On dit que les partis ne gagnent pas les élections, mais qu'ils les perdent. Les nombreuses années passées au pouvoir usent et finissent par ternir les meilleures intentions.
Dans le cas de Montréal, affirmer que le pouvoir corrompt semble un euphémisme. Bien que nous ne pussions douter de l'honnêteté du maire Gérald Tremblay, les allégations de malversation qui pèsent sur son parti viendront le pourchasser tout au long de cette campagne. En tant que chef, on lui en fera bien assumer la responsabilité et soyons assurés qu'ils seront nombreux à nous le rappeler.
Si les problèmes d'éthique constituent pour le maire Tremblay le talon d'Achille sur lequel devrait s'acharner Louise Harel, cette dernière aura quant à elle à se faire pardonner la fusion de Montréal. Plusieurs, à tort ou à raison, seront tentés de lui faire porter l'odieux d'un legs qui, sous des intentions de bonne gouvernance, s'est traduit par une structure devenue depuis ingouvernable et qui, pour d'aucuns, serait à l'origine des nombreux maux qui affectent si lourdement Montréal.
Quant au troisième candidat, Richard Bergeron, en s'adjoignant l'ex-juge John Gomery, il nous aura bien fait comprendre, avant même que la campagne ne débute, qu'il lavait plus blanc que blanc. Ce dont nous étions pourtant tous déjà convaincus.
À n'en point douter, les questions d'éthique et de gouvernance municipale viendront hanter cette campagne. Malheureusement, comme nous pouvons déjà le constater, nous risquons d'assister à une série d'injures et d'attaques personnelles, assenées comme autant de coups sous la ceinture.
Mais plus que tout, il est à craindre, comme c'est souvent le cas au niveau municipal, et comme l'ont démontré les discours des nouveaux venus au moment de leur engagement dans la campagne, qu'on en demeure encore au niveau de l'entretien et de la propreté de la ville, des rues et des ruelles et qu'au final, la question du déneigement devienne un enjeu majeur.
Bien que pour la grande majorité des Montréalais, les enjeux soient principalement locaux, il n'en demeure pas moins que c'est Montréal à elle seule qui incarne la grande région métropolitaine. Et du devenir de cette ville dépend aussi le devenir de la métropole, pour ne pas dire du Québec tout entier.
Le grand défi des candidats à la mairie, au-delà des questions d'image personnelle, demeura leur capacité à concilier les intérêts locaux et les intérêts de la ville et de la région, de réussir à conjuguer local et global tout à la fois. Leurs engagements face aux problèmes de transports permettront de bien mesurer leur capacité à concilier ces différentes échelles.
Depuis quelques années, nombreux sont ceux qui déplorent l'absence d'un grand projet rassembleur qui viendrait jeter un nouveau souffle sur la ville. Au-delà des enjeux locaux, cette campagne ne serait-elle pas le moment propice pour chacun des candidats de nous présenter leur vision du Montréal de demain? Peut-on espérer qu'une vision pour Montréal émerge de cette campagne, car malgré tous les efforts de rattrapage, Montréal demeure une ville pauvre qui peine à suivre la parade. Une vision autre qu'une simple liste d'épicerie comme on se plaira à nous en présenter. Une vision qui fait de Montréal la ville porteuse de toute sa région, une vision qui nous ferait rêver de Montréal comme d'une grande métropole.
Bien que sous des aspects différents, les candidats à la mairie auront tous une réputation à défendre, il est cependant à espérer que cette campagne électorale portera sur l'avenir de Montréal et qu'à sa conclusion, les électeurs seront en mesure de choisir celui qui saura le mieux l'incarner. Heureusement pour eux, ils auront à choisir entre trois candidats qui connaissent bien leur ville et qui ont indéniablement à coeur son développement, chacun à sa manière.
L'auteur est professeur agrégé à l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal.
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