Un minimum de confiance

Émeute de Montréal-Nord

Depuis les événements de la fin de semaine à Montréal-Nord, les appels à une «enquête indépendante» ou à une «enquête publique» se multiplient. Nombreux sont ceux tenant pour acquis que la Sûreté du Québec est de mauvaise foi dans ce dossier. «Lorsque les policiers font une enquête, ils dissimulent toujours la vérité afin de blanchir leurs collègues», a soutenu le président de la Ligue des Noirs, Dan Philip. D'autres réclament une enquête plus vaste sur le contexte social entourant à la fois la mort de Fredy Villanueva et l'émeute de dimanche soir.
Lorsque se produisent de tels événements, l'opinion a tendance à exiger des solutions rapides et spectaculaires. Dans des matières aussi délicates pourtant, c'est rarement la meilleure voie.
En premier lieu, il faut laisser la SQ mener son enquête. Les faits doivent être dégagés de façon systématique et rigoureuse. Seuls des policiers peuvent s'acquitter de cette tâche et cela ne peut pas se faire en public.
Les gens du quartier sont méfiants? Sans doute, mais il n'y a pas d'autre solution. Et puis, il faut quand même manifester un minimum de confiance envers les corps policiers. Lorsqu'un enfant disparaît, à Montréal-Nord comme ailleurs, qui appelle-t-on? Ces mêmes agents qu'on appelle à l'aide en toutes circonstances se transformeraient en ripoux quand vient le temps d'enquêter sur une affaire impliquant un membre d'un autre corps policier?
Lorsque la SQ aura terminé son enquête, elle fera rapport au procureur général. Si des accusations sont portées contre le policier qui a tiré sur Fredy Villanueva, le procès nous apprendra ce qui s'est passé samedi soir dernier. S'il n'y a pas d'accusations, le directeur des poursuites criminelles dira en quelques lignes pourquoi il en a décidé ainsi.
Dans cette dernière hypothèse, la population de Montréal-Nord ne sera évidemment pas satisfaite. C'est là que le ministre de la Sécurité publique devra intervenir. La loi lui permet de charger un coroner spécial de tenir une enquête publique. C'est ce qu'avait fait Claude Ryan en 1991 à la suite de la mort de Marcellus François, abattu par erreur par un policier de Montréal. Le coroner Harvey Yarosky avait alors sévèrement blâmé la police.
Des mécanismes existent donc déjà pour que la vérité soit connue. Il faut seulement se donner le temps de faire les choses correctement.
Pour ce qui est d'une enquête publique sur les conditions sociales prévalant à Montréal-Nord, il n'est pas certain qu'un tel exercice soit nécessaire. La situation dans certains secteurs de l'arrondissement - pauvreté, désoeuvrement, désespoir, violence - est bien connue, en particulier par les nombreux organismes communautaires qui y sont actifs.
Depuis deux jours les habitants de Montréal-Nord, en particulier les membres des minorités visibles, ont amplement exprimé leurs doléances. Les intervenants sur le terrain, notamment les policiers, en ont de toute évidence pris bonne note et ont entrepris d'agir en conséquence. Là encore, il faut faire preuve d'un minimum de confiance envers ces gens qui, non seulement connaissent bien Montréal-Nord mais s'y investissent quotidiennement depuis des années.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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