Le scrutin d’aujourd’hui s’annonce comme un des plus chaudement disputés des dernières années : au moins 25 circonscriptions donnent lieu à des luttes serrées, souvent à trois candidats, en raison du regain de vie de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault.
Les chefs des quatre principaux partis ont lancé dimanche un ultime appel aux électeurs, au terme d’une campagne fertile en rebondissements. Le cliché voulant que « chaque vote compte » est plus pertinent que jamais.
L’issue du scrutin demeure incertaine, malgré le sondage Léger Marketing publié samedi donnant neuf points d’avance au Parti libéral du Québec (PLQ) de Philippe Couillard sur le Parti québécois (PQ). Le quart des électeurs peuvent encore changer d’idée, selon le coup de sonde mené pour les médias de Québecor.
La soirée électorale risque d’être longue. Tous les regards sont tournés vers 25 circonscriptions où la bataille s’était conclue par de faibles marges en septembre 2012. Deux des quatre chefs, François Legault (dans L’Assomption, en banlieue de Montréal) et Philippe Couillard (dans Roberval, au Lac-Saint-Jean), livrent une dure lutte pour gagner leur siège à l’Assemblée nationale.
Le Parti québécois devra mettre les bouchées doubles dans une douzaine de circonscriptions mettant en présence des candidats-vedettes. Au moins trois ministres — Diane De Courcy, Yves-François Blanchet et Réjean Hébert — sont engagés dans de très chaudes luttes. Le ministre Hébert, dans Saint-François, en banlieue de Sherbrooke (élu par 65 voix en 2012), croise les doigts pour qu’une partie des anglophones de sa circonscription appuie la CAQ plutôt que le PLQ, comme il y a 19 mois, sinon il risque la défaite.
La partie est loin d’être gagnée pour plusieurs autres candidats-vedettes ou députés péquistes, dont Léo Bureau-Blouin, Martine Desjardins, Gyslaine Desrosiers, Dominique Payette, Pierre Paquette, Djemila Benhabib, Simon Prévost, Denis Trottier, Daniel Breton, Luc Trudel, Serge Cardin, Suzanne Proulx Alexis Deschênes et Élizabeth Larouche.
Léo Bureau-Blouin, qui s’apprête à livrer une chaude bataille contre le candidat libéral Saul Polo dans Laval-des-Rapides, se dit « très serein ». « Les circonscriptions de Laval, et donc la mienne, c’est toujours très serré », reconnaît-il. Avant son arrivée en 2012, elle a été aux mains des libéraux pendant 10 ans et ceux-ci ont été précédés par un règne péquiste avec le député Serge Ménard. « J’ai été très conscient de ça dès le départ et je n’ai rien laissé au hasard. J’ai voulu être irréprochable dans mon travail de député. Je suis confiant de l’emporter parce que je suis convaincu d’avoir fait la différence », a-t-il dit en entrevue au Devoir.
Faire campagne pour devenir députée, ce n’est pas la même chose qu’être à la tête d’un groupe de pression étudiant, a constaté Martine Desjardins, la candidate du PQ dans Groulx, en banlieue de Montréal, qui est à égalité avec son adversaire caquiste. « Ç’a été très payant de voir que les gens me reconnaissaient [du printemps] 2012. Mais on ne se le cachera pas, c’est pas tout le monde qui était d’accord avec les idées qu’on défendait. »
De son côté, le PLQ de Philippe Couillard a ciblé une douzaine de circonscriptions où des gains demeurent à portée de main, dont celle de Sherbrooke, ancien fief de Jean Charest, que Luc Fortin tente de ravir au péquiste Serge Cardin. Les libéraux souhaitent aussi marquer des points dans la région de Québec, en Mauricie, à Laval et dans les banlieues de Montréal. Philippe Couillard a soutenu qu’un gouvernement majoritaire libéral est possible, malgré la remontée tardive de la CAQ.
Regain de vie caquiste
Le parti de François Legault lutte pour sa survie en tant que force politique, malgré un regain d’énergie indéniable depuis le dernier débat télévisé, à TVA. Au moins 12 des 18 élus caquistes se trouvent dans des batailles très serrées, dont cinq dans la région de Québec, considérée comme une forteresse pour le parti de M. Legault.
Il faudra surveiller le sort réservé à des piliers du parti comme Christian Dubé (Lévis), Nathalie Roy (Montarville) et Sylvie Roy (Arthabaska). Cette dernière compare la fin de la campagne électorale à un accouchement. Avec tout ce que cela comporte, des moments de joie intense aux périodes plus difficiles.
« Vous savez que vous allez accoucher, vous savez que ça va changer votre vie. Mais vous ne savez pas exactement à quoi vous attendre », illustre-t-elle.
Les dernières semaines ont été bien remplies. Sylvie Roy affronte un adversaire coriace, le libéral Luc Dastous, directeur général du Carrefour jeunesse-emploi d’Arthabaska depuis 2001, bien connu dans son milieu. La députée sortante affirme que la remontée de la CAQ dans les intentions de vote sur le plan national donne un avantage aux candidats dans les régions.
« Je suis le genre de fille qui aime envisager le pire afin de ne pas être déçue. Mais là, je ne peux pas résister. Je n’ai jamais vu ça, ce qui se passe en ce moment », explique la députée qui siège à l’Assemblée nationale depuis 2003 (sous la bannière de l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont, à l’époque).
Finalement, Québec solidaire mise sur Manon Massé pour remporter un troisième siège à l’Assemblée nationale, dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, au centre-ville de Montréal. Les députés solidaires, Amir Khadir et Francoise David, ont bon espoir de garder leur siège.
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Des circonscriptions à surveiller
Abitibi-Est, Arthabaska, Blainville, Charlesbourg, Crémazie, Groulx, Johnson, La Pinière, La Prairie, L’Assomption, Laval-des-Rapides, Lévis, Mille-Îles, Montarville, Montmorency, Nicolet-Bécancour, Portneuf, Roberval, Sainte-Marie-Saint-Jacques, Sainte-Rose, Saint-François, Saint-Maurice, Sherbrooke, Taschereau, Trois-Rivières, Vanier-Les Rivières
Une chaude soirée en perspective
Au moins 25 circonscriptions devraient donner lieu à des luttes serrées
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