La chef péquiste Pauline Marois affirme qu'elle sent toujours une « certaine sérénité » au sein du Parti québécois, malgré la démission cette semaine de quatre ténors du parti, dont certains ont ouvertement contesté son leadership.
Pauline Marois et son caucus
Pauline Marois et son caucus
« Honnêtement, si ce n'est des derniers évènements qui comportent beaucoup d'aspects qui sont difficiles à analyser encore, je dois dire qu'on avait retrouvé au Parti québécois une certaine sérénité, et que je la sens toujours présente », a affirmé la chef souverainiste, dans le cadre de son bilan de fin de session.
Mme Marois se dit prête à faire les choses autrement à l'avenir, mais maintient qu'il lui revient de mener ses troupes.J'ai une façon de faire qui respecte beaucoup les militants et les militantes. Je les consulte, je les informe, mais je suis aussi capable de prendre des décisions.
— Pauline Marois, chef du PQ
« On ne peut pas demander à un leader de suivre seulement ses troupes. Il faut qu'il leade ses troupes aussi. Et ça fait partie d'une responsabilité que j'ai à assumer », a ajouté Mme Marois.
« Le faire autrement? Mieux? Je suis prête à envisager tout ça. Reste qu'il y a des règles de base à côté desquelles on ne peut passer », a expliqué la chef du Parti québécois.
Démonstration d'unité, sans Stéphane Bédard
Contrairement à l'an dernier, où elle avait livré son bilan de fin de session en compagnie de son leader parlementaire, Stéphane Bédard, Mme Marois s'est présentée devant la presse entourée de son caucus.
« C'est les députés qui ont souhaité - honnêtement - qui ont dit : "on aimerait ça être à tes côtés demain, pour que les gens voient bien qu'on a le goût de travailler ensemble, qu'on est une équipe unie" », a expliqué Mme Marois.
« On est triste de ce qui vient de se passer - il n'y a personne qui est heureux de ça, je vous raconterais des histoires - mais on a la force de se ramasser et de se dire on veut aller de l'avant, au service des Québécois », a-t-elle ajouté.
M. Bédard, qui devait être présent, selon la première convocation officielle envoyée jeudi aux médias, était pour sa part absent, ce qui n'a pas manqué de soulever des interrogations.
Mme Marois a expliqué que son leader parlementaire était à Chicoutimi pour une « activité familiale » jeudi soir et qu'il venait probablement d'arriver à l'Assemblée nationale. « Politiquement, il n'y a aucun problème », a-t-elle assuré.
Prête à en découdre avec un gouvernement usé
Évoquant une rumeur qui circule dans les couloirs de l'Assemblée nationale, la chef du Parti québécois s'est dit prête à aller en élections dès l'automne, si cela s'avérait nécessaire.
« À cet égard, notre équipe à tout ce qu'il faut pour rentrer cet automne et avoir des élections s'il y a lieu. Nous serons, avec notre programme, préparés à répondre aux attentes et à proposer des projets pour un futur gouvernement du Parti québécois », a-t-elle dit.
Malgré les difficultés des dernières semaines, Mme Marois a dit avoir « réussi à redresser le tir et à retrouver le tonus que ça prend pour former le prochain gouvernement ».
Elle a défendu le programme de son parti, dont le « principal et vrai changement est de donner un pays » aux Québécois, mais qui contient aussi toute une série de propositions, notamment en matière de ressources naturelles et de langue.
Interrogée sur le député de Québec solidaire Amir Khadir, qui a réussi à capter l'attention des Québécois dans divers dossiers au cours des dernières semaines, Mme Marois s'est faite cinglante.
« Amir Khadir a sa façon de faire, mais honnêtement, un député qui propose que l'on... que la décroissance de l'économie... je ne suis pas sûr que ça va rencontrer les attentes et les besoins de la population du Québec », a-t-elle laissé tomber.
« M. Khadir lance dans toutes les directions, mais à un moment donné, il y a des gens qui vont lui demander un petit peu de cohérence », affirme-t-elle.
Mme Marois s'est peu attardée au parti que s'apprêterait à fonder son ex-collègue, François Legault. Rappelant l'engagement de son parti à déclencher une commission d'enquête sur l'industrie de la construction, elle a déclaré : « Je n'ai pas compris qu'un autre parti en gestation pourrait s'y pencher aussi ».
Mme Marois a par ailleurs démenti les informations du quotidien La Presse selon lesquelles elle ne souhaite plus assujettir les cégeps à la loi 101, tel que cela a été voté au Congrès du parti. Elle assure que cette idée sera bel et bien dans la plate-forme électorale du parti.
Critiques et propositions
Mme Marois n'a pas manqué l'occasion de fustiger le gouvernement libéral de Jean Charest, qu'elle a assimilé à un gouvernement « usé à la corde », et qui « manque de courage et de leadership ».
Elle a déploré une fois de plus sa décision de ne pas déclencher de commission d'enquête sur l'industrie de la construction, malgré l'infiltration de la mafia dans le secteur.
Mme Marois a en outre demandé une fois de plus la démission du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, pour sa gestion du dossier des procureurs de la Couronne et pour la libération récente de présumés motards criminels.
Elle a aussi accusé le gouvernement Charest de faire preuve de mollesse dans la défense des intérêts du Québec face à Ottawa et s'en est pris à son plan Nord. « Oui nous voulons le développer le Nord, pas le donner », a-t-elle dit.
Mme Marois a aussi souligné quelques bons coups de son parti. Elle a notamment mentionné une série de propositions visant selon elle à accroître les redevances versées par les minières, l'idée d'abolir les écoles passerelles et la possibilité de donner plus de pouvoirs aux pharmaciens afin de soulager le système de santé.
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