Maxime Bernier et la pensée magique fédéraliste

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Le monde onirique de Maxime


Le ministre conservateur Maxime Bernier estime qu’Ottawa n’a rien à faire pour se réconcilier avec le Québec.

Il va encore plus loin, il estime que « le Québec fait partie de la Constitution ».
La pensée magique
Maxime Bernier montre avec ses propos qu’il a bien assimilé la pensée magique fédéraliste. Cette pensée qui fait qu’on interprète les événements politiques selon son fantasme en proposant ses analyses comme étant des vérités incontestables.
Le Bloc se fait presque éliminer de la carte à la suite de la vague orange, l’idée d’indépendance est morte. Le PQ se fait battre aux dernières élections, c’est la fin du mouvement souverainiste. Le nouveau chef du Bloc annonce clairement ses couleurs, ceux qui veulent explicitement d’un pays sont des extrémistes. Un sondage montre une baisse de l’appui à la souveraineté, la légitimité de ceux qui continuent d’y croire est réduite à néant.
Ce qui donne ce genre de discours, cette généralité, spécialité de Maxime Bernier :
Les Québécois ne veulent pas avoir des débats constitutionnels : ils sont heureux du fédéralisme d’ouverture qui leur est offert.

Pour appuyer ses dires, il faudrait bien qu’il fasse un référendum…
Le Québec ne veut pas du Canada
Ce qui est drôle, c’est que les trois dernières fois où « Les Québécois » ont eu à se prononcer sur la Constitution, ils l’ont rejetée majoritairement. La loi constitutionnelle de 1982, que le Québec n’a pas signé. L’ Accord du lac Meech, qui avait entre autres pour but sa signature. Et l’Accord de Charlottetown, même chose.
Si je pratiquais la pensée magique, je pourrais dire que les Québécois ne veulent pas du fédéralisme. Si je faisais preuve d’autant de mauvaise foi que Maxime Bernier, je pourrais dire qu’après avoir dit trois fois non, il est clair que le Québec ne veut pas du Canada.
C’est complètement ridicule, mais c’est ce style de discours que nous tiennent constamment les fédéralistes à propos des référendums sur la souveraineté perdus. Les Québécois ont dit deux fois non, l’idée de pays est morte pour de bon. Et je vous gage qu’on viendra me répéter ça en commentaire…
On dira même que Maxime Bernier a raison parce que nous sommes tout de même régis en partie par le Canada. Ouais, nous sommes Canadiens administrativement, comme c’est excitant…
L’importance des lois
La réalité, c’est que la question constitutionnelle est importante et toujours sujette à débat. Des fédéralistes comme Maxime Bernier ont beau vouloir la balayer sous le tapis – on a pour preuve la dernière rencontre interprovinciale où Philippe Couillard s’est fait revirer de bord alors qu’il abordait le sujet -, il en va de la légitimité du pacte fédéral que de la régler.
Le Québec ne fait pas partie de la Constitution, sauf dans les rêves de Maxime Bernier, et amoindrir l’importance de ce fait, c’est irresponsable. Ce que ça dit, c’est qu’il est secondaire que tout le monde s’entende sur ce qui est la base d’un pays, ce qui fait force de loi.
En tant que conservateur, nul doute que Maxime Bernier respecte l’idée même des lois. Pourtant, avec ses déclarations, on pourrait penser que son respect est élastique. Le Québec se trouve dans une zone floue au niveau légal et il préfère choisir la facilité en échafaudant une fiction.
En réalité, il est mené par la peur, comme tous les autres. Brasser la Constitution, c’est risquer de perdre la partie.
S’il jour au poker, Maxime Bernier ne doit pas être très bon, on voit trop bien qu’il bluffe.


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