Un journal presque intime de René Lévesque

Derrière les portes closes, de Martine Tremblay

La dernière chef de cabinet de René Lévesque, Martine Tremblay, jette un nouvel éclairage sur le parcours politique de l'ancien premier ministre du Québec.
Dans un livre intitulé Derrière les portes closes, que Radio-Canada a pu consulter en exclusivité, Mme Tremblay présente un homme tantôt blessé, tantôt obstiné.
Le livre comprend des notes inédites du discours prononcé par M. Lévesque, le soir de la défaite référendaire de 1980. On y apprend qu'il avait beaucoup de difficultés à accepter le résultat de 60 % en faveur du non, et qu'il était même incapable de féliciter le camp vainqueur.

« Il était beaucoup plus en colère dans ses notes écrites que sur scène. Là, il a surtout exprimé une énorme sympathie pour ses militants », relate Martine Tremblay.
Par la suite, l'ancienne chef de cabinet explique comment M. Lévesque a tenté de faire front commun avec les autres provinces canadiennes pour les négociations constitutionnelles avec Ottawa. Mais dans la nuit du 4 au 5 novembre 1981, après d'intenses négociations nocturnes, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau et les neuf provinces anglophones s'entendent sur le rapatriement de la Constitution, sans l'accord du Québec.
Avec l'inclusion de la Charte canadienne des droits et libertés, le Québec devient une culture comme les autres au Canada, sans le statut spécial de peuple fondateur qu'il réclamait. À ce jour, le Québec n'a toujours pas signé la Constitution, malgré d'autres rondes de négociations.
« Notre erreur, c'est peut-être d'y avoir cru à un certain moment, donc d'avoir laissé croire qu'on pouvait y arriver », commente Martine Tremblay.
Les déchirements

L'auteure nous apprend aussi que René Lévesque a souffert de la perte de confiance des Québécois à son endroit, vers 1983, une période marquée entre autres par une grève des fonctionnaires, affectés par une baisse de leurs salaires. La population lui préférait même Robert Bourassa, qui n'était pas encore arrivé à la tête des libéraux.
Puis ce furent les déchirements au sein du Parti québécois, à l'époque du « beau risque ». M. Lévesque acceptait alors la main tendue par les conservateurs de Brian Mulroney, pour tenter de réformer le fédéralisme.
Pas moins de sept ministres et trois députés du PQ ont démissionné à ce moment. Tous les membres de l'entourage de René Lévesque étaient d'accord pour casser le parti et imposer le « beau risque ». Tous, sauf un, nous apprend Martine Tremblay. Louis Bernard voulait encore tenter de rallier les militants, explique-t-elle.
Enfin, Mme Tremblay parle avec retenue et discrétion de la dépression qui a affecté René Lévesque dans les dernières années de sa vie, et qui l'a finalement poussé vers la sortie du Parti québécois.


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