Un véritable choix de société

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Au fond, la gauche « souverainiste » veut la réélection de Trudeau parce qu'il est... de gauche !



Que se cache-t-il vraiment derrière la position dite « floue » d’Andrew Scheer sur l’avortement ? À deux mois des élections, la question se pose et mérite réponse. Elle le mérite parce que l’importance même du sujet place les Canadiens­­­ devant bien plus qu’un simple choix de parti politique.




Il s’agit ici d’un choix de société. L’égalité en droits des femmes n’est pas un sujet mineur. Elle contribue à définir ce que nous sommes. Or, il y a péril en la demeure. D’un côté, Andrew Scheer, chef du Parti conservateur du Canada (PCC), jure que s’il prend le pouvoir, son gouvernement ne rouvrira pas le débat sur l’avortement.




De l’autre, il permettrait toutefois à ses députés de présenter des projets de loi privés anti-libre choix à l’avortement. Ce qu’il a répété hier en point de presse. M. Scheer a beau s’inquiéter de l’impact négatif de la controverse sur son parti, sur le fond, son discours bouge peu. Même si c’était involontaire de sa part, un grand merci à Sylvie Fréchette, candidate vedette du PCC, d’avoir ouvert cette boîte de Pandore.




Si elle n’avait pas été désinformée par Alain Rayes, lieutenant québécois de M. Scheer, elle n’aurait jamais attiré l’attention sur le sujet en affirmant faussement que son chef ne laisserait pas ses députés déposer des projets de loi anti-choix.




Nuances majeures




La position d’apparence contradictoire d’Andrew Scheer rappelle celle de Stephen Harper, mais avec des nuances majeures. Sur le plan personnel, M. Scheer, un catholique très pratiquant, est d’un conservatisme social extrême. On le sait opposé au libre choix à l’avortement et au mariage gai.




Il est vrai que M. Harper laissait ses députés présenter des projets de loi privés anti-choix, mais c’était essentiellement pour des raisons stratégiques. Les mouvements anti-




choix issus de la droite religieuse constituant une part payante de la base électorale conservatrice. Ces projets de loi leur lançaient un os à gruger pour les garder bien fidèles au PCC.




Chez Andrew Scheer, le danger est plus concret. Primo, ses convictions personnelles rejoignent celles de la droite religieuse. Deuxio, la majorité de son caucus est anti-choix. Combinée à la religiosité du chef, c’est une force considérable d’influence à l’interne.




Prendre garde




Tertio, contrairement à l’ère Harper­­­, nous vivons dans l’ombre d’un puissant mouvement antiavortement américain. Lequel, sous Trump et en réaction antiféministe à la vague du #moiaussi, est déterminé à gagner son combat. Sur tous les plans, l’idéologie anti-choix gagne du terrain aux États-Unis. Les groupes canadiens de la même eau sont certes moins influents. Mais attention.




Leur membership se rajeunit. Ils ciblent activement les candidats anti-choix pour les appuyer. Ils profitent également de la mouvance américaine montante et de ses nombreuses ressources pour se mobiliser en vue du scrutin fédéral du 21 octobre.




Bien juché dans le coin droit de l’échiquier, Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada, parle même du « beau risque » qu’il y aurait à rouvrir le débat sur l’avortement. Comme quoi, les femmes ne doivent jamais prendre leurs droits pour acquis.






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