On coupe partout. Mais dès juin, bien avant la grosse vague austère qui nous touche en ce moment, le gouvernement libéral coupait déjà 172 millions aux budgets des universités pour l’année 2014-2015. On a même annoncé qu’on couperait encore plus.
Disproportion
Quoi qu’il en soit, Frédéric Lacroix de « L’aut’journal» a fait l’exercice de comparer les coupes budgétaires, selon les universités des deux réseaux parallèles, francophones et anglophones. En gros, il a constaté « que le réseau d’universités anglophones subit seulement 16,8% » des coupes « alors que le réseau francophone en encaisse la part du lion (soit 83,2%) », tout cela dans le contexte où le réseau universitaire anglophone « obtient pourtant environ le quart du financement total ».
Pour donner un exemple probant, si on calcule le montant des coupes versus le nombre d’étudiants, selon les derniers chiffres disponibles, on arrive à un montant de 331$ par étudiant à Concordia alors qu’à l’Université de Montréal, cela représente 413$ par étudiant. Aussi, Frédéric Lacroix dresse cette comparaison entre l’Université Laval (francophone) et l’Université McGill (anglophone) :
Si on transforme ces chiffres en valeurs relatives au montant total des coupures, Laval absorbe donc 28% des coupures pour 2014-2015 pendant que McGill en absorbe 8,7%, soit moins de trois fois moins.
Déséquilibre
On peut se demander ce qui justifie ce traitement inégal entre les universités francophones et anglophones. Mais avant d’essayer de répondre à cette question, il faut mettre le tout en contexte, puisqu’il y a déjà un profond déséquilibre de financement :
les citoyens québécois ayant l’anglais comme langue maternelle représentent environ 8,3% de la population. En revanche, selon les données du ministère de l’Éducation de 2011, 25% des étudiants fréquentent les universités de langue anglaise au Québec […] En ce qui concerne le financement universitaire, les établissements anglophones reçoivent 29% de l’ensemble des revenus qui sont alloués aux universités.
Donc, un financement 4% plus élevé que le pourcentage de fréquentation et un cadeau de plus de 8% en ce qui a trait aux coupes budgétaires. Ça commence à faire beaucoup. Alors, on revient à cette question : en quoi tout cela est-il justifié?
Des coupes idéologiques
En vérité, ce qui le justifie, c’est l’idéologie qui place l’anglais devant le français, en regard de cette conception que le monde et l’Amérique anglophone a plus d’importance que le Québec francophone, économiquement et culturellement. Pourtant, dans un sens pratique, ces investissements accrus rapportent moins socialement, et même économiquement :
les diplômés issus des universités anglophones quittent le Québec dans une proportion cinq fois plus grande que les étudiants formés dans les universités francophones. […] Par exemple, lorsqu’on examine le cas des facultés de médecine, environ 50% des médecins de l’Université McGill travaillent au Québec, tandis que c’est plus de 90% pour les finissants de l’Université de Montréal.
Pourquoi alors subventionner à perte et disproportionnellement le réseau universitaire anglophone si ce n’est par idéologie?
L’aveuglement
Bien que cette problématique soit soulevée depuis longtemps, le politique a préféré faire la sourde oreille, libéraux et péquistes inclus. Cependant, les décisions libérales récentes viennent ajouter de l’huile sur le feu, dans un contexte où en plus notre ministre de l’Éducation fait montre d’un aveuglement irresponsable quant à l’importance des missions de son ministère.
On a bien l’impression que dans la tête de nos chers libéraux il est plus important de conserver les acquis des universités anglophones que les francophones, même en période d’austérité, qui est déjà un exercice hautement idéologique. Et en constatant que l’équité n’est pas du tout la norme, on peut penser que le gouvernement s’est donné bonne conscience en ne réservant pas ses coupes seulement pour le réseau francophone. Si cela avait été le cas, le choix idéologique aurait été beaucoup trop évident.
Quand on veut tuer quelqu’un, on a le choix d’y aller carrément ou de le tuer à petit feu.
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Trouvez-vous injuste la disproportion entre le financement des universités anglophones et francophones?
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