Depuis plus d’une décennie, les Québécois baignent jusqu’au cou dans une crise majeure de confiance envers leurs élites et leurs institutions. La persistance même du phénomène est inquiétante.
Cette confiance durement minée de la population est toxique pour la démocratie québécoise. Même le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et l’Unité permanente anticorruption (UPAC) sont secoués par de graves crises internes.
Dans un climat aussi délétère, nos gouvernants auraient dû prendre le taureau par les cornes beaucoup plus fortement que l’ont fait Jean Charest et Philippe Couillard.
Vierges offensées
Experts dans l’art de jouer aux vierges offensées, les deux chefs successifs du Parti libéral ont préféré les demi-gestes au grand ménage qui s’imposait. En 2011, M. Charest a créé l’UPAC, mais comme celle-ci enquêterait entre autres sur le PLQ, il s’est assuré d’en nommer le commissaire, Robert Lafrenière. Il s’est aussi bien gardé de soumettre l’UPAC à un comité de surveillance.
Une fois au pouvoir, M. Couillard a reconduit le même homme à la tête de l’UPAC, dont le gendre, Martin Prud’homme, fut aussi nommé patron de la Sûreté du Québec. On se serait cru dans un gros village où les notables se nomment entre eux.
Espoir
La décision du gouvernement prise hier de catapulter le même Martin Prud’homme au sommet du SPVM pour le « redresser » tient du même réflexe. Faire débarquer un « vert » tout-puissant de la SQ pour discipliner les « bleus » du SPVM est pourtant la recette parfaite pour un gâchis ultime.
Rien de cela ne ramènera la confiance des Québécois. Rien d’étonnant à ce que leur quête pour un vaste « changement » au prochain scrutin ne pèche pas par excès d’optimisme.
Une éclaircie s’est néanmoins pointé le bout du nez. L’élection de Valérie Plante à la mairie de Montréal annoncerait-elle le début d’un éventuel renouveau des élites au Québec ? Croisons-nous les doigts...