Près de quatre mois après son dépôt, le rapport de la commission Charbonneau dormait sur les tablettes du gouvernement Couillard et semblait destiné à disparaître sous la poussière dans une pièce obscure du parlement.
Rassurés, bien calés dans le coussin douillet de leur majorité, les libéraux ronronnaient paisiblement, vraiment pas pressés de donner suite à ce rapport dilué par la dissidence du commissaire Lachance.
Depuis des mois, le bureau du premier ministre attendait, en vain, la réponse de différents ministères clés aux recommandations de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction (CEIC).
Et puis bang ! La semaine dernière, les libéraux se lèvent en apprenant que leur ancienne collègue Nathalie Normandeau, ex-vice-première ministre, a été arrêtée par l’UPAC et accusée de corruption, de complot et de fraude. Méchant « wake-up call », pour reprendre l’expression d’un proche conseiller de Philippe Couillard.
Pressés de questions, critiqués pour la lenteur de leur réaction et même pour leur laxisme et leur je-m’en-foutisme, les ministres concernés se sont soudainement activés et ont appuyé sur le bouton panique.
Trop peu, trop tard. La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, dépêchée jeudi matin pour calmer la grogne, a eu toute la misère du monde à énumérer lesquelles des 60 recommandations du rapport de la CEIC avaient, effectivement, été mises en application. Peut-être 10, peut-être une quinzaine, a-t-elle avancé, à tâtons, suggérant aux journalistes de faire l’inventaire eux-mêmes !
À quelque chose malheur est bon, se diront peut-être les libéraux pour se consoler d’un très mauvais début d’année 2016. L’électrochoc de l’arrestation de Nathalie Normandeau aura au moins eu le mérite de secouer le gouvernement de sa torpeur. Cela dit, la sortie maladroite de la ministre Vallée n’aura convaincu personne. Elle aura surtout servi à démontrer que ce gouvernement ne réagit que lorsqu’il y a crise, que lorsque ça chauffe.
Un constat s’impose à l’approche de la mi-mandat (14 avril) : le gouvernement Couillard souffre d’un manque chronique de cohésion et de direction, comme un bateau sans gouvernail poussé aléatoirement au gré des flots.
Quant au plan de communication du gouvernement, on le cherche encore après deux ans. Remarquez, il est difficile d’avoir un plan de communication lorsque le message est confus, lorsque les objectifs sont flous, lorsque les priorités changent au fil des crises et, surtout, lorsque le premier ministre n’arrive pas à imposer le rythme à ses troupes.
Ils ne sont pas faciles à suivre, les libéraux. Un jour, c’est la rigueur budgétaire, le lendemain, on réinjecte en catastrophe de l’argent en éducation ; un jour, le premier ministre vante les vertus de l’exploitation pétrolière, le lendemain, il veut sevrer le Québec du pétrole pour revenir, le surlendemain, à la position initiale ; un jour, c’est l’économie avant tout, le lendemain, surprise, c’est l’éducation.
À défaut de plan, l’improvisation est en train de devenir la marque de commerce de ce gouvernement. On l’a vu avec la réponse bâclée à la CEIC, mais on constate la même chose avec Uber, avec Bombardier, avec Aveos, avec Anticosti, sans oublier les explications confuses de Lise Thériault sur le féminisme, et les débordements grossiers du ministre Gaétan Barrette.
On l’a vu, aussi, lorsque la même ministre Vallée s’est empêtrée dans la valeur juridique des mariages religieux (elle a été rudement désavouée par son chef) et lors de la défense de son projet de loi contre la radicalisation, qui a viré en débat fondamental sur la liberté d’expression.
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