En politique et en géopolitique, il y a le « temps court » et le « temps long ». L’Ukraine, par exemple. Le « temps court » consiste, pour nos médias, à défendre les « valeureux démocrates » manifestant contre un « pouvoir d’un autre âge ». Le « temps long », en revanche, permet d’appréhender l’affaire sur une tout autre échelle.
Autre exemple concomitant, sachant que cette région du monde est évoquée : ce « temps court » a fait de l’URSS l’ennemi principal, sur un calendrier s’échelonnant de 1945 à 1989 : d’un côté les « gentils » et de l’autre les « méchants » ; le « monde libre » et celui du « goulag ». À l’aune du « temps long », les Russes, bolcheviks ou non, ne faisaient que bétonner leur pré carré, alors que les Américains agrandissaient le leur. Pour nous protéger, il va de soi. Tout comme, au sud du Rio Grande, ces mêmes Américains ont placé d’autres nations en coupe réglée, au nom d’un prétendu péril communiste ; parlez-en au pape François, ancien des jeunesses péronistes, il aura de quoi nourrir son sermon.
L’Ukraine, donc. Dont la capitale, Kiev, est désormais agitée de manifestations sans fin. Comme à chaque fois, la même mélopée médiatique, entre gentils « démocrates » et méchants « autocrates ». Comme parfois, comme souvent, la réalité géographique permet d’aller au plus court, les cartes nous en disant généralement plus que de beaux discours. La partie occidentale de ce pays est catholique et plutôt tournée vers l’Occident, tandis que son homologue septentrionale persiste à demeurer orthodoxe et à s’attacher à la Russie ; laquelle, paradoxalement, considère que son berceau historique est plus à Kiev qu’à Moscou. Assez naïvement, les eurocrates, en l’occurrence nouveaux petits télégraphistes de Washington, estimaient qu’à coups de millions d’euros, il demeurait possible d’arracher à la Russie la chair de sa chair ; au nom de vagues « principes démocratiques », une fois de plus. Un peu comme en 2004, quand George Soros, prince de la finance internationale, finança une première révolution orange dont la vedette, Ioulia Tymochenko – avec tartes aux pommes plaquées sur les oreilles, façon princesse Leia dans La Guerre des étoiles –, a depuis fini en prison pour corruption, après avoir tout juste récolté 5,45 % des voix à l’élection présidentielle de 2010.
« Temps court » contre « temps long », une fois encore. Ce, d’autant plus que l’Union européenne n’a plus les moyens de ses ambitions, a dû en rabattre devant les avantages, énergétiques et financiers, que Moscou offrait à l’Ukraine. Et que, surtout, la Maison-Blanche peine à vendre son bobard mondialisé de lutte contre le terrorisme : soit l’intégration des pays d’Europe de l’Est dans l’OTAN avec, en prime, installation de rampes de missiles américains aux marches de l’empire russe. Tout ça pour prévenir une éventuelle attaque de l’Iran ou de la Corée du Nord. Vaste blague, à laquelle même les enfants et les lecteurs du Figaro ne croient plus.
Après, qu’en conclure ? Que les dirigeants ukrainiens puissent se conduire comme des satrapes vis-à-vis de leurs manifestants est une évidence. Que Vladimir Poutine puisse prendre ses distances par rapport à ceux qui ont « géré » la crise avec assez peu de discernement en est une autre. Il n’empêche que le « temps long » joue en faveur du Kremlin, tandis que le « temps court », lui, interdit à ceux qui font mine de nous gouverner de mener une politique claire à l’égard de notre puissant voisin russe. Lequel, que ça plaise ou non, a intégré le fait que son destin demeure malgré tout intimement lié au nôtre.
Mais allez expliquer ça à nos technocrates bruxellois, chauves de l’intérieur, qui piaillent « Droits de l’homme ! Droits de l’homme ! », tout comme leurs prédécesseurs entonnaient le même gimmick : « Europe ! Europe ! » Tels des « cabris », disait le Général. Des chèvres, plutôt. Des gnous, surtout.
Ukraine : l’Europe entre impuissance et gesticulation…
En politique et en géopolitique, il y a le "temps court" et le "temps long"...
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