Un recul du français?

L'avenir à long terme est dans l'intégration des immigrants, et sur ce plan tous les espoirs sont permis.

Francisation "accélérée" ou sélection à la source d'immigrants francophones ?



Le verre est à moitié vide: la proportion de Québécois de langue maternelle française a légèrement diminué.


Le verre est à moitié plein: le français progresse au Québec, grâce à la francisation accélérée des immigrés.
Cette semaine, l'opposition a choisi de ne regarder que le verre à moitié vide, pendant que le gouvernement regardait, lui, le verre à moitié plein. Tout cela est de bonne guerre mais l'on s'étonne, quand même, des clameurs quasi hystériques de l'opposition, qui voit dans le dernier recensement le signe inéluctable d'un recul du français au Québec.
On le sait, le thème de la survie du français est toujours un «bon vendeur», politiquement parlant. C'est en jouant sur ces notes-là que le PQ a effectué une remontée dans le dernier CROP. Désormais privé de son thème porteur - la souveraineté -, le PQ se rabat sur des thèmes identitaires, au risque de déclencher bien des dérives.
Il fut une époque où il fallait sonner l'alarme, c'était l'époque où les immigrants s'anglicisaient par l'école. Or, de nos jours, le taux de francisation des immigrants, en hausse constante depuis les années 70, atteint maintenant les 75%. C'est un bilan remarquable, en grande partie dû à la loi 101 dont le plus grand mérite a été de diriger tous les enfants immigrés vers l'école française. Les péquistes devraient s'en réjouir, la loi 101 étant leur oeuvre.
Si les cris d'alarme reposent sur des données biaisées, on n'aide pas la cause du français.
Recul du français? Tout dépend où. Le recensement montre qu'en dehors des concentrations du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario, les minorités françaises du Canada se dirigent lentement mais inexorablement vers l'assimilation à long terme, parce qu'elles n'ont ni la force du nombre ni la force économique.
Mais la survie du français en Amérique ne passe pas par Calgary et Toronto. L'important, c'est ce qui se passe au Québec. Or, si la proportion des Québécois de langue maternelle française y a (très légèrement) diminué, ces derniers forment toujours, partout au Québec y compris dans la grande région métropolitaine, l'écrasante majorité. Malgré leur faible taux de natalité, les «nous» ne sont pas à la veille de disparaître! L'avenir à long terme est dans l'intégration des immigrants, et sur ce plan tous les espoirs sont permis.
Quelques esprits ronchonneurs se sont empressés de souligner que si l'usage du français est si répandu chez les immigrants, c'est parce qu'une bonne partie d'entre eux parlaient déjà français à l'arrivée. Exact. Et alors? Qu'ils aient appris le français au Québec ou au Maroc, où est le problème? Cet afflux de nouveaux francophones est dû en partie aux politiques de sélection pratiquées par le Québec - encore une chose dont on devrait se féliciter, non?
À Montréal, centre névralgique de l'intégration des immigrants, le français reste la langue parlée dans la majorité des foyers (54,2%). Au-delà des ponts, dans la grande région métropolitaine, 64,9% des habitants sont de langue maternelle française À qui la faute, si tant de descendants de Maisonneuve quittent la ville pour la banlieue, abandonnant du coup le centre de la métropole aux immigrants?
Si cette tendance se maintient, ces derniers côtoieront de moins en moins de francophones de souche. Par l'école, ils apprendront la langue, mais ce sera une langue dissociée de la culture québécoise. Ils parleront français, certes, mais n'auront pas d'amis, de collègues, de conjoints «de souche».
Faudrait-il, comme le veut le PQ, étendre la francisation aux entreprises de 25 à 50 employés? Il faudrait d'abord voir quels seraient les effets secondaires d'une pareille politique sur l'emploi, de même que les risques que des contraintes trop rigides dissuadent les immigrants les plus qualifiés de s'installer et d'investir au Québec.
Faudrait-il forcer les immigrants à fréquenter des cégeps francophones? Mais alors, la même mesure devrait s'appliquer aux francophones de souche!
Après avoir fait son primaire et son secondaire en français, ne maîtrise-t-on pas assez bien la langue pour pouvoir s'immerger quelques mois en milieu anglophone? Les immigrants veulent apprendre l'anglais, c'est normal. (En fait, le miracle, c'est que 60% d'entre eux vont librement au cégep francophone!).
Face à ces jeunes allophones qui seront bilingues ou trilingues, face aux jeunes anglophones dont les trois quarts sont bilingues, les francophones, dont le recensement nous dit que les deux tiers sont encore unilingues, seront effroyablement défavorisés. C'est un «pensez-y-bien».
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