Pour faire face au vieillissement de la population, qui provoque à la fois un manque de main-d’œuvre et le déclin du français et qui empêche le Québec de devenir un pays, il y a d’autres solutions que l’immigration massive. Véritable obsession des fédéralistes (pour qui la population immigrante est une clientèle électorale privilégiée), on pourrait régler tous ces problèmes en favorisant, dans un premier temps, la famille et la natalité, notamment par une politique fiscale plus généreuse et par un changement de mentalité et de valeurs qui placerait la famille et les enfants au cœur de notre société. C’est d’ailleurs ce que le démographe Marc Termote soutenait dans l’entrevue donnée à Anne-Marie Dussault sur les ondes de RDI dans la semaine du 6 juin. En effet, il n’a pas d’autre solution que de recommencer à faire des enfants pour éviter le déclin démographique et protéger la langue française et la culture québécoise à plus long terme.
En cette matière, la France est d’ailleurs une bonne source d’inspiration. Après la Première Guerre mondiale (1914-1918), où le pays avait perdu à peu près la moitié de ses hommes âgés dans la vingtaine et la trentaine, il y avait beaucoup de veuves et de femmes incapables de se marier du fait de la disparition de tous ces géniteurs. Le gouvernement français devait alors entreprendre, dans les années vingt ou trente du XXe siècle, de mettre sur pied une politique fiscale, familiale et nataliste qui devait s’avérer un succès. En effet, encore aujourd’hui, il n’est pas rare de rencontrer des Français qui ont trois ou quatre enfants et qui pourraient être un exemple à suivre pour faire face à la fois au déclin de la population et au déclin du français.
Fait intéressant à noter, au contraire du Québec, en France, il n’y a jamais eu de clergé pour inciter les femmes à avoir des enfants à tout prix ni Revanche des berceaux pour faire face aux étrangers. C’était et c’est toujours une politique nationale, fiscale et gouvernementale pour stabiliser la situation démographique en France. Pour les Québécois, cette solution permettrait de se donner les moyens de régler, à court, à moyen et à long terme, le vieillissement de la population, le manque de main-d’œuvre et le déclin du français.
En fait, il faudrait recommencer par faire nos propres enfants en valorisant la famille, ce qui ne poserait pas de problème en matière d’intégration et de francisation à court, moyen ou long terme. Comme les Québécois de souche forment près de 80% de la population, cela ne prendrait pas de temps avant que nous ayons une main-d’œuvre formée pour travailler en français et qui mettrait fin à la pénurie de main-d’œuvre, au vieillissement de la population ainsi qu’à l’immigration massive et mal contrôlée.
En effet, pour ce qui est de l’intégration d’une population en français, le problème devrait peu à peu se résorber et devenir inexistant à moyen et à long terme puisque (comme l’intégration des immigrants en français), la majorité des enfants serait élevée en français par tous ces francophones de souche qui forment la majorité de la population du Québec. Pour cela, les femmes constitueraient une partie de la solution mais à deux conditions. Elles pourraient contribuer davantage au marché de travail, si le gouvernement ouvrait non seulement plus de garderies mais devait aussi mettre sur pied des politiques mettant en valeur la famille et les congés de maternité et de paternité.
De toute façon, il n’y a pas un seul pays au monde qui s’appuie uniquement sur l’immigration pour contrer le manque de main-d’œuvre et le vieillissement de la population où les plus âgés sont toujours de plus en plus en nombreux tandis que les jeunes sont de moins de moins nombreux. Parmi les gens les plus âgés, il y a tous ces baby-boomers les plus âgés (1945-1955), qui commencent à prendre leur retraite et à avoir des problèmes de santé, et qui sont de plus en plus nombreux à peser dans la balance. En fait, si on ne rectifie pas le tir, notamment en les incitant à demeurer sur le marché du travail, la situation sera loin d’être rose et on va aller droit dans le mur si on considère tous les coûts supplémentaires que la population plus âgée va engendrer, notamment dans le domaine de la santé. En effet, pour régler le vieillissement de la population, tout comme le manque de main-d’œuvre et le déclin du français, il y a d’autres solutions que l’immigration massive.
Mieux encore, il y a d’autres bassins de main-d’œuvre potentielle comme les chômeurs, les assistés sociaux et les décrocheurs dans lesquels on pourrait puiser. On pourrait les former systématiquement (comme on le fait en Suède) en leur offrant une formation sur mesure pour qu’ils puissent réintégrer sur le marché du travail. En effet, en ce qui concerne la première moitié des assistés sociaux, qui constituent une main-d’œuvre potentielle et qui pourrait intégrer un emploi stable, il faudrait des programmes de formation qui leur permettraient d’occuper un emploi stable et payant. Ce qui n’est pas le cas pour la deuxième moitié des assistés qui cumule trop de problèmes personnels pour pouvoir occuper un emploi avec l’alcoolisme, la toxicomanie, les problèmes de santé mentale et les problèmes de santé physique. Quant aux chômeurs qui sont à peu près 200 000, ils représentent tout autant un bassin de main-d’œuvre considérable qui pourrait aussi contribuer au marché du travail grâce à une politique systématique de requalification et de formation, comme c’est le cas dans les pays sociaux-démocrates et scandinaves. Enfin, autre bassin de main-d’œuvre qui pourrait intégrer le marché du travail ce sont les décrocheurs que l’on pourrait former avec des programmes adaptés.
En fait, les besoins sont particulièrement dramatiques dans certains quartiers comme Hochelaga-Maisonneuve où il y a énormément d’assistés sociaux, de chômeurs et de décrocheurs et où les analphabètes sont très nombreux. Une de mes amies, qui a déjà travaillé dans un organisme communautaire, pour lutter contre l’analphabétisme, m’a raconté un jour l’anecdote suivante. Indignée par le fait qu’on faisait lire aux participants des articles de journaux (notamment du Journal de Montréal), celle-ci devait entreprendre de leur faire lire du Flaubert, du Proust et autres grands auteurs de la littérature française (et même québécoise). Son patron qui devait finir par être mis au courant de cette initiative allait faire venir mon amie dans son bureau pour lui passer un savon. Il s’est mis à lui expliquer qu’il était inutile de faire lire aux participants de la grande littérature parce que s’ils n’ont pas atteint un certain niveau d’abstraction à un certain âge (à travers la lecture et l’écriture), ils ne l’auront jamais et seront donc toujours incapable de lire leur propre littérature qu’elle soit française ou québécoise.
Louise Bérard
MA Histoire
DESS Sciences de l’éducation
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