Jusqu’ici, l’affaire retient moins l’attention ici qu’au Canada anglais, peut-être parce que les Québécois sont frileux quand il s’agit de protéger leurs fleurons. Les allégations d’ingérence du cabinet de Justin Trudeau visant un abandon des poursuites contre SNC-Lavalin créent une douloureuse blessure dans le flanc de notre souriant premier ministre.
Copinage ?
Rappelons les faits. Le gouvernement fédéral a le pouvoir de négocier une entente à l’amiable pour obtenir compensation plutôt que de traduire en justice une personne morale accusée au criminel de fraude et de corruption. On ne peut mettre une entreprise en prison de toute façon.
Ici, différentes sources allèguent que l’entourage de Justin Trudeau aurait fait pression sur la ministre de la Justice d’alors, Jody Wilson-Raybould, afin qu’elle agisse en ce sens dans le dossier de SNC-Lavalin, accusée de malversations pour obtenir des contrats en Libye. Rétrogradée le mois dernier, elle avait publié une lettre sibylline sur l’indépendance politique nécessaire à la fonction de procureure générale qui prend désormais une autre teinte à la lueur de faits nouveaux.
L’avocate, maintenant ministre des Anciens Combattants, ne fait rien pour venir en aide à son gouvernement, se refusant à nier les allégations et se bornant à dire qu’elle est liée par le secret professionnel. Les conservateurs réclament une enquête et les néo-démocrates se font un plaisir qui n’a rien de coupable à rappeler que ça ressemble à un bon vieux cas de copinage avec des intérêts privés occultes. Une pratique si intimement attachée à la marque libérale...
À suivre
Justin Trudeau continue de nier, mais pour combien de temps le pourra-t-il ? Des hauts fonctionnaires ont admis que des tractations avaient bien eu lieu, tout en affirmant que cela n’avait rien d’illégal et qu’il s’agit des prérogatives normales d’un gouvernement.
Pourquoi le cacher, alors ? Dans un contexte préélectoral, cette histoire reste décidément à suivre.