Le Québec après une grosse «brosse»

ADQ - De l'identité à l'autonomisme - La souveraineté confuse



Quarante-huit heures plus tard, quand on reprend ses esprits, on a encore l'estomac tout à l'envers. On se demande à quel moment on a perdu le contrôle et on se dit surtout qu'on espère ne pas avoir fait une folie irréparable ou posé un geste dont les conséquences vont nous embarrasser longtemps pendant qu'on s'envoyait en l'air.
Hier matin, les visages étaient longs. Les gens se regardaient de travers en se demandant secrètement «Pour qui as-tu voté ?», mais sans oser poser la question à haute voix. Nos parents, nos meilleurs amis avaient peut-être voté différemment de ce à quoi ils nous avaient habitués. Le choc a été retentissant.
Il nous a fallu quelques heures pour finalement réaliser que ça faisait du bien. Qu'il y avait un immense plaisir à se laisser aller, sans retenue, à faire autre chose que ce que tout le monde attendait. Le pied de nez était magnifique et la «brosse» monumentale.
Les analyses
24 heures après l'élection, tout avait déjà été dit. Les confesseurs des «lignes ouvertes» avaient tout entendu. On avait clamé le manque d'amour du Québec pour ses régions, le règlement de comptes inévitable entre le Québec et cette ville insupportable qui s'appelle Montréal et qui prend tellement de place. Surtout quand elle se mêle de porter des jugements sur le reste du monde.
On avait crié haut et fort l'attachement non négociable à ce qu'on appelle nos racines et on avait envoyé promener la souveraineté d'un peuple en moins de temps qu'il ne faut pour crier ciseau. Certains n'hésitaient même pas à enterrer le PQ puisqu'on disait que son chien était mort.
Il va falloir encore plusieurs jours avant qu'on ne se remette à penser calmement. Qu'on arrive à comprendre ce qui s'est produit exactement. Qu'on soit capables de mettre des mots sur l'écoeurement général qui s'était emparé de toute une population qui se faisait marcher sur les pieds depuis longtemps sans jamais dire un mot et en baissant les yeux pour ne rien déranger.
Faire l'inventaire
Un formidable coup de balai a été donné. Les libéraux vont marcher les fesses serrées et les péquistes vont devoir remettre leur ouvrage sur le métier. Les libéraux vont être talonnés sans arrêt parce que le peuple sait depuis longtemps qu'il ne peut jamais leur faire entièrement confiance.
On peut imaginer un scénario où Jean Charest se retrouverait à la tête des libéraux fédéraux à la place de Stéphane Dion, qui pourrait n'avoir été qu'une erreur de parcours.
Charest rentrerait chez lui, à Ottawa.
On peut imaginer le Parti québécois, redevenant un parti d'idées au lieu d'un parti de règlements de compte et de jambettes. Y a-t-il une façon d'accéder à l'indépendance sans violence et sans référendum? Peut-on mettre à la porte le bois mort qui paralyse le parti depuis bien longtemps? André Boisclair sera-t-il grandi par la défaite? Ou ira-t-il travailler à Toronto?
Comment réagira Mario Dumont, le fier Mario, quand il se fera grignoter les doigts un par un par le gouvernement fédéral quand le moment sera venu de défendre «l'autonomie» du Québec? Se laissera-t-il manger tout rond ou aura-t-il envie de devenir souverainiste pour sauver ce qui reste de son peuple? Sera-t-il appelé à faire des accommodements déraisonnables avec Ottawa pour ne pas finir «séparatisse»?
L'Histoire du Québec est une saga. Pour arriver jusqu'à la fin, il faut du souffle et de la patience. C'est quand on met la machine en «accéléré» qu'on ne comprend plus rien. Le Québec est un petit comique... Il se pourrait que ce soit l'ADQ qui fasse l'indépendance...
Vous trouvez ça fou? Pas pire que ce qu'on vient de vivre.


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