Un temps de bouffons

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Ce n'est pas parce qu'il y a des bouffons que c'est drôle

Cette semaine, je voulais vous parler de tout et de rien, mais je ne sais pas si c'est bienvenu de le faire. On dirait que lorsque je parle de la politique québécoise, les appuis sous forme de clics, de recommandation ou de «j'aime» sur Facebook s'accumulent rapidement, mais lorsque je parle d'un autre sujet, de Cuba, par exemple, bref, de quelque chose qui s'éloigne de nos discussions habituelles sur la politique québécoise, la langue, la charte des valeurs, là, ça ne fonctionne pas et vous ne me suivez plus.

D'ailleurs, mon patron n'aime pas trop quand je m'éloigne de ces thèmes, il dit que c'est pour parler de politique québécoise si je suis sur cette page. Je serais une sorte d' «ex» quelque chose (vous savez de quoi je parle), qui commente l'actualité sur Canoe.ca. Ça, c'est moi qui le dis et c'est ainsi que je me vois, par auto-appellation. Une sorte de Mario Dumont touche-à-tout ou de Claude Charron avant sa retraite ou de Jean-Pierre Charbonneau, qui vient justement d'être remplacé par Gilles Duceppe au «j'pus capable» Club des ex.

Mais surtout pas une Chantal Hébert que «j'pus capable» d'entendre à l'émission du matin à la radio de Radio-Canada, commentant aussi bien l'actualité politique québécoise que celle de la scène fédérale tellement remplie de palpitantes aventures. Vous avez remarquez comment elle a pris du gallon à Radio-Canada depuis la dernière campagne électorale québécoise? Les coulisses du parlement canadien à Ottawa lui semblaient trop étroites sans doute, voilà que ses patrons lui ont donné une nouvelle mission: dénigrer le Parti québécois et, par ricochet, le Bloc québécois. En attendant la venue du sauveur, Justin Trudeau.

Je pourrais me demander, par exemple, si c'est mieux un service de train léger pour le pont Champlain, plutôt qu'un service d'autobus. Mais je n'y connais rien en transports en commun et quand je les prends, c'est parce que c'est plus pratique, point à la ligne. Je ne vais pas donner mon opinion en faveur de l'une ou l'autre option, car je risquerais, en plus, de me faire accuser de favoriser l'étalement urbain. C'est vous dire dans quel pétrin je me mettrais, moi, pauvre insulaire de Montréal. Et c'est sans parler du pont Mercier dont la moitié appartient au Québec et l'autre moitié au fédéral et qu'il va falloir réparer par «ti-bouts»!

Sans blague, j'ai vécu cinq ans en banlieue parisienne. Tous les jours, je devais me rendre à Paris pour mon travail, et tous mes déplacements s'effectuaient en train, comme pour des centaines de milliers d'usagers. Tout fonctionnait très bien. Le système train-métro de Paris et de sa grande banlieue est un des plus efficace, y compris sa liaison ferroviaire jusqu'à Roissy et l'aéroport Charles-de-Gaulle.

Qu'est-ce qu'on attend, dites-moi, pour aller de l'avant? Un sauveur? Nous l'avons pourtant, notre Denis Coderre, qui veut faire de Montréal une zone franche bilingue. Avec, en prime, un abri Tempo à 350 000 $. Le prix d'une maison unifamiliale en banlieue, avec piscine hors terre et grand jardin pouvant recevoir jusqu'à 200 personnes comme à l'hôtel de ville de Montréal. Ce sont les sans-abris, cet hiver, qui vont être contents lorsque Denis premier va les inviter, dans le temps des Fêtes, comme le veut la tradition, à venir casser la croûte sur sa belle terrasse chauffée avec la chorale de l'accueil Bonneau. À moins que ce ne soit comme le Stade olympique et qu'il faille fermer l'endroit de peur que le toit enneigé ne s'effondre. Les fantômes de Roger Taillibert et de Jean Drapeau, c'est certain, hantent encore les couloirs de l'Hôtel de ville.

J'aurais aimé aussi vous parler des fromages, ceux d'ici et d'ailleurs, ces «délices fermentés» qu'évoque Umberto Eco dans son dernier livre, Construire l'ennemi. Vacherin, roquefort, reblochon, gorgonzola ou Riopelle de l'Île-aux-Grues, ils sont tous issus de lait «qui sent la putréfaction et évoque des moisissures et des émanations corporelles qu'en général nous nous échinons à éliminer par des bains de pieds et des bains de siège». Une telle description n'est pas de nature à nous ouvrir l'appétit, mais elle me ramène au chapiteau à Coderre, sur la terrasse de l'hôtel de ville.

Pourquoi ne pas y organiser une Grande bouffe et convoquer tous les petits amis pour un dîner convivial à 3600$ le couvert? Vous vous souvenez de ce film de Marco Ferreri, «où ingurgitation et évacuation vont de pair»? Ce ne sont pas les Don Vito Corleone qui manquent ici ni les grossiers personnages en voie de décadence. Quelle fin pathétique ce serait pour nos patroneux et autres zigonneux de fonds publics, réunis autour d'une même table sous le chapiteau à Denis! Et Falardeau fils pourrait filmer l'événement, le temps d'un deuxième Temps des bouffons.


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