L'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a abaissé vendredi la note attribuée à la dette publique des États-Unis, privés de leur «AAA» pour la première fois de leur histoire.
Photo: AFP
Standard&Poor's vient de donner un dur coup à l'ego des Américains. Pour la première fois de leur histoire, les États-Unis ont perdu leur prestigieuse cote de crédit AAA. Pire encore, l'agence de notation laisse entendre qu'elle pourrait sévir de nouveau d'ici deux ans si les perspectives de la dette du pays à long terme ne s'améliorent pas.
Malgré l'avertissement de S&P au printemps, les autorités américaines, furieuses, ont été déroutées et surprises par sa décision. Le Congrès s'était entendu sur des compressions de 2100 milliards de dollars dans son entente sur le relèvement du plafond de la dette conclue in extremis il y a quelques jours. Mais c'était trop peu pour S&P qui s'attendait à deux fois plus de réductions.
Toutefois, c'est un argument à saveur politique, et non économique, qui a surtout valu la décote déshonorante aux États-Unis: l'instabilité de la politique fiscale américaine à court terme, causée par les tiraillements entre républicains et démocrates au Congrès, et exacerbée par l'influence croissante du Tea Party.
Il n'y a cependant pas lieu de céder à la panique. Sans être florissantes, les finances américaines ne sont pas en péril. Les deux autres grandes agences de notation, Moody's et Fitch, ont maintenu la note AAA des États-Unis. Leur capacité de rembourser leurs dettes n'est pas mise en doute.
La décote américaine est survenue au terme d'une semaine mouvementée marquée par une correction boursière, l'enlisement de la crise de la dette en Europe et des données décevantes sur la croissance et l'activité manufacturière aux États-Unis. Si les marchés financiers risquent d'être nerveux dans les prochains jours, il ne faudrait pas en conclure qu'une hausse des coûts d'emprunt des États-Unis va forcément découler de la perte de leur statut AAA. Les bons du Trésor américains restent les titres les plus liquides et ses détenteurs peuvent difficilement trouver un meilleur refuge ailleurs. D'autres pays industrialisés qui ont subi pareille décote dans le passé, comme le Canada dans les années 90, n'ont pas vu leur capacité de se financer à bas coût s'estomper pour autant.
Toutefois, la Chine, de loin le plus grand créancier américain, a profité de la décote pour dénoncer la dépendance des États-Unis à l'endettement et attaquer son leadership en remettant en question le statut du billet vert à titre de monnaie de réserve internationale.
Il s'agit d'une humiliation historique pour les Américains. La gifle de S&P ébranle leur confiance déjà précaire au moment où le pays risque de retomber en récession.
L'électrochoc de Standard&Poor's pourrait-il amener le Congrès à corriger le tir? Ne parions pas là-dessus. Par pur intérêt partisan et électoral, les républicains continueront à saper les efforts du président Obama, au risque de faire dérailler l'économie américaine et mondiale.
Un électrochoc humiliant
Il n’y a cependant pas lieu de céder à la panique. Sans être florissantes, les finances américaines ne sont pas en péril.
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