La cellule « Force Étudiante Critique » a tenté de perpétrer un attentat dans le métro de Montréal au début de mai 2012. Cet article fait partie de notre dossier sur la prise en otage de l'UQAM par l'extrême gauche.
Profitant des grèves étudiantes au printemps 2012, la cellule terroriste « Force Étudiante Critique » publiait un journal de combat baptisé PARABELLUM. Cette appellation, outre quelle désigne un pistolet allemand, est la contraction de deux termes latins, para et bellum, faisant partie d'une célèbre maxime : Si vis pacem, para bellum ; si tu veux la paix, prépare la guerre.
C'est ainsi que cette publication belliqueuse se présentait, en précisant que ce « journal de grève » se veut « une contribution à cette lutte étudiante qui n'est qu'un moment de la lutte totale contre la société capitaliste et ses structures patriarcales et racistes les plus arriérées ».
Recruter des étudiants sur les campus
Prônant la constitution d'une élite révolutionnaire, apte à diriger une lutte armée « contre les forces du Capital », cette cellule terroriste va profiter du mouvement étudiant pour recruter des étudiants sur le Campus de l'UQAM, mais aussi au Cégep du Vieux-Montréal, un autre lieu de recrutement pour les organisations bolcheviks et antifascistes.
On peut lire sur une des pages Internet du groupuscule que « formée le 20 novembre 2010, elle [Force Étudiante Critique-FEC] se veut une tendance critique du mouvement étudiant, de gauche comme de droite. FEC s'est construite autour d'une initiative visant à développer la culture nécessaire à une lutte victorieuse ». Cette lutte, manifestement déconnectée de la réalité politique québécoise, débouchera sur des actes de vandalisme qui peuvent s'apparenter à une action terroriste destinée à semer la pagaille.
Semer la pagaille
Une demi-douzaine de membres de FEC a commis des actes de sabotage dans le métro de Montréal, au printemps 2012, qui ont provoqué de véritables mouvements de panique parmi les usagers. Le site Canoe.ca rapportait que le métro de Montréal avait été complètement paralysé à cause de plusieurs bombes fumigènes lancées sur les rails de trois stations, à partir de 8 h le matin, une action « qui a semé le chaos autour des stations et de gros embouteillages dans la métropole », pouvait-on y lire.
Cette action de sabotage aura obligé la STM à organiser un service provisoire de navettes d'autobus afin de dépanner une quantité incroyable d'usagers provenant de Montréal, de Longueuil et de Laval. La circulation a été bloquée à plusieurs endroits et tout ce mouvement de panique aura contribué à perturber une partie de l'activité économique de la métropole du Québec.
Simon Delorme, porte-parole officiel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), confirmait que les stations de métro Préfontaine, Lionel-Groulx et Jean-Talon avaient été visées par cet attentat et il certifiait qu'il s'agissait, bel et bien, « d'actes de vandalisme concertés ».
Agir en toute impunité
Il semblerait que les autorités policières et judiciaires, actives sur le territoire montréalais, soient enclines à faire respecter un ordre public à géométrie variable. Ainsi, comme le faisait remarquer le sociologue Yves Claudé, sur le site Internet du média alternatif l'Aut'Journal, « de par sa volonté de s'approprier les espaces urbains et ceux des institutions, ce mouvement se présente comme une formation politique totalitaire ».
Et, M. Claudé de poursuivre : « Ainsi, dénaturant le slogan rassembleur et mobilisateur du mouvement étudiant de 2012 – À nous la rue – les milices "antifas" proclament que la rue "leur appartient", ainsi que certaines institutions (universités, etc.) : cela signifie que toute expression politique "non conforme" sera l'objet de menaces et d'agression, et éventuellement de violences extrêmes ». Ces milices antifascistes et autres cellules apparentées jouissent donc d'une impunité quasi totale lorsqu'elles agressent des citoyens ou s'en prennent au domaine public.
C'est ainsi, tel que le rapportait le quotidien La Presse, dans son édition du 11 septembre 2015, que les six étudiants interpellés pour cette action terroriste n'ont pas eu l'obligation d'avoir un casier judiciaire, tout cela avec la bénédiction de la juge Manon Ouimet, de la Cour du Québec. Ils ont, donc, bénéficié d'une relaxe, cela même s'ils avaient reconnu leur culpabilité et trois d'entre eux se sont vus signifier l'obligation d'effectuer de simples travaux communautaires.
« Une absolution inconditionnelle pour trente secondes de fumée, c'est une sentence raisonnable », avait plaidé l'avocate de la défense, Véronique Robert, en présentant une offre de compromis élaborée entre son camp et la Couronne. Geneviève Vaillancourt, Vanessa L'Écuyer, Roxanne Bélisle et François-Vivier Gagnon faisaient partie de ce triste bataillon affilié à la cellule FEC.
Une justice politisée ?
Imaginez, en 2018, la réaction des autorités montréalaises s'il fallait que le groupe La Meute lance des bombes fumigènes dans les locaux de certaines associations étudiantes affiliées à l'extrême gauche ? Assistons-nous, comme à Paris, à l'instauration d'une justice et d'un appareil de répression policière qui fonctionnent à géométrie variable ?