Université : une culture qui carbure à la peur

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Frémont, le recteur de la rectitude politique : démission !


À moins d’être un ermite vivant sans internet dans le fond d’une grotte, vous avez entendu parler de l’affaire Lieutenant-Duval, à l’Université d’Ottawa.


Elle fit grand bruit parce qu’elle est survenue près de chez nous, mais les cas similaires ne se comptent plus dans les universités occidentales.


Rapport


Pendant un cours, la jeune enseignante avait expliqué, avec d’infinies précautions, comment des militants afro-américains avaient retourné l’insulte « nègre », proférée par des racistes, pour en faire un marqueur de fierté identitaire.


Il a suffi d’une étudiante sur Twitter – une seule ! – pour déclencher la tempête que l’on sait.


Sans même prendre le temps de tirer l’affaire au clair, le doyen Kee avait qualifié de « totalement inacceptable » le simple fait de prononcer le mot, peu importe le contexte.


Le recteur Frémont condamna aussi la jeune enseignante au nom du « elle-n’avait-qu’à-ne-pas-le-faire-si-elle-trouve-maintenant-que-ça-brasse ».


Il avait même inventé de toutes pièces un droit – un pseudo-droit, évidemment, celui de ne pas être choqué –, comme si un sentiment faisait de facto naître une règle.


L’ex-juge de la Cour suprême Michel Bastarache et son groupe viennent de rendre public leur rapport sur la liberté académique à l’Université d’Ottawa.


Ils se penchent à peine sur l’affaire Lieutenant-Duval, et on échappe difficilement à l’impression que le juge Bastarache a été bien gentil envers son alma mater et son actuelle direction.


Si on sait lire entre les lignes, il est cependant évident que la direction de l’Université est blâmée.


Pourquoi ? Parce que le rapport dit noir sur blanc que la liberté d’expression et les professeurs doivent être protégés, et qu’aucun mot, aucune œuvre, aucun thème ne devraient être interdits si leur utilisation est respectueuse et à des fins pédagogiques.


Un étudiant est libre de ne pas aimer ceci ou cela, mais cela ne lui donne pas un droit de transformer son sentiment en ligne de conduite imposée à autrui.


Dans l’une des annexes du rapport, un professeur dit au recteur ses quatre vérités sur sa gestion de cette affaire :


« [...], on peut constater dans toute cette affaire le cumul de fautes morales et intellectuelles du recteur : manque de rigueur (pas de vérification factuelle), manque d’équité (refus d’entendre l’autre), manque d’intégrité (affirmations fausses et que l’on sait fausses, qu’on refuse de corriger, abandon des valeurs universitaires), manque de transparence (refus de s’expliquer publiquement autrement que par des bulles papales) ».


Ayoye...


Toxique


Le recteur Frémont confiait à une journaliste de La Presse recevoir ce rapport « de façon extrêmement positive ».


C’est de la foutaise si on prend la peine de lire les très nombreux, trop nombreux témoignages de profs faisant état du climat malsain qui prévaut sur le campus et d’une culture qui est « toxique et carbure à la peur ».


Un ami, qui n’est pas du milieu universitaire, met le doigt sur l’essentiel.


Si un recteur d’université a besoin de se faire rappeler l’importance de la liberté d’expression des professeurs, qu’est-ce qu’il fout à ce poste ?


Aussi simple que cela.











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