Un Premier ministre catastrophique et royal

Chronique de José Fontaine

Il y eut au milieu des années 2010 (1), un intéressant colloque sur les cultures régionales en Europe à l'Hôtel de Ville de Mons dont le Premier ministre belge Elio Di Rupo est le bourgmestre - dit «empêché» du fait de sa fonction actuelle, dans les si étranges moeurs et le si étrange vocabulaire politique wallons - depuis des lustres. Chaque participant avait 20 minutes pour faire sa communication. Après quoi le débat s'instaurait dans la salle.
L'attitude de Di Rupo à un colloque des années 2000
Il y avait des gens prestigieux dans les intervenants, mais tous s'en tinrent à cette règle des 20 minutes. Le Maître des lieux, Elio Di Rupo, absent jusque là, apparut à 11 h précises, prit longuement la parole et s'en ira immédiatement après, sans avoir écouté personne d'autre que lui-même. Il se lança dans un discours d'une heure durant lequel il développa une idée qui était assez étrangère à l'objet du colloque. Il expliqua que, responsable de la Wallonie, il l'était également, par ses fonctions de Président de parti, de la Communauté Wallonie-Bruxelles mais aussi de Bruxelles, de l'Etat fédéral belge et au-delà de l'Etat fédéral belge, de l'Europe (probablement du Monde aussi...). Il admettait que chacun - le vulgum pecus - , aux places qu'il occupait, pouvait avant tout (ou d'abord) se soucier, tantôt de la Wallonie, tantôt de Bruxelles, tantôt de la Communauté française mais que, à la place qu'il occupait, comme Président du parti socialiste belge francophone (soit wallon et bruxellois), il se devait de faire la synthèse. C'était là clairement une leçon: occupez-vous de votre Wallonie, je ne suis pas contre et m'en préoccupe aussi, mais je ne m'y limite pas. Et je trône dans une synthèse qui ne peut qu'englober les particularités que vous représentez et que je puis affectionner par ailleurs des lointains sommets d'où je vous contemple. Cela dit, le Président di Rupo nous quitta avec le grand sourire qu'il arbore en toutes circonstances. Il n'avait écouté personne, personne ne put lui poser de questions. Que pouvait d'ailleurs faire d'autre la Synthèse vivante qu'il incarnait? Tel Napoléon, vu par Hegel décrivant Bonaparte, après je ne sais plus quelle victoire de l'Empire, comme «l'Esprit du Monde sur son cheval».
Ce n'était pas une caricature mais une analyse de la façon...
Ce que je viens d'écrire n'est PAS une caricature. L'analyse que je fais ici part d'une personne et la met en cause, certes, mais d'abord pour mettre en cause un système. Dans ce système, l'homme Di Rupo est au fond quelqu'un d'estimable et de compétent, il faut que je le souligne, c'est le système qui est haïssable et même profondément répugnant.
Ce système c'est celui des partis politiques en Wallonie et à Bruxelles, tel que des hommes d'expérience politique longue l'ont analysé dans ce texte court et lumineux. (Si je l'ai signé c'est parce que je l'ai seulement mis au calibre journalistique) On se reportera au texte dont je viens de donner le lien pour bien comprendre l'étendue du pouvoir des Présidents (mettons un P majuscule!) de partis en Wallonie et à Bruxelles (qui devient à cause d'eux de plus en plus une indistincte Belgique francophone sans espaces publics identifiables, indifférenciée et a-démocratique). Certes, la Belgique est devenue fédérale. Certes, le fédéralisme crée justement (en principe!), des espaces publics distincts dans lesquels on s'attendrait à ce que des hommes et des femmes s'engagent face à une collectivité constitutionnelle, un «nous constitutionnel» comme on le dit si bien au Québec. En fait, il n'en est rien. Et ce mal frappe plus la Wallonie que Bruxelles, il gangrène bien plus la Communauté Wallonie-Bruxelles que la Flandre.
...dont la classe politique parvient à se garder de tout contact démocratique
En 1990, j'avais rencontré Robert Collignon (le principal auteur du texte «court et lumineux» dont j'ai donné le lien dans le paragraphe précédent), qui m'avait dit alors que l'élection directe des députés wallons au Parlement de la Wallonie allait enclencher une dynamique démocratique wallonne irrésistible. Pendant des semaines et des semaines, me disait-il, le sort de la Wallonie allait être constamment débattu dans l'espace public et de ces débats - c'est d'ailleurs cela la merveille de la démocratie, du moins la merveille possible - allait naître une vraie communauté de citoyens. Cette prédiction me semblait parfaitement raisonnable. J'y ai cru.
