Le constitutionaliste Benoît Pelletier, ancien ministre du gouvernement libéral, a soutenu devant la journaliste Anne-Marie Dussault de RDI, dans la semaine du 9 mai, que grâce à un article de la constitution canadienne de 1867 (l’article 93 ?) une certaine forme de bilinguisme devait être assurée au Québec. Selon ce spécialiste, on ne peut donc pas invoquer la loi 101 ou la loi 96 pour faire du français la langue tous azimuts au Québec, notamment dans les PME qui forment 90% des entreprises québécoises (après l’État qui est le plus gros employeur). Ces entreprises échappent effectivement déjà à l’application de la loi 101 pour la francisation puisqu’elles n’ont pas l’obligation d’obtenir un certificat de francisation, comme les plus grandes entreprises le font. Toujours selon M. Pelletier, le gouvernement du Québec ne peut pas lui-même refuser de communiquer en anglais avec sa clientèle puisque cela violerait aussi ce fameux article de la constitution assurant une certaine forme de bilinguisme au Québec. Pourtant, ce n’est pas si compliqué. Il faudrait seulement que ces citoyens allophones et anglophones puissent faire appel au service d’un traducteur et intermédiaire quand ils contactent les services gouvernementaux, qu’ils soient provinciaux ou municipaux, ce qui est déjà le cas pour les membres des communautés culturelles qui ne parlent ni français ni anglais.
Or, le fait de donner trois nouveaux cours en français (ou de français) dans les cégeps anglophones permettrait de rendre bilingue ou même trilingue tous ces jeunes qui sont issus de l’immigration en leur permettant de maîtriser la langue officielle du Québec. À l’exception des Canadiens Anglais qui bénéficient déjà de la « clause dite grand-père », qui leur permet de faire tout leur parcours scolaire en anglais, ces autres jeunes qui vont fréquenter les cégeps sont, soit allophones, soit francophones. En fait, malgré leur fréquentation des écoles primaires et secondaires francophones, les enfants d’immigrants issus d’anciennes colonies britanniques comme les Indiens, les Pakistanais et les Jamaïcains font le choix d’aller au cégep en anglais comme au collège Dawson, Vanier, John-Abot et le cégep régional de Champlain. Ce sont d’ailleurs ces jeunes d’origine étrangère qui insistent le plus à Montréal pour se faire servir en anglais dans les commerces et les services publics. Ces jeunes nous disent alors (lorsque l’on s’en plaint) que les deux langues officielles au pays sont l’anglais et le français et qu’on peut les utiliser indifféremment suivant les clients ou les employés. Quant au fait de contingenter le nombre d’élèves par cégeps anglophones (et notamment les francophones et les allophones), cela éviterait de faire en sorte que les jeunes issus de l’immigrations cessent de faire partie de la communauté francophone et éviterait que les francophones basculent eux-mêmes dans la communauté anglophone.
Enfin, petite anecdote. Quand j’ai suivi des cours d’anglais oral et écrit, comme étudiante libre à l’Université de Montréal dans les années 1990, une des chargées de cours, qui donnait un cours d’anglais et qui travaillait aussi à l’Université Concordia, m’avait dit qu’ils avaient énormément de problèmes dans cette université avec les étudiants allophones. Ceux-ci avaient de graves lacunes en anglais et l’Université avait décidé de donner à ces étudiants d’origine étrangère des cours d’appoint en anglais pour qu’ils s’expriment et écrivent plus couramment en anglais. Cette même chargée de cours m’avait aussi dit que très souvent ces jeunes subissaient la pression de leurs parents pour qu’ils aillent à l’université, même s’ils n’ont pas toutes les compétences linguistiques requises, notamment en anglais. Alors, imaginez ce qui se passe avec la maîtrise de la langue dans les cégeps anglophones avec l’anglais et pire encore avec le français.
Louise Bérard
MA Histoire
DESS Sciences de l’éducation
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