LIBRE-ÉCHANGE AVEC L’EUROPE

Une bonne affaire pour le Québec, dit Philippe Couillard

Des opposants à l’accord font entendre leur voix discordante à l’occasion d’un discours du premier ministre devant le Conseil du patronat du Québec

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Une bonne affaire pour les «tizamis», devrait-il dire

Alors que des manifestants protestaient contre l’accord de libre-échange Canada-Union européenne, demandant au premier ministre Philippe Couillard de veiller à ce qu’il ne soit pas ratifié, ce dernier a assuré qu’au contraire, cet accord était bon pour le Québec et qu’il espérait qu’il entre en vigueur le plus rapidement possible.

Ils étaient une cinquantaine à manifester sous la pluie battante, lundi midi, devant l’hôtel où le premier ministre du Québec prenait la parole à l’invitation du Conseil du patronat du Québec à Montréal. Ils avaient emmené avec eux un symbole, un grand cheval de Troie en bois, pour illustrer le fait que, selon eux, l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne est destiné à s’infiltrer en douce pour mieux nuire à l’économie et aux emplois d’ici.

En entrevue lors de la manifestation, Lucie Levasseur, présidente du SCFP-Québec (Syndicat canadien de la fonction publique, affilié à la FTQ), a dit craindre que cet accord ouvre la porte à la privatisation de services publics. « Cet accord-là a été décidé, écrit derrière des portes closes, sans jamais consulter les groupes qui seront sévèrement touchés par ça. Au SCFP, à la FTQ, ce qui me concerne moi, ce sont les secteurs municipaux, les villes, les hôpitaux, l’éducation qui, eux, vont avoir une grosse conséquence dans cet accord-là », a-t-elle dit. Elle a aussi cité l’industrie maritime. « Ça veut dire que n’importe quel marin européen pourra naviguer sur notre fleuve Saint-Laurent sans qu’il y ait de conséquences. Alors là, on parle vraiment de sécurité nationale ».

La syndicaliste a demandé au premier ministre Couillard de s’abstenir de signer cet accord ou, à tout le moins, de mettre les services publics à l’abri de ses dispositions. « Le Québec doit s’abstenir ; il peut le faire, parce que chaque province décide de ce qu’elle fait avec l’accord. C’est pour ça qu’on est là : on veut convaincre le premier ministre Couillard de demander à l’Assemblée nationale de ne pas signer cet accord-là et de se positionner contre, à moins qu’on décide de retirer de l’accord tout ce qui est services publics », a-t-elle plaidé.

Interrogé à ce sujet après son allocution, le premier ministre Couillard a au contraire vanté les mérites de cet accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. « On espère au contraire que cet accord soit signé le plus rapidement » possible, a-t-il répondu. Il a tenté de rassurer les détracteurs de l’accord en affirmant que les secteurs névralgiques avaient justement été placés à l’abri. « Il y a des domaines qui sont exclus, notamment le domaine de la santé, le domaine de la culture, le domaine des investissements stratégiques d’Hydro-Québec. »

Comme il l’avait fait dans son allocution, le premier ministre a souligné le potentiel de développement économique que représentait cet accord pour le Québec en lui ouvrant plus grand le marché européen. « Pour nos entreprises, on est 8 millions au Québec ; si on veut se développer, ça porte un nom : c’est l’exportation. Et c’est 500 millions de clients et de marché potentiel pour nous. Il faut absolument que ça se fasse », a-t-il martelé.

Dans son allocution, M. Couillard a aussi affirmé que si son gouvernement avait pris des mesures de redressement budgétaire — qui ont été critiquées et le sont encore — c’était pour redonner au Québec une marge de manoeuvre pour pouvoir faire des choix. Estimant avoir ainsi « fait ses devoirs » comme gouvernement, il a invité les gens d’affaires à faire leur part. « C’est maintenant à vous les entrepreneurs d’investir, de conquérir de nouveaux marchés et de créer des emplois pour les Québécois », leur a-t-il lancé.

Fait à noter, aucun manifestant n’a réussi à entrer dans la salle de conférence, comme cela avait été le cas lorsque M. Couillard avait pris la parole devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Et des manifestants avaient aussi réussi à interrompre le ministre des Finances Carlos Leitão et l’ex-ministre Yves Bolduc. Cette fois, la manifestation a été cantonnée à l’extérieur de l’hôtel.


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