Elle s'est avérée fausse. Les partis francophones implantés par définition en Wallonie - mais aussi à Bruxelles - y mènent des campagnes électorales certes intenses, mais où ils ne font que s'opposer les uns aux autres au nom d'une idéologie à laquelle ils ne croient plus vraiment (qui garde cependant quelques restes). Ces élections, de campagne en campagne, n'ont jusqu'ici guère modifié le rapport des forces entre eux. Elles n'évoquent que très peu - voire même pas du tout - leur enjeu pourtant légal et constitutionnel, par exemple, pour citer le plus grand d'entre eux, le destin de la Wallonie dans les cinq ans à venir. Je n'oserais même pas vraiment répondre (face à l'objection que le mot «destin» serait exagéré), qu'il y aurait un débat sur ce qu'il faut faire en Wallonie. Ce n'est pas vraiment de cela dont il est question, pas au premier plan en tout cas, même pas au deuxième et, au fond, à nul autre plan. Les élections dites régionales en Belgique ont lieu dans les trois grandes Régions du pays tout à fait en même temps et, d'ailleurs, en même temps que les élections européennes (l'indifférence à l'égard de celles-ci bat tous les records : personne ne connaît le nom des députés dits «européens» élus (2)). Ce que l'on mesure au soir de cet exercice, ce n'est nullement son aspect citoyen dont Collignon rêvait et moi aussi : nous avons espéré et lutté en vain, mais pas que nous deux seulement! hélas!
Ce que l'on mesure donc, au soir des élections, c'est la force respective des partis dans l'ensemble de la Belgique francophone (pas du tout ce que cela signifie pour le destin de la Wallonie et à peine pour celui de Bruxelles : si on le faisait, le cordon sanitaire que placent les partis pour se protéger de la démocratie serait détruit!), et dans l'ensemble du pays. Ce sont les Présidents de partis qui décident alors ensemble de la formation des gouvernements respectifs, à la tête de la Wallonie, à la tête de la Communauté française (qui regroupe Bruxelles francophone et la Wallonie pour les matières culturelles et scolaires eh! oui! il y a un deuxième gouvernement uniquement pour cela), et à la tête de la Région de Bruxelles-capitale. Où cependant existe une composante flamande autonome de la composante francophone majoritaire ce qui explique que l'expression citoyenne à Bruxelles soit un peu moins étouffée par la présidentocratie qu'en Wallonie et dans la Communauté. Ils agissent de la même façon, cette fois avec leurs collègues flamands, au soir des élections fédérales (et là la citoyenneté bénéficie encore des prestiges illusoires mais qui fascinent encore d'un Etat souverain et monarchique).
On l'a compris : les électeurs, surtout wallons, sont mis quasiment dans l'impossibilité de distinguer les enjeux (qui pourtant sont différents et même très différents), puisque tout est mélangé dans une confusion extraordinaire. Tout est «maché» dirait-on de manière plus crue en wallon.
Bien sûr il y a un Gouvernement et un Parlement wallon, mais...
Certes, il y a un gouvernement wallon, mais dont les membres sont désignés par les partis puis acceptés par la plus extraordinaire chambre d'applaudissements de toute l'Europe, le Parlement wallon. Y siègent en grand nombre des parlementaires suppléants (qui remplacent les élus qui deviennent ministres dans les différents gouvernements du pays), plus dépendants encore des chefs de partis qui les ont également placés sur les listes (mais au rang de premier, deuxième, troisième suppléants .. et ainsi de suite). Ce qui s'affrontent dans les circonscriptions en Wallonie, ce ne sont donc pas des candidats pour un seul siège de député (comme au Québec, en France, en Angleterre), mais des listes opposées dont chacune peut permettre l'élection de 3, 5, 7... députés - ou plus - selon l'importance du parti et de la circonscription (je parle surtout de l'importance électorale du parti, car ce sont avant tout des machines à gouverner presque sans projet véritable). Un tel système aggrave encore cet étouffement de la démocratie, puisque les élus dépendent des partis, très peu de leur popularité dans leur circonscription : un politologue comme Jean-Marc Ferry va jusqu'à dire qu'un tel système rompt le lien de représentativité entre le parlementaire et le peuple. Je pense que Jean-Marc Ferry qui vit en Belgique ne s'était pas rendu compte en disant cela qu'il condamnait ipso facto la démocratie belge.
