Je n'arrête pas de penser à lui depuis le 26 mars. Je suis sûre que je ne suis pas la seule. «Un seul être vous manque et tout est dépeuplé», a dit quelqu'un de bien intelligent. De penser à lui ne me rend pas triste. Je dirais même que c'est plutôt le contraire. Je l'imagine plutôt se tapant sur les cuisses et riant de bon coeur de ce que les Québécois viennent de servir comme avertissement à son parti, celui-là même qu'il a fondé et qu'il a fini par détester profondément, sans s'en cacher.
René Lévesque était-il péquiste? Je serais portée à répondre: pas tellement. Il était trop friand de liberté pour accepter facilement cette sorte de liberté surveillée que le PQ impose à ses chefs et qui finit par en faire des espèces de robots porte-parole de messages qui deviennent paroles d'Évangile. Lévesque portait ce poids terrible sur ses épaules. Il aurait probablement mieux accepté la contestation de front que les jeux de coulisses et les affronts détournés que son parti utilisait contre lui constamment et qui avaient le don de l'enrager véritablement.
Il a gardé le contrôle sur son parti à la force du poignet souvent. Il a failli le quitter à plusieurs reprises. Il s'est toujours trouvé quelqu'un pour l'en empêcher. Plusieurs lui ont souvent dit que s'il partait, ce serait la fin du Parti québécois. Et il finissait par rester.
S'il était vivant aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'il dirait de ce qui vient de se passer au Québec. Honnêtement, je ne crois pas qu'il serait vraiment surpris. Fin connaisseur des états d'âme des Québécois comme il l'était, il aurait vu venir le coup. Il aurait mesuré le degré d'écoeurement des citoyens pour le monde politique en général et leur déception devant le PQ, qui était encrassé dans ses certitudes, incapable de proposer un programme stimulant et surtout paralysé sur son option au point d'en faire une obsession.
Jamais 2 sans 3
Les Québécois, après avoir perdu deux référendums (nous saurons bientôt si le 2e a été volé par les tenants du non), n'avaient pas envie d'en perdre un 3e. Je crois que Lévesque l'aurait compris. Il aurait compris que «son grand peuple» n'a pas envie de fournir des éternels losers comme les nommait Pierre Pettigrew il n'y a pas si longtemps. Il savait quand son monde avait besoin de se refaire une santé psychologique et morale.
Le Lévesque que j'ai connu était un homme de bon sens. Devant un mur trop haut, devant l'impossibilité de le franchir en sautant par-dessus, il aurait cherché le moyen de le contourner. Sans jamais perdre de vue que l'objectif restait de passer de l'autre côté du mur en question.
La souveraineté aurait été son objectif. Mais pas n'importe comment et pas à n'importe quel prix. Plutôt la souveraineté «quand le moment serait venu»...
Le besoin d'air
Certains membres du PQ font de leur chef une sorte de petit chien tenu en laisse. Pas question qu'il dise ce qu'il pense ou même qu'il pense. C'est l'étouffement assuré. Ce sont eux qui exercent le leadership par chef interposé.
Ce dont le Parti québécois a le plus besoin, c'est d'air. Il aurait intérêt à redevenir audacieux, ambitieux, ouvert, accueillant et moins pressé. Qui a dit que le temps ne respecte rien de ce qui est fait sans lui?
Dans Le Petit Robert, à «autonomiste», on offre les définitions suivantes: nationaliste, particulariste, sécessionniste, séparatiste. En y regardant d'un peu plus près, Ti-Poil ne manquerait certainement pas de nous expliquer qu'en additionnant les autonomistes de l'ADQ plus les souverainistes du PQ, ça commence à faire du monde à la messe.
Lévesque, le joueur de poker, aurait-il gagé, comme j'ai envie de le faire, que l'ADQ pourrait bien un jour parler de faire l'indépendance du Québec? Comme dans la chanson de Vigneault... Je les entends bientôt, parler de Liberté...
Allez Ti-Poil. Je gage un 2 $ là-dessus.
Une pensée pour ti-poil
Lévesque, le joueur de poker, aurait-il gagé, comme j'ai envie de le faire, que l'ADQ pourrait bien un jour parler de faire l'indépendance du Québec?
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