Je sais, je sais, vous vous foutez pas mal des élections européennes qui ont eu lieu en fin de semaine.
Traditionnellement, les Européens s’en foutaient eux aussi.
Pour eux, les élus placotent futilement au Parlement de Strasbourg, et les bureaucrates non élus prennent les vraies décisions à Bruxelles.
Et quand on consulte les peuples par référendum sur un élargissement des pouvoirs de ces gens et qu’ils disent non, on fait comme s’ils avaient dit oui et on élargit.
Normal, donc, de ne pas s’y intéresser ? Si vous voulez, sauf que quelque chose a changé.
Déroute
À une élection, quelle qu’elle soit, quand le taux de participation augmente, c’est que les gens estiment qu’il vaut la peine de faire un effort.
C’est ce qui s’est passé : plus d’un électeur sur deux a voté.
Presque partout, les vieux partis sont essoufflés ou, dans certains cas, moribonds.
En France, c’est 6 % pour le PS et 8 % pour les républicains... Aouch.
Le premier fut le parti de Mitterrand et le second est la nouvelle appellation de la droite chiraquo-sarkozyenne.
Et si au lieu de crier au loup devant Marine Le Pen, on se penchait sans mépris sur ce qui alimente sa montée ? J’en demande trop sans doute.
En Italie et au Royaume-Uni, Salvini et Farage, ces « affreux populistes », ces « toxiques », ces « infréquentables » écrasent leurs rivaux.
En Allemagne, la famille politique de Mme Merkel termine en tête, mais les verts devancent les sociaux-démocrates au deuxième rang.
Dans les pays qui nous sont familiers, il n’y a guère qu’en Espagne que la gauche traditionnelle fait un bon score et finit en tête.
Quels thèmes ont monopolisé les débats et quelles leçons peut-on en tirer ?
Trois essentiellement : le pouvoir d’achat, l’écologie et l’immigration.
La stagnation du pouvoir d’achat montre que la machine capitaliste est enrayée, et qu’il y a autant d’idéologie dans le discours des économistes orthodoxes que dans le discours de ceux qu’ils traitent de naïfs.
La percée des écologistes est spectaculaire, mais laisse entière la difficulté de transformer ce souci en politiques pragmatiques.
Jusqu’ici, toutes les mesures qui touchent directement le portefeuille des gens frappent un mur.
Sortir un bac de compost ? Pas de problème. Hausser fortement les taxes sur le carburant ? Bonne chance.
Réflexion
Le discours « nous-sommes-tous-des-immigrants-il-en-faut-toujours-plus-la-diversité-c’est-absolument-formidable » crie de plus en plus fort à mesure qu’il sonne de plus en plus creux.
Ceci explique cela : plus les peuples redécouvrent ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas, ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas, plus cela rend fous les obsédés de la race déguisés en antiracistes.
Il faut les laisser braire, fixer des seuils gérables et définir des règles de vie commune claires.
Rappelons une évidence : il y a un droit de l’immigration, mais il n’y a pas un droit à l’immigration.
Les nations, les frontières et le bon sens, ce n’étaient peut-être pas de si mauvaises idées après tout.
Pour nous, Québécois, il y a là matière à réflexion.