Le renseignement américain maintient ses accusations : la Russie s’est ingérée dans l’élection présidentielle. Une accusation grave, qui contraste avec la désolante légèreté de Donald Trump.
C'est encore la faute aux « médias malhonnêtes ». Ceux-ci auraient exagéré en affirmant que le président désigné, Donald Trump, défiait les services de renseignement. En réalité, il en est « un gros fan », gazouille le principal intéressé.
Ainsi va la politique américaine au temps de Donald Trump. Il passe du déni au cabotinage, de l’attaque à la complainte, du mépris à l’indifférence à l’égard des institutions publiques qu’il est censé servir.
Jeudi matin, lors d’une audition devant un comité du Sénat américain, James Clapper, directeur du renseignement, et l’amiral Michael Rogers, directeur de la puissante Agence de sécurité nationale (NSA), ont réitéré leur profonde conviction que « seuls les plus hauts responsables russes » ont pu autoriser le piratage du Parti démocrate durant la course à la présidentielle.
L’affaire est encore plus préoccupante qu’elle ne le semblait à première vue, et elle devrait alerter toutes les démocraties occidentales. La Russie de Vladimir Poutine aurait mené une campagne « aux multiples facettes » pour interférer dans l’élection présidentielle, en disséminant également dans les médias numériques de la propagande, de la désinformation et de fausses nouvelles (quoi d’autre !).
Ces tactiques seraient utilisées également en Europe et en Eurasie afin de « saper la confiance du public dans l’information, les services et les institutions », a dit M. Clapper.
Les preuves sont attendues d’une journée à l’autre. Sans doute pour convaincre leur détracteur public numéro un, Donald Trump lui-même, les responsables du renseignement ont l’intention de publier un rapport aussi détaillé que possible.
Il serait réducteur d’attribuer la montée du populisme et le ressentiment de peuples entiers à l’égard des élites à la seule influence obscure de la Russie. Le ras-le-bol des électeurs américains, le Brexit et la montée des Marine Le Pen de ce monde ne sont quand même pas tous des élucubrations du Kremlin.
Quoi qu’il en soit, les déclarations de MM. Clapper et Rogers amènent une preuve supplémentaire que le régime Poutine est passé maître dans l’art de la cyberguerre et la déstabilisation des régimes démocratiques.
D’ailleurs, les élus démocrates et républicains n’ont pas offert de résistance. À quelques exceptions près, ils ont rapidement compris que l’attaque contre le site du Parti démocrate ne relevait pas du simple fait divers. Il s’agit bien d’une interférence sans précédent d’une puissance étrangère dans l’élection présidentielle américaine. Le républicain John McCain a même demandé s’il ne s’agissait pas d’un « acte de guerre ».
Donald Trump n’a pas encore réagi à cette sortie commune des deux plus importants chefs du renseignement. Ses déclarations antérieures oscillaient entre le déni et la médisance. Sous le couvert d’une saine critique des institutions, il s’est lancé dans un travail de sape de ses propres services de renseignement qui servira davantage les intérêts de Moscou que ceux de Washington.
Les dénégations de M. Trump seraient plus plausibles s’il s’appuyait ne serait-ce que sur un iota de preuve. Au contraire, il se contente de croire sur parole Julian Assange, fondateur de WikiLeaks et responsable de la diffusion des courriels du Parti démocrate. M. Assange affirme que ses informations ne lui venaient pas de la Russie ou d’une agence étatique. Or, WikiLeaks est une organisation réputée pour ne pas enquêter à fond sur la provenance de son matériel.
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INGÉRENCE RUSSE AUX ÉTATS-UNIS
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