Le deuxième pétrolier à remonter le Saint-Laurent pour venir charger du pétrole des sables bitumineux à Sorel-Tracy a dû stopper sa route aux Escoumins, après avoir été jugé non conforme à la réglementation canadienne.
Le Genmar Daphne devait arriver lundi à destination, et ce, afin de venir charger des dizaines de milliers de tonnes de brut albertain. C’est la même opération d’exportation qu’a menée avant lui le Minerva Gloria, à la fin du mois de septembre.
Transports Canada a toutefois forcé le pétrolier à s’arrêter aux Escoumins, là où monte habituellement à bord un pilote spécialisé dans la navigation sur le Saint-Laurent.
« Le navire Genmar Daphne a été mis en interdiction de départ le 13 octobre à l’ancrage des Escoumins, puisque la pompe d’incendie d’urgence du bateau ne fonctionne pas, a expliqué le ministère dans une réponse transmise par courriel. Le navire sera autorisé à reprendre sa route seulement lorsque la réparation aura été effectuée à la satisfaction de Transports Canada. »
En soirée mardi, Transports Canada a toutefois indiqué que le pétrolier « a été autorisé à se rendre au port de Québec afin de recevoir les pièces pour réparer la pompe d’incendie d’urgence et effectuer la réparation ». Le bris identifié, a précisé le ministère fédéral, a été signalé par l’équipage du navire, comme le prévoit la réglementation en vigueur au pays.
3,2 millions de barils
Le pétrolier, immatriculé aux îles Marshall, mesure 240 mètres de longueur sur 42 mètres de largeur. Il fait partie des imposants pétroliers qui doivent partir de Sorel-Tracy, à un rythme d’un à trois par mois. Ils emprunteront une partie particulièrement risquée de la voie maritime du Saint-Laurent. Le secteur du lac Saint-Pierre, notamment, est peu profond et la portion navigable y est très étroite.
Le chargement des pétroliers se fait aux installations de Kildair. L’entreprise a signé un contrat pour l’exportation de pétrole appartenant à Suncor, un des principaux exploitants des sables bitumineux. Le pétrole est stocké dans un parc de réservoirs d’une capacité de 3,2 millions de barils. Quant au quai, racheté à Hydro-Québec, Kildair précise qu’il peut accueillir des navires-citernes d’une capacité de 70 000 tonnes métriques « et jusqu’à 350 000 barils de produits pétroliers ».
Même si un tel projet comporte des risques environnementaux et sécuritaires, les citoyens de la municipalité n’ont jamais été consultés. La Ville de Sorel-Tracy a par ailleurs écrit la semaine dernière à Québec et à Ottawa pour leur signifier qu’elle ne possède pas les moyens de faire face à un déversement.
Il n’existe en fait aucun plan d’intervention en cas de déversement majeur. Même le gouvernement de Philippe Couillard, pourtant un partisan de l’exploitation des sables bitumineux, le reconnaît.
Les pétrolières doivent en principe être en mesure de récupérer 10 000 tonnes de brut en cas de déversement. Mais les pétroliers qui circulent et qui circuleront dans les eaux québécoises transporteront de 70 000 à 200 000 tonnes de pétrole. C’est de deux à cinq fois plus d’or noir que la quantité déversée par l’Exxon Valdez en Alaska en 1989.
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