas de rapporter les livres d'histoire.

Billet précédent: Le vice-président (1)
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Post-scriptum du 15 novembre 2010
«Une sincérité que ne manqueront certainement pas de rapporter... »
Yves Boisvert dans la Presse du 15 novembre: Pour une fois que Charest a raison...
Le blogue de Joseph Facal du 15 novembre: Dr Jekyll et les journalistes

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Marcel Haché Répondre

    16 novembre 2010

    Jean Charest est partisan. Une intelligence qui s’allume uniquement par la partisannerie.
    Rien à attendre de ce type de politicien. Aucun sens de l’État. Mais un très grand sens des intérêts politiques de sa personne. En témoigne sa manie de « poursuivre » ceux et celles qui s’opposent à lui personnellement.
    Jean Charest fait carrière…
    Cette carrière s’achève. Et le P.L.Q. ne réalise pas encore que ce type de politicien n’a aucune fidélité à son propre parti.
    Mais comment le P.L.Q. pourrait-il remarquer une telle chose ?
    Le P.L.Q. est maintenant rempli de carriéristes sans aucune fidélité, si ce n’est le plus souvent celle d’être dressés contre Nous.