Les mandataires wallons (ministres et députés), ne sont donc pas perçus dans la population comme des mandataires wallons, pas d'abord en tout cas. Ils sont perçus comme les créatures (même si ce mot est peut-être trop fort), des partis politiques. Les Wallons ont un Président, mais je doute qu'ils disent souvent «le Président wallon». Ils ne disent sans doute jamais «notre Président», car effectivement ce n'est pas le leur, c'est celui du parti politique qui l'a nommé dans cette case. Il y a bien sûr des politologues en Belgique, des analystes dans les médias, un Centre de recherches et d'informations socio-politiques (CRISP), dont l'intelligence et le talent sont bien supérieurs au mien. Mais on peut comprendre qu'ils ne peuvent pas faire l'analyse que je viens de faire. Ils préféreront dire, par exemple, que le sentiment wallon d'appartenance est faible. Ou que les Wallons s'identifient plus à la Belgique dans son ensemble ou à la Belgique francophone qu'à la Wallonie. Ou ne s'intéressent plus à au public wallon grâce auquel ils sont payés, ainsi va la vie.
Mais comment en serait-il autrement puisque plus personne ne sait qui est qui dans cette énorme confusion résultant du fait que les présidents de parti commencent par tout «macher»? Ils laisseront dire - une critique fort répandue dans la population dont la portée est plus perspicace qu'il n'y paraît, je l'avoue, car longtemps je ne l'ai pas comprise - qu'il y a «trop de gouvernements en Belgique» ou qu'il y a «trop de ministres». En fait il suffit d'additionner le nombre de ministres du Québec (26 ministres), du Nouveau-Brunswick (17 ministres), de la Nouvelle-Ecosse (13 ministres), de l'Île du Prince Edouard (11 ministres), du Grand-Duché de Luxembourg (12 ministres pour 500.000 habitants), pour avoir bien plus de ministres que n'en compte la Belgique - Etats fédérés + Etat fédéral - pour une population supérieure (la somme des entités citées - en dépit de l'importance du Québec - est encore inférieure à la population belge globale, qui est de près de 11 millions d'habitants).
... la population - à tort et pas à tort - , ne les prend pas au sérieux
Il y a quelque chose de sensé dans l'observation de la population belge - et surtout wallonne car en Flandre le rapport de la population avec le Gouvernement flamand et le parlement flamand se rapproche bien plus du rapport entre un « nous constitutionnel» et ses «serviteurs» (étymologiquement c'est ce que signifie le mot «ministre»); le Président flamand par exemple y est perçu comme aussi important qu'un Président de parti, ce qui ne sera jamais le cas d'un président (gardons le p), wallon. En effet, ce que l'on observe directement en Wallonie, ce ne sont pas des élections qui aboutiraient à la désignation de responsables face à un espace public, une population voire un peuple distinct. C'est même le contraire pourrait-on aller jusqu'à dire. Lors de ces élections très nombreuses et simultanées (simultanément dans les entités fédérées ce qui ajoute à cette impression que donne le verbe wallon «macher», mélanger), on assiste à un vaste «dispatching» organisé par les présidents de partis. Ils dispatchent (un mot anglais convient pour cette drôle de besogne), leur personnel politique entre plusieurs gouvernements qui semblent n'être finalement qu'un seul Machin divisé en quatre sous-gouvernements: pour la Belgique francophone : le wallon, le bruxellois, celui de la communauté française et celui de l'Etat fédéral. Mais ce système qui fera périr la citoyenneté en Wallonie et la Wallonie elle-même s'est encore aggravé ces derniers mois du fait de la présence à la tête de l'Etat belge du Premier ministre Elio Di Rupo qui - vraiment pour le malheur de la Wallonie - est un Wallon.
