UPAC, ce «champ de ruines»

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Il faut nettoyer l'État des réseaux libéraux incrustés depuis 2003



Comment, dans les circonstances actuelles, réitérer sa confiance en l’UPAC ?





Ce que notre Bureau d’enquête a révélé a sonné la classe politique : l’ex-numéro 2 de l’UPAC, André Boulanger, a livré au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) un témoignage-choc, sous serment, et dans lequel il fait état de fabrication de preuve, entre autres.




L’UPAC apparaît aujourd’hui comme un « champ de ruines », a commenté de manière éloquente le qsiste Gabriel Nadeau-Dubois.




Gestes étranges




D’abord depuis octobre 2017, l’UPAC est plongée dans l’affaire de l’arrestation étrange, mal fondée, du député libéral — mais maintenant indépendant — Guy Ouellette, ancien policier, rival de Robert Lafrenière. Cette histoire a connu tant de rebondissements qu’on a du mal à s’y retrouver.




Imaginez, actuellement, le Bureau des enquêtes indépendantes enquête... sur l’enquête lancée en 2017 par l’UPAC de Lafrenière pour attraper le « bandit » qui serait responsable des fuites dans les médias... au sujet d’enquêtes de l’UPAC !




Il y a là quelque chose d’ubuesque qui n’a rien pour inspirer la confiance ! Surtout que cet embrouillamini fait suite à d’autres gestes cocasses : l’arrestation, en 2016, des anciens ministres Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté... le jour de dépôt du budget à Québec.




Curieuse coïncidence politique ; comme celle de la date choisie par Robert Lafrenière pour annoncer son départ : le 1er octobre, jour de scrutin.




Tout recommencer ?




Faut-il abolir l’UPAC et la relancer sous un autre nom ? C’est tentant, mais il faut résister aux réflexes de la table rase.




a) Parce que, malgré ses dérapages et cafouillages, l’UPAC a mené quelques bonnes enquêtes, la condamnation de l’arrogant « monarque » de Laval, Gilles Vaillancourt, n’étant pas la moindre.




Certains parmi ceux qui prennent prétexte des derniers événements pour demander l’annulation de toutes les enquêtes en cours voient sans doute là une occasion en or d’échapper à la justice.




b) Parce que les choses évoluent. Un comité de surveillance de l’UPAC sera créé bientôt en vertu d’une loi adoptée au printemps 2018.




c) De plus, cette semaine, la loi 1 du gouvernement Legault a été sanctionnée. Elle implique la nomination du futur patron de l’UPAC par les deux tiers de l’Assemblée nationale.




La nomination aux deux tiers n’est certes pas une panacée, mais est absolument préférable à la manière dont le gouvernement Charest a créé l’UPAC.




Vice de conception




Il y avait là un vice fondateur. Je me souviendrai toujours de cette conférence de presse du 16 mars 2011 où le ministre libéral Robert Dutil présenta le commissaire « choisi » par le gouvernement : Robert Lafrenière.




Un sous-ministre réputé « proche » des libéraux, dont le CV circulait entre les mains d’organisateurs du PLQ dès 2005.




Ce jour-là, j’avais souligné au ministre Dutil que le vérificateur général, le commissaire au lobbyisme, par exemple, sont nommés par l’Assemblée nationale. Pourquoi pas le patron de l’UPAC ?




« Je me sens tout à fait à l’aise, tout à fait indépendant », avait répliqué Lafrenière de manière peu convaincante, aux côtés de Dutil, ministre d’un gouvernement sur lequel la nouvelle unité devrait assurément enquêter.




L’autre problème en était peut-être un de compétence. Lafrenière, policier issu de l’antiémeute, avait peu ou pas d’expérience en enquête. Plusieurs de ses policiers qu’il embauchera seront en prêt de service, avec peu d’expérience dans les crimes économiques.




Ces défauts corrigés, une UPAC digne de confiance pourrait surgir des ruines. Il reste que les choix du PLQ nous auront fait perdre un temps précieux dans la nécessaire lutte à la corruption.





Le carnet de la semaine




Le pot de Dubé



Francois Legault inondations

Photo Agence QMI, Simon Clark






Dans sa vidéo où elle critiquait le gouvernement, Catherine Dorion, de QS, illustrait avec des pots « Mason » ouverts, le blocage du financement du tramway de Québec. Le président du Conseil du trésor Christian Dubé lui a répliqué en apportant un objet similaire au Salon bleu : « Le petit pot Mason que vous avez mis dans votre vidéo, il n’avait pas de couvercle. Le problème avec l’entente [Ottawa-Québec sur les infrastructures], c’est qu’il y a un couvercle, mais on n’est pas capables de l’ouvrir ! »




Le poing de Ghazal



Francois Legault inondations

Photo MARTIN ALARIE






Mercredi, Ruba Ghazal, de QS, a rappelé en chambre, le poing en l’air, la « nakba », « catastrophe » que représente, aux yeux des Palestiniens, la création d’Israël en 1948. « L’Holocauste, le génocide arménien et d’autres catastrophes humaines commémorées dans cette enceinte ont traversé l’histoire. À ces occasions, on a l’habitude de dire : “plus jamais”. Avec la Nakba, ce luxe n’est pas permis. Mais l’obstination de ce peuple à exister est un pied de nez à l’apartheid. »




La réplique de la semaine



Francois Legault inondations

Photo Agence QMI, Simon Clark






Consultation parlementaire sur le projet de loi 21 sur la laïcité, mardi. Le chef parlementaire du PQ, Pascal Bérubé, souligne au président de la FAE Sylvain Mallette que quelque 60 % des Québécois appuient l’interdiction des signes religieux chez les agents en autorité. Le syndicaliste de répondre qu’il tient à sa position, même si elle n’est « pas populaire ». Puis il souligne que l’option du PQ est à 30 % dans les sondages, « et ça ne vous empêche pas de la défendre ». Aïe !




La citation de la semaine


« C’est peut-être un vidéo [sic] de trop ! »

 

– Pascal Bérubé, chef parlementaire du Parti québécois, au sujet d’un message vidéo de la qsiste Catherine Dorion critiquant en termes crus le gouvernement Legault