Sam Hamad a sans doute réalisé, une fois rendu sur place, que foutre le camp en Floride n’était pas l’idée du siècle. La colère, la souffrance ou la panique; qui sait ce qui l’avait motivé?
Il n’avait pas demandé la permission à Philippe Couillard pour disparaître, il a simplement annoncé son départ. C’est presque de l’insubordination, une immaturité inhabituelle pour un politicien de ce niveau.
Mais une fois remis de ses émotions, M. Hamad a compris son erreur et sera de retour jeudi. C’est pour ça qu’il répondait par texto aux journalistes qui prenaient contact avec lui. Ceux qui, comme moi, voulaient comprendre ce qu’il lui avait pris de repartir dans le sud quand tout déraille.
Quand tous ses collègues et son ami Philippe Couillard sont poussés dans une nouvelle controverse, une autre qui donne à ce mi-mandat libéral des allures de cauchemar.
« Une injustice »
Voici ce qu’il m’avait répondu : «J’ai pris mes responsabilités tout le long, je vais les prendre quand je serai convoqué par le commissaire (à l’éthique). En attendant, je me suis mis à l’écart pour quelques jours seulement, car je vis mal cette injustice».
Il dit sans doute la vérité. Mais le bon peuple se fout des politiciens qui souffrent. Il aurait pu se contenter de faire son travail de député, pour tenter de sauver les apparences, c’est souvent ce qui importe en politique.
Mitraillé de questions, Philippe Couillard a dû répéter qu’il réglerait ce problème en temps et lieu: «Je ne prends pas cette situation à la légère... Une action sera prise lors du dépôt du rapport (du commissaire à l’éthique)».
Mardi, à l’Assemblée nationale, les libéraux avaient la face longue. À commencer par le premier ministre lui-même.
Premier Tech
On verra bien si Sam Hamad est coupable de quelque chose dans l’affaire Premier Tech. Mais il ne peut prétendre à un péché véniel de naïveté : côtoyer Marc-Yvan Côté, après les commissions Gomery et Charbonneau, c’est une parfaite idiotie, une insouciance de trop.
Ce détail de l’histoire ne passe pas.
M. Hamad n’est pas un imbécile, il connaît le moineau depuis des années, honni par les fédéraux depuis 2005. Il a donc sciemment fermé les yeux sur son passé.
C’est d’ailleurs pourquoi la direction de l’entreprise Premier Tech, au cœur de cette affaire, avait embauché Marc-Yvan Côté. Pour sa connaissance des mœurs politiques. Pas pour sa passion des fleurs.
La direction de l’entreprise s’en tire d’ailleurs trop bien jusqu’à maintenant. Ces notables provinciaux ne sont-ils pas les véritables gagnants du jeu des influences qui donne accès aux fonds publics? Les cravatés subventionnés de Premier Tech étaient les employeurs de Marc-Yvan Côté.
Nous ne sommes sans doute pas au bout de nos surprises. Nous n’avons pas encore une idée précise du système qui, jusqu’à maintenant, permet aux coupables des plus hauts rangs d’échapper à la colère populaire.
[Crédit photo [La Pravda]]
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