Un premier ministre belgo-flamand de droite
Lisons Le Soir du 26 décembre, p. 16 : « Les ministres viennent à peine de prêter serrment entre les mains du Roi. Chacun cherche un peu sa place, le 6 décembre à la grande table ronde du Seize, rue de la Loi. Le tout nouveau Premier Ministre, Elio Di Rupo préside son premier Conseil des ministres. Il prend la parole. Son intervention est quelque peu solennelle. Il y va de la survie des familles politiques traditionnelles en Flandre. Il s'agit bien là de sa priorité absolue «Nous devons tout faire pour soutenir les partis flamands de la majorité, pour leur faire gagner les prochaines élections. Nous devons être parfaitement conscients que leur position n'est pas facile. Nous leur sommes redevables de l'effort qu'ils ont fait.»» La raison d'être d'une telle déclaration - sans précédent dans notre histoire - est la suivante : il y a en Flandre un parti nationaliste qui semble (mais à mon sens on cherche aussi à se faire peur à propos d'une menace qui n'en est pas une), menacer l'existence du pays et auquel les sondages prédisent jusqu'à 40% des voix en Flandre. Empêcher que ce parti ne gagne est donc devenu la priorité d'Elio Di Rupo (le paradoxe, un de plus, c'est que certains de ces partis flamands sont finalement très proches des objectifs de la NVA).
Il y a dans cette déclaration quelque chose de profondément méprisant pour le reste du pays (sa synthèse est très incomplète). Elio Di Rupo est tout de même aujourd'hui le chef du gouvernement de l'ensemble des Belges et il assigne comme finalité principale à ce gouvernement l'obtention d'un résultat électoral dans la seule Flandre. Le système de la présidentocratie aboutit là à quelque chose de parfaitement insensé que personne ne dénonce cependant. Tellement on y est enfoncé jusqu'au cou.
Du côté wallon, principalement (la moitié de la superficie du pays et le tiers de sa population), les choses comme je viens de le montrer sont bloquées. A vue humaine on doit dire qu'il ne se passera rien en Wallonie avant longtemps. C'est d'ailleurs le calcul que fait le Premier ministre belge qui, contrairement à une tradition propre au système particratique belge, n'a pas démissionné de son poste de Président du parti socialiste. Il en reste le Président en titre, momentanément «empêché» (revoilà le mot...), et y a nommé un intérimaire, non sans qualités, mais qui est en outre président du groupe socialiste à la Chambre fédérale. Cet homme, peu importe sa valeur, est donc seulement - à nouveau, il n'y a que cela en Wallonie - un suppléant! On pourrait aller jusqu'à dire, certes en forçant exagérément le trait - mais expliquer c'est toujours exagérer un peu - un homme de paille! Et toujours en exagérant (mais de manière trop exagérée? je ne le pense pas), que nous sommes tous devenus en Wallonie des hommes de paille : ministres, députés et citoyens.
C'est tellement vrai que pratiquement tous les jours, tous les médias nous disent en parlant de l'échéance des élections communales d'octobre de cette année, que leur enjeu principal sera le score du parti nationaliste flamand, la NVA, en Flandre. Il risque de s'emparer de la direction de nombreuses villes flamandes. En coalition d'ailleurs avec les partis que Di Rupo veut défendre à la tête de son gouvernement belge. C'est tellement vrai que, pratiquement tous les jours aussi, les analystes nous disent, pour les élections régionales de 2014 (qui seront aussi des élections fédérales), que la seule chose qui importera au cours de cet exercice citoyen que sont toujours des élections seront ces élections mais dans la seule Flandre. Puisque la NVA menace également à cette occasion d'y faire un tabac.
Pourquoi donc irait-on voter en Wallonie? Pour les élections communales, passe encore, car l'emprise de partis peut parfois y reculer devant des contextes locaux dans un vieux cadre politique, doté d'une légitimité que lui vaut son ancienneté. Mais pour les élections régionales et fédérales? Tout le monde nous dit que ce n'est pas en Wallonie que les choses se joueront. D'ailleurs, à la plupart des émissions politiques réalisées avec des journalistes dans les grands médias nationaux, on invite généralement des journalistes bruxellois et flamands, parfois aussi français. Les rares journalistes wallons n'y sont presque jamais invités. On peut le comprendre, dans le système a-démocratique belge, la présence de Wallons (journalistes ou politiques aussi d'ailleurs), revêt de moins en moins d'importance, tout se jouant en Flandre. L'Assemblée nationale française vient d'ailleurs de rédiger un très long rapport sur la Belgique où elle cite ses sources : aucun responsable politique régional wallon n'y a été interrogé, alors que c'est le cas de responsables bruxellois et surtout de nombreux responsables flamands. Les Français, pour une fois, n'y commettent pas d'erreurs factuelles, ils ont très longuement consulté les spécialistes belges de la chose politique (notamment ceux du CRISP) et ne se sont donc pas trompés : il n'y avait vraiment aucune raison d'interroger les responsables d'une Wallonie fantomatique.
