Alors que François Legault qualifiait de « bonne nouvelle » l’entente intervenue entre Transat et Air Canada, son ministre responsable de la protection des sièges sociaux, Pierre Fitzgibbon, y voit une « solution québécoise » pour conserver Transat au Québec.
MM. Legault et Fitzgibbon sont ainsi rassurés de voir qu’Air Canada a son siège social au Québec.
Entre Air Canada, WestJet, Sunwing ou une société étrangère, pas de doute qu’Air Canada représente une « bonne nouvelle » et une « solution québécoise » à l’acquisition de Transat.
Mais on est très loin de la solution idéale qui consisterait en l’achat de Transat par une société québécoise, contrôlée par des investisseurs québécois et un conseil d’administration sensible à la protection des intérêts québécois.
Je n’ai rien contre Air Canada. Mais on s’entend que Transat va perdre de sa « fibre québécoise » dans le giron du géant canadien du transport aérien. Une société comme Air Canada, dont le conseil d’administration ne renferme que trois Québécois sur 11 membres, a beau avoir son « siège social » à Montréal, cela n’en fait pas un modèle du Québec inc. Loin de là !
Air Canada n’a jamais été reconnue que pour sa défense des intérêts québécois, que ce soit au niveau de la langue ou des emplois.
Cela dit, je trouve quand même rassurant que MM. Legault et Fitzgibbon n’écartent pas pour autant la possibilité qu’une société québécoise fasse une contre-offre pour acquérir Transat. Et ce avec l’aide possible de nos « gros » investisseurs institutionnels, tels la Caisse de dépôt et placement du Québec, Investissement Québec, le Fonds FTQ, etc.
On croise les doigts !
LE PIRE ENNEMI
Mais à part la « canadiennisation » de Transat par Air Canada, il y a un problème nettement plus préoccupant pour les Québécois.
Le pire ennemi du consommateur c’est le manque de concurrence.
Comme Air Transat et Air Canada sont au Québec les principaux joueurs dans le « voyage vacances », l’acquisition de Transat par Air Canada n’est vraiment pas une « bonne nouvelle » ni une « solution québécoise » pour les consommateurs.
Il m’apparaît évident que les voyageurs québécois risquent fort de se retrouver à moyen terme dans le camp des perdants, tant au niveau de l’offre des produits (voyages vacances, transport de passagers, etc.) que des prix.
LES GAGNANTS
Bien sûr, les actionnaires de Transat, eux, voient d’un œil extrêmement positif l’offre d’Air Canada, à 13 $ l’action. Cela représente une hausse de 189 % par rapport au cours de l’action de Transat du 28 mars dernier, soit 4,50 $.
Si l’offre d’Air Canada est acceptée, les actionnaires se partageront 520 millions de dollars, dont un peu plus de 50 millions $ pour les dirigeants et administrateurs de Transat.
Fait important à noter : les deux compagnies ont comme principal actionnaire le même groupe, soit le gestionnaire de placement indépendant Letko, Brosseau et Associés.
En mars dernier, Letko Brosseau détenait 10,3 % des actions d’Air Canada et 18,15 % des actions de Transat. Letko a acquis en avril d’autres actions de Transat, pour porter son pourcentage à 19,3 %, soit autour de 7,27 millions d’actions de Transat.
Comme principal actionnaire des deux compagnies, Letko Brosseau gagne sur les deux tableaux. Depuis l’annonce initiale (du 30 avril) selon laquelle Transat est « en discussions préliminaires » concernant une transaction potentielle visant son acquisition, l’action d’Air Canada a fait un bond magistral.
L’action d’Air Canada est passée de 31,95 $ (29 avril) à 40,86 $ le 17 mai dernier, lendemain de l’annonce de l’offre d’Air Canada pour acquérir Transat.
Ainsi, à lui seul Letko Brosseau voit la valeur boursière de son bloc d’actions d’Air Canada bondir de quelque 240 millions $, et celui de Transat de 53 millions $.
On s’entend que Letko Brosseau ne va pas s’opposer à l’offre d’Air Canada !