Curieux personnage que ce maire de Québec qui, devant l'idée d'une commémoration de notre défaite devant les Anglais sur les plaines d'Abraham, se contente de dire que puisqu'il ne s'agit que d'un spectacle, il va évidemment y assister et que, pour le moment, «on peut-tu parler d'aut'chose», a-t-il solennellement déclaré, il y a de cela quelques jours à peine! Comme si l'objet du «spectacle» n'avait pas d'importance...
Comme si, surtout, ce type de commémoration, ce «spectacle» n'aurait de sens que dans une perspective divertissante. Comme si cela ne parlait de rien. C'est bien mal comprendre le rôle de toute représentation, comme si l'insignifiance devait caractériser cette forme de compte rendu.
Un autre dirigeant, un empereur chinois dont je ne me rappelle plus le nom, avait jadis fait peindre sur un mur, près de sa chambre à coucher, des chutes d'eau. Il a demandé à ce qu'elles soient enlevées, le bruit de l'eau l'empêchant de dormir... Il comprenait, puisqu'il le vivait, le sens, la fonction et l'effet des représentations.
Le spectacle de notre défaite sur les Plaines ne peut pas être innocent, ne peut pas n'être qu'un divertissement, et son bruit, son vacarme, à l'instar des chutes de l'empereur chinois, pourrait peut-être en réveiller plus d'un, de ceux qui comprennent qu'on ne rie pas avec les représentations. Il vaut sans doute mieux, quelquefois, en pleurer. De rage.
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Jean Lauzon, Le 25 janvier 2009
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Curieuse mémoire
De nombreux Anglais sont surpris de débarquer en France et de voir les rues, les places, les gares porter des noms de défaites, Austerlitz, Wagram, Pyramides, Arcole ou Valmy alors que chez eux les places et les gares portent des noms de victoires, Waterloo Station, Trafalgar Square. Et d'ailleurs, c'est très curieusement le sentiment inverse qu'éprouvent les Français en arrivant à Londres.
Que l'on aime ou pas, les peuples ont besoin de mémoire et de symboles pour jalonner leur route et marquer leur identité. C'est pourquoi dans toutes les villes et villages de tous les pays du monde se trouvent des lieux publics portant les noms de héros ou d'événements marquant positivement la culture collective de ce peuple précisément.
Ces mêmes héros, ces mêmes événements seront sources de cauchemar, de révolte, voire de haine pour d'autres peuples. On imagine un proche d'une victime du World Trade Center passant devant une plaque à la gloire d'Oussama ben Laden quelque part au Pakistan.
Au Québec ou plutôt au Canada, sur les plaines d'Abraham, terrain fédéral, la petite rue, en fait une impasse -- est-ce un signe? -- allant de Grande Allée au monument de Wolfe s'appelle rue Wolfe/Montcalm. Nulle part au monde un tel anachronisme ne serait possible. Aucune rue Churchill/Hitler, à Manchester ou à Cologne, pas de place Mao Zedong/Tchank Kai Chek, à Beijin ou à Taïpe, pas de boulevard Lee/Grant à Altanta, à Gettysburg ou Chicago, aucune trace de compromission historique Castro/Battista, à la Havane. Les Anglais ont vaincu les Français, c'est ça l'histoire, c'est ça la mémoire. La paix, le calme, l'unité, c'est après, dans une autre dimension.
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Daniel Creusot, Le 23 janvier 2009
1759-2009 - 250 ans de bonheur canadian...
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