Colère
Il a fallu toute cette analyse pour en arriver à dire maintenant ma colère et mon dégoût et je pense qu'on les comprendra. Mais avant de les laisser exploser, un mot encore.
Mercredi passé, mettant en avant les résultats favorables de son action politique, le Premier ministre belgo-flamand Di Rupo s'en est pris vertement (lui qui est tout de même socialiste), aux ... syndicats. Parce que ces syndicats regrettent amèrement le fait que ce gouvernement ait, pour satisfaire la véritable haine sociale de la droite flamande, présente en son sein, pris des mesures diminuant les allocations de chômage jusqu'à 200 € par mois, alors que ces allocations dépassent à peine le seuil de pauvreté et que, dans certains cas, elles pourront même être supprimées. Ceci, alors, aussi, que, en raison des difficultés économiques que la Wallonie a traversées, ce sont ses grandes villes qui comptent le plus de chômeurs - presque toujours plus qu'à Bruxelles, ce que l'on ne dit quasiment jamais! Alors que les pleureuses médiatiques belges pleurent quotidiennement leurs larmes sur le drame inouï du chômage à Bruxelles, sans qu'elles mouillent jamais les chômeurs du sud-du-pays qui, il est vrai, n'est pas comme la capitale, au centre-du-pays (pour éviter d'avoir à prononcer le mot Wallonie, les médias disent toujours sud-du-pays, expression dont un humoriste a montré à quel point elle ridiculise ceux qui l'emploient).
Le Premier ministre belge Elio Di Rupo, qui doit cependant toute sa carrière politique aux seuls électeurs wallons, est donc en train de conduire la Wallonie au pire moment de son histoire, c'est-à-dire à la fin de celle-ci.
On l'a vu, on ne vote pas vraiment en Wallonie pour les institutions wallonnes. La situation politique actuelle renforcera encore les citoyens dans le sentiment que leur pays n'existe pas réellement puisque tout ce que la Wallonie et Bruxelles comptent de gens intelligents tentent de les en convaincre avec l'appui et le concours des plus hautes autorités belges. Il arrive même que les médias, lors des visites que le Premier Ministre organise dans les Villes du Royaume, parlent de «Joyeuses-Entrées», expression d'origine médiévale effectivement consacrée pour désigner les visites du Roi des Belges à ce que l'on nomme parfois alors «ses sujets». Quand on se tourne ensuite vers l'Europe néolibérale (après tout, Di Rupo n'est pas le seul à pouvoir faire des synthèses!), on est face au même néant démocratique. Je n'ai jamais mis en cause jusqu'ici les compétences du Premier ministre belge ni ses qualités humaines et je m'en tiendrai à cette attitude que je veux, si l'on veut, élogieuse. Mais l'envergure du Wallon qui gouverne la Belgique appelle - si nous ne l'arrêtons pas au plus tôt - la fin du pays wallon. Cet homme d'envergure possède surtout une envergure dangereuse pour ceux qu'il ne nommerait peut-être pas (plus?) comme cela, mais à qui il doit tout, qui restent malgré tout les siens et dont il accentue voire précipite l'effacement peut-être définitif.
Le premier éditorial de la revue TOUDI parue la première fois en mai 1987, il y a juste un quart de siècle, disait très bien et il n'y a pas un mot à y changer : « Nous voulons détruire la Belgique francophone parce que nous nous battons contre la mort. »
(1) Sauf erreur de ma part, c'était à l'automne 2005 : l'analyse que je signe ici sera reprise un jour de manière approfondie, nuancée, retravaillée par le comité de rédaction de la revue auquel je compte le proposer. (2) Alors que pourtant ces élus sont souvent de très grande qualité également, souvent même supérieurs aux autres élus wallons, bruxellois et flamands.

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José Fontaine355 articles

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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.

Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...





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