Un tribunal militaire israélien a déclaré mercredi coupable d’homicide volontaire un soldat franco-israélien accusé d’avoir achevé un assaillant palestinien blessé, après des mois d’un procès exceptionnel qui divise profondément ses compatriotes.
Les juges devraient prendre plusieurs semaines avant de prononcer leur peine contre le sergent Elor Azaria, 20 ans, qui encourt 20 ans de prison. Il est le premier soldat israélien convaincu d’homicide volontaire depuis 2005, selon la presse.
Le soldat est jugé depuis mai 2016 pour avoir tiré une balle dans la tête d’un Palestinien apparemment hors d’état de nuire après avoir attaqué des soldats israéliens.
Le jugement, couvert en direct par les grandes chaînes de télévision, a continué à mettre en lumière les profondes lignes de fracture causées par l’affaire, entre ceux qui plaident pour le respect par l’armée de valeurs éthiques et ceux qui invoquent le soutien dû aux soldats confrontés aux attaques palestiniennes.
Des accrochages ont éclaté entre des dizaines de jeunes partisans du soldat et les forces de l’ordre à l’extérieur du quartier général de l’armée où le tribunal statuait. « Le peuple d’Israël n’abandonne pas l’un de ses soldats sur le champ de bataille », proclamait une pancarte.
Dans un pays où l’armée est à la fois une institution incontournable et un facteur d’unité, des milliers d’Israéliens ont pris fait et cause pour le soldat, lors de manifestations ou sur les réseaux sociaux.
« On l’envoie nous sauver, il nous sauve. Quelqu’un arrive, il attaque un soldat et [Elor Azaria] lui tire dessus. Et on l’envoie en prison », s’est indigné Moshe Grin, 19 ans, manifestant à Tel-Aviv.
Un procès qui ne fait pas unanimité
Le dossier Azaria a opposé l’état-major, qui a poussé à ce qu’il soit jugé, à une grande partie de la droite et des personnalités de premier plan.
« Ce procès n’aurait jamais dû avoir lieu », a déclaré la ministre de la Culture Miri Regev. Elor Azaria est « notre fils, notre enfant », a-t-elle ajouté, et il aurait dû faire l’objet de mesures disciplinaires au sein de son unité.
Avigdor Lieberman, qui avait soutenu le soldat avant de devenir ministre de la Défense, a dit ne pas aimer le jugement, mais a appelé à le respecter et « à cesser de s’en prendre » à l’armée.
Elor Azaria avait été filmé le 24 mars 2016 par un activiste propalestinien de l’ONG B’Tselem alors qu’il tirait une balle dans la tête d’Abdel Fattah al-Sharif à Hébron en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’armée israélienne.
Ce jeune homme de 21 ans venait, avec un autre Palestinien, d’attaquer des soldats au couteau. Atteint par balles, il gisait grièvement blessé et ne posait apparemment plus aucun danger. Son complice était semble-t-il déjà mort.
Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël étaient alors en proie à une vague de violences quasiment quotidiennes.
Plaidoyer de non-culpabilité
Elor Azaria plaide non coupable. Il pensait que le Palestinien dissimulait sous ses vêtements une ceinture d’explosifs, ont expliqué ses avocats. Ils ont aussi argué, contre les conclusions de l’autopsie, que le Palestinien était déjà mort quand le sergent avait tiré.
Mais la présidente de la cour, le colonel Maya Heller, a mis à bas toutes les lignes de la défense. Elle a retenu les versions fluctuantes de l’accusé et les témoignages selon lesquels il avait déclaré sur place que le Palestinien méritait de mourir. Elor Azaria savait ce qu’il faisait et c’est bien son tir qui a tué le Palestinien, mort « inutilement », a-t-elle dit.
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