La saga du voyage touristique effectué par le premier ministre Justin Trudeau, en Inde, et la gestion des crises qui en découlent n’ont pas fini de rebondir.
Même les 5800 emplois que des entreprises indiennes se seraient engagées à créer au Canada et annoncés par le premier ministre Trudeau, lui-même, sont contestés par les partenaires concernés.
Un voyage électoraliste
Force est de constater qu’au point de départ, ce voyage haut en couleur a été conçu non pas pour renforcer les liens commerciaux avec l’Inde, mais pour fidéliser l’électorat sikh et indo-canadien de Toronto et de Vancouver, en vue de la prochaine élection de 2019. Ce qui n’a pas impressionné les autorités indiennes.
Tant par ses multiples visites touristiques en famille, celle des Grégoire-Trudeau, qu’en famille élargie, celle du Parti libéral du Canada, avec une délégation inutile de députés sikhs et indo-canadiens, ce voyage à forte teneur religieuse a été une bonne opération de racolage ethnique, destinée pour la consommation locale.
C’est dire que l’effet Jagmeet Singh se fait déjà sentir. Si, au Québec, le chef enturbanné du NPD laisse indifférent, dans le reste du Canada il en sera autrement. Sikh pratiquant, il fera bouger les lignes dans les comtés à forte concentration indo-canadienne, qui risquent de changer d’allégeances, notamment à Toronto et à Vancouver.
La présence de tant de députés indo-canadiens dans ce voyage de divertissement témoigne du peu d’intérêt qu’ils avaient pour les relations commerciales Canada-Inde et de leur très grand intérêt pour leur autopromotion partisane.
La députée libérale Kirsty Duncan (@KirstyDuncanMP) a écrit sur Twitter : « C’est un plaisir de passer du temps avec mes collègues parlementaires lors de notre voyage en Inde ». Parlant de ses collègues députés, une deuxième, Ruby Sahota (@MPRubySahota), renchérit : « La visite de Gurdwara Rakab Ganj Sahib et de Gurdwara Shaheed Ganj Sahib a contribué au renforcement de nos relations interpersonnelles ». Se rendre si loin pour ça !
Atwal : l’ami du premier ministre
Et cet imbroglio qui n’en finit plus de finir avec la participation de ce personnage, qualifié d’extrémiste, invité le plus officiellement du monde à une rencontre avec le premier ministre Trudeau et des représentants de l’industrie du cinéma, à Mumbai, le 20 février dernier, avant d’être désinvité pour une deuxième réception à la résidence du Haut commissaire de l’Inde, à New Delhi.
M. Atwal a déclaré qu’il était un ami du premier ministre Justin Trudeau. Ce genre de proximité se sait à l’intérieur d’une communauté. Comment s’étonner de le retrouver sur une liste sélective d’invités ? Le député de Surrey Centre, Randeep Sarai, a pris tout le blâme sur lui et s’en est excusé.
Et comme si cette controverse ne suffisait pas, voilà qu’un autre chapitre, digne des romans d’espionnage, s’ouvre avec cette théorie du complot, appuyée par le premier ministre Justin Trudeau lui-même, et selon laquelle l’invitation de M. Atwal serait un coup monté par le gouvernement indien pour nuire à son voyage en Inde.
Sans preuves, une telle accusation est extrêmement dommageable pour nos relations avec ce pays ami et un allié stratégique sur les enjeux régionaux et internationaux.
On comprend que la réaction officielle du gouvernement indien soit vive et sans appel. Cette théorie du complot est rejetée du revers de la main comme étant « inacceptable » et « sans fondement ».
Finalement, ce racolage ethnique a un prix, et Justin Trudeau n’a pas fini de le payer !