Financièrement parlant, c’est tout le Québec qui se retrouve grandement perdant à la suite de la décision de la Caisse de dépôt et placement du Québec d’octroyer le contrat du matériel roulant du REM à la multinationale française Alstom, au lieu de Bombardier Transport.
La perte de ce contrat de l’ordre de 1,2 milliard $ a des conséquences majeures sur Bombardier Transport, ses fournisseurs québécois et ses employés de La Pocatière. À mes yeux, c’est une gaffe d’avoir écarté Bombardier Transport du REM.
Et en voici les raisons financières.
PREMIÈREMENT
Il faut se rappeler que le gouvernement Couillard et la Caisse ont injecté à l’automne 2015 quelque 3,3 milliards $ dans Bombardier en vue d’en assurer la survie et de protéger des milliers d’emplois.
Or, en octroyant le contrat du matériel roulant du REM à Alstom, Québec et la Caisse viennent de rater une occasion en or de consolider leurs investissements massifs dans Bombardier.
C’est d’autant maladroit, que ce sont eux-mêmes, Québec et la Caisse, qui financent entièrement la réalisation du REM, avec l’argent de nos impôts et de nos épargnes.
DEUXIÈMEMENT
En laissant de côté Bombardier Transport, on prive le Québec des substantielles retombées (impôts et taxes) qu’auraient générées ici même la fabrication et l’entretien de ce matériel roulant, avec des travailleurs et fournisseurs québécois.
De plus, les 600 travailleurs de Bombardier Transport à l’usine de matériel roulant de La Pocatière se retrouvent aujourd’hui dans une situation précaire, faute de nouveaux contrats.
TROISIÈMEMENT
La Caisse se tire dans le pied en rejetant l’offre de Bombardier Transport. Ce contrat du matériel roulant du REM de 1,2 milliard $ aurait permis à Bombardier Transport de grossir son carnet de commandes. Et le REM aurait pu devenir une super vitrine internationale pour aider Bombardier à décrocher de lucratifs contrats internationaux.
Au lieu d’aider Bombardier Transport, le REM lui nuira. Quand ton gouvernement et ton actionnaire majeur préfèrent accorder leur plus gros contrat à ton compétiteur, ta réputation internationale s’en trouve discréditée.
BOYCOTTAGE
Bombardier Transport, qui a pourtant 4400 employés au Canada, en arrache ici. Les quatre derniers contrats de matériel roulant donnés au Canada ont été octroyés à ses rivaux, dont trois à Alstom (REM de Montréal, Ottawa, Metrolinx de Toronto) et un à la société chinoise CCRC (AMT de Montréal).
Pendant ce temps-là, la France a accordé 70 % de son récent contrat à sa multinationale Alstom et 30 % à l’usine de Bombardier en France.
Au Japon, les contrats sont réservés aux sociétés japonaises. En Chine ? Des partenariats avec les sociétés chinoises sont requis. Selon ses détracteurs, si Bombardier Transport n’a pas obtenu le contrat du REM, c’est parce que la société a eu des différends avec New York et Toronto.
Sachez que les concurrents de Bombardier Transport font eux aussi l’objet de contentieux à l’égard de contrats. Dans son Document de référence 2016/17 (Voir note 33, pages 90 à 93), Alstom rapporte une série d’allégations de pratiques anticoncurrentielles et d’allégations de paiements illicites dont elle fait l’objet.
À suivre...