C’est quand on est menacé de perdre ses droits fondamentaux qu’on réalise à quel point des institutions démocratiques comme la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) sont si importantes dans nos vies. Le reste du temps, on les tient pour acquises.
Un chien de garde sans mordant
Je connais la Commission des droits pour avoir collaboré avec plusieurs de ses instances. Je l’ai connue quand elle était à l’avant-garde et j’ai contribué à dénouer la crise de confiance qui l’avait secouée en 1991. J’ai surtout une grande admiration pour l’engagement et le professionnalisme des membres de son personnel.
Il a beaucoup été question des graves allégations entourant sa nouvelle présidente, Me Tamara Thermitus, accusée d’abus d’autorité, de mauvaise gestion et d’intimidation du personnel. Elle a été nommée, par l’Assemblée nationale, sur proposition du premier ministre Couillard, le 7 février dernier, pour un mandat de cinq ans.
Depuis, des employés ont quitté la Commission à cause du « climat toxique » qui y règne et la situation est si critique que le Protecteur du citoyen a été appelé à son chevet. Et que fait M. Couillard ? Il s’en lave les mains après lui avoir taillé les ailes.
Ses budgets sont passés au tordeur du régime d’austérité. De nombreux dossiers tardent à être traités et des services ont tout simplement été supprimés ou sensiblement réduits.
« Les vraies affaires ! »
La Charte québécoise des droits et libertés confère à la Commission le pouvoir d’assurer le respect et la promotion des droits de la personne et de veiller « à l’application de la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans les organismes publics ». Une mission fondamentale.
Pour être crédible, la Commission doit jouir d’une grande indépendance institutionnelle et d’une neutralité à l’épreuve de toute ingérence politique. Or, voilà qu’elle est réduite à une caisse de résonnance partisane, une « voix de son maître ».
Est-ce qu’il y a du racisme au Québec ? Oui, mais fondamentalement, la société québécoise n’est pas raciste. Doit-on agir sur le racisme ? Oui, mais de façon rigoureuse, ouverte et transparente.
S’il y a un lieu où la discrimination systémique est largement documentée et sévit de façon éhontée, c’est bien dans la fonction publique du Québec. Le premier ministre Couillard en est le grand responsable. Il a le pouvoir et les moyens d’intervenir pour la corriger, mais il ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas le courage de s’attaquer aux vrais problèmes.
Il préfère plutôt brasser les « vraies affaires » et les vraies affaires pour lui ce sont des scènes victimaires sur le racisme qui le feront paraître, en pleine période électorale, comme le grand sauveur de la paix sociale.
Or, pour lutter véritablement contre le racisme, il faut au moins :
1. un diagnostic sérieux étayé par des analyses rigoureuses ; 2. une volonté politique réelle de changer les choses ; 3. des outils législatifs et réglementaires efficaces ; 4. un plan d’action solide avec une obligation de résultat et un échéancier précis ; 5. des ressources adéquates ; 6. des institutions crédibles et indépendantes, capables de livrer la marchandise, en toute transparence, à moyen et long terme.
Rien de tout cela ne se profile à l’horizon d’ici l’élection de 2018.
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