Nous l’avons compris. Les élections sont à l’horizon et une consultation, même bidon, sur le racisme, pourrait permettre au premier ministre, Philippe Couillard, de redorer son blason auprès d’une certaine clientèle.

Ce faisant, et comme il l’a fait dans plusieurs dossiers, il est en train de bousiller un enjeu bien réel, celui de la discrimination systémique, le sacrifiant à une stratégie à courte vue qui ne rendra service ni au Québec ni aux victimes du racisme qu’il prétend défendre.

Il est où, l’exemple ?

Non, le premier ministre ne voudra pas que vous lui rappeliez que derrière son masque de défenseur des droits de la personne, il n’a eu aucune gêne à « se faire du cash », à titre de conseiller du ministre de la Santé de l’Arabie saoudite, l’un des pays les plus corrompus et les plus racistes au monde, où se pratiquent, quotidiennement et publiquement, les pires violations des droits de la personne.

Il n’hésite pas à instrumentaliser la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), déjà lourdement hypothéquée, pour qu’elle lui livre, en pleine période électorale, une consultation boiteuse sur un sujet aussi polarisant que le racisme.

Il ne se gêne pas non plus pour jeter de l’huile sur le feu à un moment où l’attention du public et des médias est déjà tournée vers les hostilités électorales et que chaque geste politique sera désormais scruté à travers la lunette des sondages.

Si cette consultation se poursuit comme elle est lancée, elle risque de devenir un exercice de futilité. Seul Couillard pourra y gagner en disant « Je vous ai promis une consultation, je l’ai tenue », mais aucune personne, le moindrement raisonnable, ne croira qu’il pourra éradiquer le racisme d’ici octobre 2018.

Une promesse vide

Parce qu’il s’agit d’une question sensible qui nous interpelle tous et qui nécessite des solutions multiples et durables, parce qu’il s’agit d’un enjeu qui pourrait devenir explosif, un gouvernement responsable doit déployer tous les moyens à sa disposition, non seulement sur le plan coercitif, mais aussi sur le plan préventif, autant de mesures qui nécessitent temps et réflexion dans un climat serein et transparent.

Un gouvernement responsable ne doit pas attiser les feux, mais les éteindre lorsqu’il s’agit d’harmonie sociale et faire œuvre de pédagogie en encourageant un dialogue social ouvert au lieu de se cacher derrière des portes closes, sous de faux prétextes.

Il ne pourra pas non plus continuer à leurrer les Québécois issus des communautés culturelles avec des promesses vides. Nombreux sont ceux qui voient clairement dans son jeu.

Le diagnostic du racisme, pour qu’il soit crédible, ne peut être soustrait à l’examen public et doit être fait visière levée pour en débusquer les sources, les manifestations et les pratiques. La lutte contre le racisme est donc l’affaire de toute la société et de ses institutions et non une affaire de parti politique, aussi libéral soit-il.

Alors, cette farce a assez duré. Le racisme est un enjeu trop sérieux pour le laisser à des amateurs. L’Assemblée nationale pourra s’en saisir, dès la rentrée parlementaire suivant l’élection d’octobre 2018. C’est le forum approprié pour tous nos grands débats. Elle en a l’expertise et la compétence.