La décision de Philippe Couillard de confier les rênes de la campagne électorale du PLQ à Alexandre Taillefer n’a pas fait l’unanimité au sein même des troupes libérales...
«On comprend qu’on a besoin de projeter une meilleure image, mais c’est un choix questionnable», a confié un député, pas convaincu des bienfaits de l’alliance avec le jeune homme d’affaires, vedette de la télé.
Il semble que lorsque M. Couillard en a fait l’annonce au caucus, alors que les députés avaient appris la nouvelle dans les médias le matin même, la réaction a été mitigée.
Pendant les heures qui ont suivi, les manchettes faisaient état des dons de l’ancien dragon aux différentes formations politiques et de ses prises de position du passé parfois en contradiction avec la vision libérale.
«On est plusieurs à penser qu’on n’a pas gagné cette journée», lance cet élu. Il ne voit pas comment un «indien qui se voit déjà chef» alors qu’il n’a pas milité dans le parti peut en être le gardien des valeurs.
Il est vrai que Taillefer n’a pas le profil des personnes ancrées, plus effacées, mais efficaces, qui ont présidé les campagnes des libéraux dans le passé, comme l’ancien premier ministre Daniel Johnson ou Michel Bissonnette.
La réserve exprimée à travers le commentaire aigre-doux formulé publiquement par le ministre Pierre Moreau, à l’effet que «M. Taillefer se joint au PLQ» et non l’inverse, semble partagée par certains de ses pairs.
«Il y a en a qui le voient peut-être comme de la compétition», a dit un autre membre du caucus libéral, en faisant référence aux aspirations de certains poids lourds, dont le ministre des Ressources naturelles.
Cette personne «aime bien la façon de penser» du nouveau président de campagne et le considère «brillant».
Et Québec?
Selon une source libérale, ce qui cloche avec Alexandre Taillefer, c’est qu’il aura un impact positif prévisible à Montréal, mais pourrait provoquer un effet contraire à Québec et en Mauricie, où le PLQ paraît très vulnérable. Un autre élu que nous avons sollicité s’est montré un peu inquiet des positions du propriétaire de Téo Taxi, tout en se disant favorable à son arrivée.
«C’est quelqu’un qui a un franc-parler. J’espère qu’on ne verra pas encore sortir dans les médias des choses à cause de ses propos du passé.»
Ses craintes sont fondées. Par exemple, le 23 septembre 2017, Taillefer déclarait, en parlant de la faible présence de la culture francophone dans les médias numériques, «si on ne prend pas conscience de ce qui est en train de se passer au Québec, on va devenir une filiale des États-Unis et dans 50 ans on ne parlera plus français». On ne peut pas dire que ce soit au diapason des propos rassurants des libéraux sur la langue!
Par ailleurs, des députés ont souligné la «difficulté de recrutement» de candidats d’envergure. Au moins l’un d’eux a même témoigné sa déception au caucus, après que le parti n’ait pu empêcher Marguerite Blais de filer à la CAQ.
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UN OUBLI AU PQ?
Le Parti québécois a présenté une position étoffée sur l’immigration mardi en insistant sur sa volonté de faire en sorte qu’un immigrant sur quatre s’installe en région. Pourtant, on ne retrouve nulle part cet objectif dans le document de 15 pages mis en ligne sur le site du parti!